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14/09/2011

Paul Hanost - Le Livre des étoiles

Et bien voilà, un échec. Cela m'arrive rarement, mais je me vois contraint d'abandonner la lecture de ce Livre des étoiles de Paul Hanost (Le Masque - SF, 1977). Impossible de dépasser la page 74, sur 284. Je n'aime pas ça, laisser tomber un livre, mais je n'en peux plus. Hanost.jpg

De quoi est-il donc question? De Sherk, un homme-chat. Si si. Sherk est un hybride, mi-humain, mi-tchirgi, les Tchirgi étant des ET à l'apparence de chat anthropomorphes. J'avoue que la fascination des écrivains pour les chats me dépasse, mais là, on atteint un sommet, avec un personnage doté évidemment de griffes rétractiles, d'yeux fendus, d'un pelage doré, etc. Il faut dire que Hanost se complet dans la description de Sherk.

Sherk est esclave. Mais évidemment il va s'échapper de là où il est employé, et se faire mercenaire, et tout ça. Une histoire très originale, si si, même qu'on n'a jamais vu ça depuis... au moins Conan le Barbare, c'est dire. Parce que même s'il s'agit de space opera, on a le droit à l'esclave employé dans une mine, avec des gardiens sévères, des séances de fouet, etc. Pire: les méchants y sont sodomite. C'est leur grande passion: les plus forts sodomisent les plus faibles. Et ces plus forts sont les gardiens, évidemment, d'autres esclaves, et même les chiens de garde! Si si: "Peut-être serait-il d'abord livré aux chiens. Certains esclaves racontaient que les molosses violaient les captifs, usant d'eux comme ils le faisaient de leurs congénères quand ils n'avaient pas de femelles" (p. 35). Avouez que l'image d'un homme-chat sauvagement monté par un molosse, ça ne manque pas de sel...

Et lorsque que Sherk vient à croiser une antique race méconnue (et Hanost, comme Howard ou Brackett, ou Burroughs, compte en million d'années, histoire de faire vraiment antique), comble de malheur, ses représentants sont d'une beauté physique remarquable, d'apparence féminine, sauf que... "il avait compris, ces êtres étaient des hermaphrodites dégénérés [...]". On l'aura compris: Le Livre des étoiles, même si on y décrit avec complaisance, comme je l'ai déjà dit, le physique adolescent de son héros, ça n'est pas de la littérature de tapette.

Bon, mais tout cela ne m'aurait pas empêché d'en continuer la lecture, si le propos (si on peut parler de propos), n'était servi par une préciosité pachydermique. Du lourd, du très lourd. De l'écoeurant.

Allez, zou, à la cave. Et au suivant.

Et dire que Hanost avait prévu trois suites à la chose. Jamais publiées, heureusement.

06/09/2011

Jack Vance - La Vie éternelle

Honte sur moi, je n'ai pas lu La Vie éternelle, de Jack Vance, dans la traduction récente de Gilles Goullet, parue en 2004 dans Emphyrio et autres aventures (Denoël, Lunes d'Encre), mais dans celle de Françoise Maillet, parue en 1980 au Masque Science-Fiction. J'aurais sans doute dû, car à la lecture de la chose, il m'a semblé, en dehors d'une multitude de phrases mal tournées et écorchant singulièrement la syntaxe française, qu'on passait parfois un peu trop vite du coq à l'âne, bref, que les fameux ciseaux dont étaient armés les éditeurs des années 60-70 avaient encore frappé. Un soupçon vite confirmé en consultant la Noosfère, où il est mentionné que la réédition de cet traduction chez Pocket en 1987 avait été révisée. Vance.jpg

Mais peu importe, je ne prendrais pas la peine de relire une deuxième fois ce roman avant quelques années, autant vous en parler quand même.

La Vie éternelle est un étrange roman, surprenant au sein de la production de Vance, auteur qu'on a plus coutume d'associer au planet ou au space opera. Il s'agit en effet d'une dystopie, et des plus curieuses.

En un futur indéterminé, la science a fini par donner à l'Homme ce qu'il souhaite depuis toujours: l'immortalité. Ou du moins une forme d'immortalité. L'immortel est doté de tout une série de clones qu'un lien empathique identifie à l'original, seul à être actif dans la société. Que l'actif vienne à mourir et un clone (un substitut) prend aussitôt son relais. Mais cette avancée scientifique ne fut pas sans conséquence: luttes sociales, surpopulation, tout cela plongea le monde dans l'ère du chaos, et il ne subsista alors qu'un seul îlot de civilisation, la Contrée.

La population de la Contrée s'est volontairement pliée à un système de castes très stricts, permettant de maintenir le niveau de population en adéquation avec les ressources et la production du pays. Chaque classe est caractérisée par une espérance de vie de plus en plus grande, la classe ultime étant bien sûr celle des immortels, sachant que l'accession à l'immortalité d'une personne entraine mathématiquement le racourcissement de la vie de 2000 autres. Passer d'une caste à l'autre relève de l'exploit, et seul une carrière exemplaire et productrive peut permettre d'y arriver. Ce système, basé sur l'émulation avec pour carotte la promesse de l'immortalité, est maintenu en place par un corps de fonctionnaires spécial, celui des Assassins, chargé d'extraire de la société les personnes dont le temps de vie s'achève.

