14/06/2020
Brian Stableford - Rhapsodie noire
Il y a bientôt deux ans déjà, j'entamais la lecture de la série Grainger de Brian Stableford, en concluant que ma foi le premier volume était fort bon. Il était plus que temps que je m'intéresse au second, Rhapsodie noire, même si je ne cache pas qu'une fois encore, l'affreuse couverture de Romain Slocombe (qui d'ailleurs n'a rien à voir avec le contenu), a été un obstacle.
Grainger et le vent qui hante son esprit, sont maintenant au service de la Nouvelle Alexandrie, pilotant un formidable vaisseau. Son patron, Charlot, demande à l'équipage de se rendre sur un monde, Rhapsodie, où l'on aurait découvert quelque chose qui vaudrait une fortune? Quoi donc? On ne le saura que très tard. Grainger n'a de toute façon pas son mot à dire: il doit encore deux ans de travail à la Nouvelle Alexandrie. Le voici donc sur Rhapsodie, un monde où les colons, des fanatiques religieux, vivent dans une pauvreté extrême sous la surface du globe, dans des tunnels à peine éclairés. Leur seul but est de se couper du reste de l'univers. Ils ne commercent avec l'extérieur que parce que leur planète n'est pas autosuffisante. Autrement, tout étranger est invisible. Réellement: toute personne qui n'a pas leur foi n'est jamais considérée, les gens font comme si elle n'existait pas.
Mais cette découverte, faite par des mineurs, peut changer la donne. Quand une source de richesse surgit sur un monde où tout le monde officiellement a fait vœu de pauvreté, cela ne peut déboucher que sur un conflit.
Rhapsodie noire abandonne pour un temps le space opera pour le planet opera, et la découverte d'une société sombre, physiquement comme idéologiquement. Dans ce cadre, Grainger se révèle être un personnage toujours plus attachant, qui s'efforce d'être juste, même s'il se croit seul et désintéressé. Sans être un chef d'œuvre, cela reste un très bon petit roman.
Du coup, lisez-le dans l'intégrale publiée chez Critic. Parce que cette couverture, tout de même...
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Alastair Reynolds - L'Espace de la Révélation
Nous sommes dans un futur très lointain. Sur une planète isolée, Resurgam, Sylveste, un scientifique, étudie les ruines d'une civilisation disparue il y a plus de 900000 ans. Ailleurs, dans le temps comme dans l'espace, l'équipage d'un gigantesque vaisseau recrute une nouvelle canonnière, avant de prendre le départ pour Resurgam. Mais cette canonnière n'est en fait qu'une taupe embauchée pour, une fois sur place, tuer Sylveste. Pourquoi? Elle le découvrira une fois arrivée.
L'Espace de la Révélation, d'Alastair Reynolds, est un roman qui aurait pu être bon. On y trouve en effet un bon paquet d'idées technologiques et scientifiques intéressantes. Mais...
Je ne sais pas si c'est la traduction, mais le style est réduit à rien, il est juste efficace, et encore. Pire: le traducteur semble avoir oublié l'existence de dictionnaires des synonymes, et certains passages sont absolument affreux. Voici par exemple deux pages parmi les pires (car elles ne sont pas les seules, dans ce gros pavé de presque 900 pages):
Le space opera, on le sait bien, c'est souvent des vaisseaux et des canons, bien entendu de l'aventure. Très bien. Reynolds, lui, il va faire des canons gigantesques, et des vaisseaux gigantesques, parce que c'est beaucoup plus mieux. Sauf que ça ne sert à rien: ils sont de toute façon moins de dix à bord du vaisseau gigantesque. Quand à l'aventure, elle est poussive et se perd entre trois chapitres de discussions.
Le technoblabla, qui fait le charme habituel du genre, est ici à la limite du compréhensible, et même dans n'importe quel épisode de Star Trek, il est plus littéraire que dans ce roman. Ici, nous avons le droit à des pages plus opaques encore qu'une prophétie de Nostradamus.
Les personnages ont des noms, et heureusement qu'ils ont ça tant leur psychologie se limite à peu de chose. En général, ils sont tous calqués sur le modèle "Bouh je suis un coriace super balèze qui a un secret et qui fait la gueule, et me touche pas sinon tu vas voir". Il n'y a guère que Sylveste qui échappe à ça. Mais il n'en est pas plus subtil pour autant.
Il y a une palanquée de scènes (oui scènes: ce ne sont pas des chapitres, vu que c'est découpé comme un film ou un épisode de série), qui sont totalement inutiles, et l'ensemble du roman aurait pu tenir en 400/500 pages au lieu de 900.
Et puis, pour chipoter, je pinaillerai un peu sur les rares éléments culturels: Ilia Volyova est censée être un personnage d'origine russe. Sauf qu'Ilia en russe n'est pas un prénom féminin. Ensuite on nous dit que de temps en temps elle parle en russe. Le seul mot qui apparaît, cependant, est svinoï, utilisé comme injure ou exclamation. Le seul est unique, quand le russe est aussi riche en injures que le français.
De plus, svinoï, ça veut dire "de porc", "porcin". Si elle voulait traiter quelqu'un de porc, elle aurait dû dire svinya (svin'ja).
Bref, si le traducteur a oublié son dictionnaire de synonyme, Reynolds, lui, a oublié de consulter un copain russophone avant d'écrire ça.
Comme je le disais plus haut, L'Espace de la Révélation d'Alastair Reynolds aurait pu être bon. En l'état, il est simplement dispensable.
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