02/04/2012
Greg et Colin Strause - Skyline
Bon, vous allez me dire que je n'ai pas de chance en matière de cinéma. J'ai peu l'envie actuellement de voir des films sérieux, même s'il m'en reste une pile à regarder. Le travail, les soucis, tout ça. Bref, il me faut de la détente. Alors j'essaie des trucs de SF parfois improbables (cf. Star Cruiser), ou des choses hollywoodiennes comme ce Skyline. Là, j'aurais dû me méfier. Ben oui: Greg et Colin Strause sont les deux gugusses qui ont commis un Alien vs Predator. Un crossover, comme on dit. Un de ces trucs créés lorsque plus personne n'a d'idée de scénario et qu'on en est réduit à se dire: "on va prendre deux gros balèzes et on va les faire se rentrer dedans, ce sera fun". Les comics en sont plein, c'est dire si la BD américaine est intéressante. Mais bref, au cinéma c'est pareil: ça ne vaut pas un pet de mouche (si encore il s'en trouvait un pour tenter ET vs Howard le Canard... même pas!).
Alors voilà, je me retrouve avec le DVD de Skyline. Et ça commence mal: un groupe de jeune gens qui réussissent l'exploit d'être à la fois des gros beaufs et pleins aux as. Il n'y en a pas un dans le lot pour rattraper l'autre. Voilà donc qu'ils font la fête dans l'appartement de luxe de l'un d'eux, et que finalement il n'en reste plus que six pour la nuit. Sauf que durant la nuit, d'étranges lumières bleues apparaissent devant les fenêtres et qu'un des gars est littéralement happée par elles. Ca y est, les ET sont là, et ils ne nous veulent pas du bien. Et en plus de ça, même s'ils ne nous ont jamais rendu visite, ils connaissent déjà parfaitement la psychologie humaine, au point de savoir hypnotiser...
Tais-toi, crétin, c'est extraterrestre. On ne peut pas comprendre.
Oui, mais quand même. Donc, deux des cinq restants montent sur le toit et découvrent que voilà des gros vaisseaux ET planent (ou gravitent?) au-dessus de la ville. Chic, on n'avait pas vu ça depuis... ouhlà, l'année dernière au moins. On peut dire que la série V aura marqué les esprits. Et puis de ces vaisseaux sortent des trucs plus petits, façon pieuvre, qu'on a déjà vu dans Matrix. S'ensuit une scène dans l'appartement d'un vieux qui vient tout droit de La Guerre des Mondes de 1953 (comme toute la trame générale du film, grosso modo). Mais il y a plus drôle: ces gros vaisseaux ET sont de gigantesques aspirateurs à être humains. Si si: d'une altitude qu'on peut estimer à à peu près 100 m, ils parviennent à aspirer les humains, et visiblement les humains seulement: pas les pots de fleur, ni les youkis, ni les poubelles. Du tri sélectif des déchets, quelque part...
Mais tais-toi donc: c'est extraterrestre. On ne peut pas comprendre.
Oui mais quand même. Alors les cinq gugusses, rejoint par le gardien, sont coincés dans l'immeuble. Et lorsqu'ils cherchent à en sortir, deux d'entre eux se font écraser la tronche façon Scrat par un mammouth, sauf que là c'est par un ET géant, haut comme une maison. Et les gugusses ne l'ont pas vu venir avant de sortir.
Ben oui mais ce sont des extraterrestres. Ils ont peut-être un cloaking device, comme les Romuliens dans Star Trek?
Non. Ce sont les héros qui sont simplement bêtes: ils ne regardent pas par la fenêtre, voir si le temps est beau, avant d'aller se promener. Bon, il n'empêche que de tous les protagonistes principaux, et en dehors de deux poufs assez négligeables, les deux plus importants à se faire tuer en premier sont évidemment le noir (1ère place) et le chicano (2e place). Le couple survivant, on se rassure, est bien blanc. Ouf: c'est du film hollywoodien pur jus. On notera que le noir se fait écrabouiller comme une merde alors que le chicano tente une résistance héroïque.
Peut-être que les ET les trouvent meilleurs justement, parce que...
Parce qu'ils recherchent des cerveaux? Ah oui, c'est ballot, je vous dévoile la fin du film. Mais on s'en fiche, hein, vous ne chercherez pas à le voir, rassurez-moi? Parce que oui, c'est effectivement ça. Les méchant ET, ils attirent les humains dans leurs gros vaisseaux super costauds façon cube borg en mieux (ça aussi, un beau pompage: merci Star Trek), et ils assimilent. En gros, ils décapsulent les bonhommes, récupèrent les cerveaux et les collent dans des corps de ET. Ben oui, les ET, c'est comme les scénaristes actuels d'hollywood, ça n'a pas de cerveau, c'est obligé de prendre celui des autres. C'est ballot, vous dis-je.
Sur ce, hop, comme Star Cruiser, en vente, et pas cher!