Grayven Waylock est un immortel. Du moins en était-il un jusqu'à ce qu'il ait eu le malheur d'en tuer un autre. Un acte à priori sans conséquence, si ce n'est que la justice a décidé de faire de lui un exemple et de le livrer aux assassins. Par chance, il en échappe et parvient à rester caché durant sept ans, délais légal pour qu'un de ses substituts puisse revendiquer sa place dans la société. Il ressort donc au grand jour et décide de se faire passer pour un substitut, Gavin. Et Gavin Waylock est ambitieux. Par tous les moyens il va chercher à retrouver sa place au sein des Immortels, quitte à mettre en péril le système tout entier.

Voilà un roman bien ambitieux. Mais aborder le thème de la dystopie est toujours ambitieux, quelque part, tant il est difficile de faire du neuf sur ce sujet. Vance, qui écrit en 1956, y parvient. Sa société basée sur une stricte approche statistico-économique est originale, surprenante sous bien des aspects, même si l'on peut toutefois relever un obstacle majeur: il faut songer que pour que cela fonctionne, les gens doivent aller d'eux-mêmes à la mort, accepter que l'Assassin entre chez eux, lorsque leur temps est arrivé. Mais dans un système où tout le monde est en parfaite santé, qui accepterait cela?

Justement personne. Durant 300 ans, la Contrée fonctionne, prospère... et stagne en même temps. Une stagnation qui provoque elle-même chez de nombreuses personnes une maladie psychologique nouvelle, une forme de catatonie entrecoupée de crise de fureur; signe que la société tout entière est malade.

Vance, dont c'est-là un des premiers romans, écrit sous l'influence d'Orwell (et le revendique, en nommant la salle où sont enfermés les malades les plus atteints "salle 101"), mais il ne parvient toutefois pas à donner la même solidité socio-politique à son système dystopique qu'Orwell avait sur le faire dans 1984. De même on est parfois surpris de voir Gavin Waylock maneuvrer en toute impunité et changer de travail comme de chemise sans aucune difficulté (un artifice qui permet à l'auteur de faire le tour de la société).

Alors il compense, en créant des personnages hauts en couleur, en perdant le lecteur dans des descriptions de lieux à la fois chatoyants et sordides. Au final La Vie éternelle est un petit roman, loin du chef-d'oeuvre, mais dont la lecture intéressante et peu propice à l'ennui.

01/09/2011

Leigh Brackett - Le Grand Livre de Mars, t. 2

Chose promise, chose due. Le tome 2 du Grand Livre de Mars, de Leigh Brackettest donc avalé, et il m'a fait grand bien.

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Tout commence par un court roman, Le Peuple du talisman, dans lequel Stark, afin d'honorer une promesse faite à un ami, se rend dans une citée du grand nord pour lui restituer un talisman que l'ami en question a volé durant sa folle jeunesse. Ledit talisman étant d'ailleurs la chose sensée protéger les villes, les nobles locaux s'étaient empressés de le remplacer par un faux. En route, Stark croise l'armée qu'un étrange personnage nommé Ciaran, au courant de la disparition du talisman, soulève afin d'attaquer la ville. Stark échappe à Ciaran et parvient à son but. Mais il n'est malheureusement pas très bien accueilli: il préfère donc garder le talisman caché, et même s'il prévient tout le monde qu'une armée de barbare est en marche, il préfère attendre que les choses se passent plutôt que de restituer l'objet et de voir comment il agit.

Confus, tout cela? Non, pas du tout. Brackett, je l'ai déjà dit pour le tome précédent, est un écrivain dont la plûme s'est bonifiée avec les années. Elle nous produit-là un récit passionnant, riche en rebondissements. Stark reste un personnage ambigu. On hésite même parfois à le détesté tant il peut être buté sur ses principes. Bref, un personnage qui n'est en rien fade.

Pourtant il n'apparaît pas dans les cinq nouvelles qui suivent. Brackett nous livre dans celles-ci différents tableaux de la mise en contact de Mars avec les Terriens. Une mise en contact qui n'est pas une colonisation, mais qui ressemble plutôt à ce qui a pu se passer au Proche et Moyen Orient, en Egypte par exemple. Et l'on en retiendra cette belle morale sur ce qui oppose Martiens et Terriens, que l'on peut résumer ainsi: "nous sommes ignorants parce que nous avons tout oublié; vous l'êtes parce que vous avez tout à apprendre".

Ces cinq nouvelles donnent une couleur plus sombre à l'ensemble, et si certaines ne sont guère originales (Le Jardin du shanga), d'autres comme La Malédiction de Bisha sont de petits bijoux.