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11/10/2020

Jean-Pierre Andrevon - Le Monde enfin

Andrevon.jpgDans un futur proche, autant dire maintenant, un mystérieux virus s'est répandu dans le monde. Ceux qui en sont atteint meurent en quelques heures, liquéfiés de l'intérieur. Une personne sur mille survit, et ces survivants en ressortent le plus souvent stériles.

Dans Le Monde enfin, Jean-Pierre Andrevon nous propose de suivre le parcours à travers le temps d'une poignée d'entre eux, dans Paris et en province, avec pour fil conducteur le voyage d'un vieux cavalier solitaire, à travers une France retournée à l'état de nature, dans quelques décennies.

Le Monde enfin n'est pas un chef d'oeuvre: il souffre de quelques défauts structurels qui montrent qu'il s'agit d'un collage de scènes écrites sans doute séparément, et rassemblées par la suite. Pour autant, c'est un vrai bon roman, car la plume d'Andrevon s'y révèle magnifique. Chaque chapitre, à lire presque comme une nouvelle indépendante, est un petit bijou de poésie. Les descriptions du Paris inondée, ou de la campagne redevenue sauvage, sont superbe. Et si l'on peut regretter certains passages relevant plus du fantastique qu'autre chose, il n'empêche que l'ensemble, au final, est très beau, y compris et surtout le très bref mais bouleversant épilogue qui montre que l'on peut écrire de la science-fiction politique comme dans les années 1970, et être un véritable poète.

Henry Rider Haggard - Eve la Rouge

Haggard.jpgEn Angleterre, au XIVe siècle, Hugues de Cressi ne rêve que d'épouser Eve la Rouge, surnommée ainsi car elle ne porte que des vêtements rouges. Mais le père de celle-ci l'a promise à un riche et puissant chevalier normand. A l'heure où le roi Edouard III prépare une expédition vers la France, le Normand se révèle être un espion. A la suite d'une embuscade tendue dans un marais, Eve et Hugues sont séparés. Hugues est accusé du meurtre d'un homme de la suite du Normand, tandis que Eve est enfermé dans le château paternel. Hugues ne voit d'autre secours que de faire appel à un vieux Templier, devenu simple prêtre. Mais il devra aussi plaider sa cause devant le roi, puis face au Pape, à Avignon, pour espérer retrouver Eve la Rouge

Pendant ce temps, en Chine, où sévit une peste encore inconnue en Europe, un doté d'étranges pouvoirs embarque pour un navire à destination de l'occident.

Roman peu connu de Henry Rider Haggard, Eve la Rouge, publié en anglais en 1911, est hélas desservi par une traduction parfois lourde et qui donne un ton naïf aux dialogues. Et c'est bien dommage, car on tient là un fort beau récit de fantasy historique, rythmé par des scènes de combat tumultueuses (la bataille de Crécy, notamment). L'apocalypse qui semble tomber sur Venise lorsque Hugues croise le mystérieux Chinois est aussi un morceau d'anthologie. Eve la Rouge est un roman qui vaut le détour et mérite d'être tiré de l'oubli. Certes, ce n'est pas encore Tolkien, mais ce n'est plus Walter Scott. Et sur un arrière plan historique solide, Haggard parvient réellement à faire preuve d'une grande imagination.

 

Henry Kuttner - Vénus et le Titan

Kuttner.jpgDans un lointain futur, l'Humanité a fui la Terre, dévastée par une guerre nucléaire, pour s'installer sur Vénus. Mais hélas la surface des continents est recouverte d'une jungle particulièrement hostile, aussi a-t-on construit de vastes citées sous-marines, les Garderies, dans lesquelles les gens vivent confinés mais plutôt heureux, gouvernés par des mutants doués d'une longévité de plusieurs siècles.

Mais l'un de ces mutants, Sam Harcker, se voit privé de ses droits à sa naissance, par son père, car sa mère est morte lors de l'accouchement. Transformé physiquement pour ne plus ressembler à un immortel, il est abandonné. Devenu enfant, puis adolescent, il ignore tout de son ascendance, et, croyant être un humain normal à courte vie, il va d'abord mener une carrière criminelle, avant de se lancer, avec un aventurier lui aussi immortel, dans un projet de colonisation de la surface. Il va alors s'opposer frontalement aux autres immortels, dans un conflit qui durera des décennies.

Curieusement, Vénus et le Titan (en anglais Fury, ou Destination Infinity), paru en 1947 aux USA, a été publié sous le seul nom d'Henry Kuttner, a en réalité été rédigé par Kuttner et son épouse, C. L. Moore. C'est un récit qui relève du pulp tardif. On y trouve donc tout ce qui faisait l'attractivité du pulp: un personnage haut en couleurs, puissant, presque invincible, mais cependant placé dans une ambiance qui relève bien du lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec ce souvenir de la guerre nucléaire qui a ravagé la Terre.

Certes, la traduction se révèle parfois assez lourde: on sent qu'au contraire le travail éditorial a été un peu léger. Mais le style du duo Kuttner / Moore reste flamboyant. Les descriptions sont souvent superbe. On ne peut alors que regretter que ce roman n'ai pas été tout à fait achevé: la chronologie s'accélère curieusement sur la fin, faisant l'impasse sur des pans entiers de l'histoire.