22:00 Publié dans Film, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (2)
31/03/2012
Jérémie Parnov - L'Abécédaire de l'Apocalypse
A bon? Je parle aussi de trucs russes sur ce blog, et pas seulement sur Russkaya Fantastika? Ma foi, oui, il le faut bien car cet Abécédaire de l'Apocalypse (2010, Temps et Périodes) de Parnov, rebaptisé ici Jérémie quand il s'appelle Eremeï, ne comporte à ma connaissance pas d'élément fantastique.
A ma connaissance, car je me suis arrêté à la page 160, sur 512.
L'Abécédaire de l'Apocalypse se veut en effet un thriller basé sur le terrorisme international: qui est à la source des attentats attribués à Al Quaïda et commis en Europe? Qu'a donc à y voir une mystérieuse organisation basée au Bahamas? Ne serait-ce pas la création d'un pendant chrétien à la pieuvre islamiste? C'est ce que cherche à savoir Vicente Monteleone, un James Bond du Vatican.
Oui, un James Bond du Vatican, qui aime les intrigues, mais aussi les vêtements de luxe anglais, les vins chers et les voyages haut de gamme. Sauf que lui ne drague pas la gente féminine, bien sûr. Notons que cela aurait pu mettre du piment dans ce roman lourd, mais lourd! Parnov, dont c'est le dernier roman, nous ressort toute sa culture politique internationale, riche mais basique. Pour deux pages romanesques, nous avons le droit à dix pages de brèves de l'agence RIA-Novosti réécrites dans un style digne de Wikipedia. Evidemment, ça se lit vite (deux jours pour 160 pages), mais quand justement au bout de ces 160 pages, l'intrigue n'a toujours pas avancé d'un poil, on ne peut que laisser tomber, et regretter presque le Parnov soviétique, dont L'Âme du monde, son seul autre roman traduit en français, et coécrit avec Mikhaïl Emtsev, était autrement plus riche et ambitieux.
22:19 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (0)
Lunatique 82
Allez, une revue pour changer, avec le numéro 82 de Lunatique (éditions Eons, 2011), une revue à laquelle j'ai eu l'heur de collaborer le temps d'un numéro. Comme d'ordinaire, le gros du sommaire est constitué de nouvelle, la plupart dues à des auteurs débutants ou encore peu connus.
"L'enlèvement du soleil" par Baldomero Lillo - un auteur chilien du tournant du XXe siècle - est une curiosité venue du fin fond des âges, pas sans défauts, mais intéressante et originale, sur la mégalomanie royale.
Suivent deux reliquats du Galaxies hors série spécial "41"; deux textes mal fichues et qui ne vont pas jusqu'au bout de leurs ambitions: Noé Gaillard et "L'Académie mise à nue" nous propose une Académie française portée à 41 membres avec comme enjeu une immortalité réelle; Yann Quero et "Les quarante et un sarcophages de titane" présente un univers de space opera qui aurait pu être intéressant s'il avait pris le temps de le développer un minimum et de donner de l'étoffe à ses personnages.
A la fin de ma lecture du volume, je n'ai gardé strictement aucun souvenir de "Chloé", d'Alain Fillion: ça doit être un signe. En revanche, "K" de Mathieu Baumier est excellente: une ambiance dystopique parfaitement crédible, un arrière plan symbolique (chrétien) subtil, une maîtrise de la langue vraiment bonne. Bref, on sent que l'auteur a déjà de la bouteille. Il faudra que je vois les romans et recueils qu'il a pu publier par ailleurs. En tout cas, on en redemande.
Autre bon texte, "Nouveau départ", d'Yves-Daniel Crouzet, un auteur que j'aime bien pour ses nouvelles doucement satiriques. Mais il a souvent le défaut de les laisser en plan sur quelque chose d'inachevé, comme ici par exemple, et c'est bien dommage car l'idée est excellente.
"Terraformer la Terre" de Jean-Pierre Laigle est lourd, long, bâti sur une idée intéressante mais malmenée par une narration qui laisse en plan plein de choses.
Fallait-il ressortir de l'oublie "Les Démiurges" de Nathalie Henneberg, un texte qui fut publié dans la précédente version de Lunatique? J'ai beaucoup d'admiration pour l'oeuvre d'Henneberg, mais il faut bien avouer que ce texte-là, datant de 1964, ne va pas loin: tout y va trop vite et on peine à comprendre l'intérêt de la chose.
Le dossier sur Alain Paris est intéressant, même si l'on sent bien que l'interview est en fait un questionnaire: les réponses d'Alain Paris sont souvent allusives et les interviewer ne rebondissent pas sur celles-ci pour creuser les sujets abordés. Dommage. Les deux nouvelles qui l'accompagne nous font passer du très bon ("Le Lâche", encore une réédition d'ailleurs puisque ce texte date de 1968), au très mauvais ("L'Aigle de sang", qui est tout juste un synopsis même pas développé).
Même s'il est donc très inégal, il serait toutefois malhonnête de dire que ce Lunatique est mauvais: Baumier et Crouzet sont vraiment des auteurs à suivre, et Lillo mériterait visiblement qu'on se penche sur son cas. Trois textes seulement, mais vu le prix de la revue (9€80), ça en vaut la peine.
22:08 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (0)