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29/04/2011

Zhang Xiaoyu - Sombre futur et Au Fond du Rêve

Je vous parlais il y a déjà quelques temps déjà de Zhang Xiaoyu, du plaisir que j'avais eu à lire L'Envol. Pour le coup, je me suis commandé deux autres albums de ce dessinateur chinois, Sombre futur et Au Fond du rêve, tous deux chez Xiao Pan.

Commençons donc par Sombre futur, puisque c'est le plus petit des deux... et aussi le plus mauvais.

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Dans un lointain futur, manifestement ravagé par une guerre nucléaire, un homme tente de survivre parmi divers groupes, plus ou moins barbares, nomades ou sédentaires. La découverte d'une carte menant à l'un des refuges antiatomiques conçus avant la guerre fait renaître l'espoir, mais aussi les tensions. Du banal, de l'archirevu, du gore trop évident, un scénario qui saute vite sur les péripéties sans donner la moindre profondeur à ses personnages, et par dessus tout, un dessin bâclé, mal torché à grand coup de photoshop pas toujours heureux. Bref, du sous Ken le Survivant, déjà que Ken, ma foi, c'est aussi de la crotte. Passons.

Pour le coup, j'avais un peu peur en ouvrant Au Fond du rêve, un album en grand format, tout en couleur.

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Des couleurs affreuses, d'ailleurs: là aussi j'ai peine à retrouver le dessinateur de L'Envol. Mais il faut savoir aller au-delà de cette première impression. Dans un futur proche, cette fois-ci, un auteur de fantasy (et non de science-fiction comme il est indiqué partout), est depuis longtemps plongé dans un coma profond, parfois ponctué cependant de crises de violences auto-destructrices, potentiellement mortelles. Dans le but de le sauver, un psychiatre, qui a plus des allures de bouffon en blouse blanche que d'un professeur à Harvard, va tester une machine qui lui permettra de s'insérer dans les rêves de l'auteur, et donc de tenter de le ramener à la réalité.

Et dans ces rêves, il retrouve l'homme, normalement chêtif, devenu un redoutable colosse passant son temps à combattre moultes créatures fantastiques. Le docteur opposera à ces créations de l'esprit des éléments rationnels. Mais qui l'emportera? Les CRS sur les hordes de gnomes sanguinaires? Les missiles sol-air sur les dragons? Le rationel du docteur sur la fantaisie de l'écrivain?

Raconté comme cela, le récit a l'air très basique. Il n'en est rien. Bien que très bref, il fait preuve d'une grand profondeur, et l'humour balourd qu'on trouve à chaque page n'est en fait que le masque d'un trouble évident, dont le sujet est la notion de "réel". Un album qui n'est donc pas parfait, mais cependant diablement intéressant. Et qui mérite la relecture.

07/04/2011

Alain Blondelon - Onde de choc

Après une lecture ardue et un travail pas nécessairement passionnant, il est souvent nécessaire de se plonger, pour le repos de l'esprit, dans un petit roman d'aventure, qui n'entraînera pas le lecteur plus loin que le temps nécessaire de la lecture, mais qui, s'il est bien fait, lui permettra de se détendre et de se faire plaisir. Ca tombe bien, des romans comme ça, Rivière Blanche en édite, et parmi eux, Onde de choc, d'Alain Blondelon.

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 L'intrigue débute alors que deux copains sont à la pêche, loin de chez eux. Lors qu'ils passent par le premier village venu, ils sont surpris de n'y trouver plus personne. Idem dans le village suivant, et ce jusqu'à Lyon, où ils finiront par croiser un couple de jeune femmes et des militaires qui ont tendance à tirer sur tout ce qui bouge. Il faut dire que ces charmants soldats sont un peu à cran: ils ont eux-même oeuvré à l'élaboration d'une arme infernale visant à éliminer (faire disparaître purement et simplement) tout créature dépassant un QI d'un certain stade. Et pour échapper à la chose, il faut être à proximité immédiate d'un point d'eau. Le roman suit donc l'errance des deux copains et de celles qui vont devenir leurs compagnes, à travers une France singulièrement vide, en dehors de hordes de chiens et de rats rendus agressifs.

Nous voilà donc face à un postulat post-apocalyptique peu banal finalement, puisque basé sur une invention absolument invraisemblable. Le degré de suspension volontaire de l'incrédulité est ici très élevé, et la chose n'est pas arrangé par le fait que l'auteur ne dote pas ses personnages d'une psychologie fouillée (il est gentil, elle est nerveuse, il est taciturne, elle est volubile; quant aux militaires, ce sont tous des méchants, mais bêtes à manger du foin), et que son style reste simple, sans la moindre fioriture. Mauvais roman? Non, pas nécessairement. Car ce que je viens de dire là m'a fait revenir en mémoire un roman du même style, Les Robinsons du Cosmos, de Francis Carsac, certes publié il y a plus d'un demi-siècle. Un roman qui souffre des mêmes défauts. Et pourtant, on ne peut s'empêcher de le lire, de se demander ce qu'il va encore arriver, et d'arriver jusqu'au bout sans s'en rendre compte. Objectif atteint: quelques heures de détente, pour peu d'efforts en contrepartie.

16/03/2011

Zhang Xiaoyu - L'envol

Le manga n'est généralement pas ma tasse de thé, étant donné les tombereaux de merde qui sont régulièrement traduits en français. En trouver tout une pile dans une solderie n'avait pas nécessairement de quoi attirer plus que cela mon attention jusqu'à ce que je me rende compte que les auteurs étaient tous chinois. Rien de bien transcendant dans ce tas sauf... cet Envol de Zhang Xiaoyu, paru en 2006 chez Xiao Pan.

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Certes, la couverture, vaguement gothique, n'avait là encore pas de quoi m'attirer. Les trucs avec des anges, ça n'est pas trop mon genre. Par chance, elle n'a rien à voir avec le contenu. Et puis il y a cette mention, concernant l'auteur: "il est responsable de la revue L'Envol, spécialisée dans les récits de science-fiction". Le fait aussi que le volume est sensé contenir deux récits indépendants, et non le début d'un interminable fleuve en 32 tomes et 125 épisodes dont la fin paraîtra dans 76 ans. Enfin, il a le dessin, tout simplement. Un dessin d'une finesse, d'une délicatesse remarquable, qui n'est pas sans rappeler celui de Kazuo Koike ou encore celui de l'unique manga de Satoshi Kon.

Aussitôt acheté, aussitôt dévoré. Le premier récit, Qiao zhengfei, inventeur, s'inscrit dans les suites de la Révolution culturelle chinoise et prend pour héros le fils d'un ingénieur en aéronautique qui se suicida pour échapper à un procès politique, laissant donc un fils et une épouse qui sombra dans la folie. Et sur ce fils pèsera en permanence l'héritage du père. Nous sommes ici loin de la SF. Peu importe. Avec un récit simple, Zhang parvient à être bouleversant.

Timi, le deuxième récit, est une adaptation de L'Enfant du temps, une vieille nouvelle d'Isaac Asimov, reprise depuis avec Robert Silverberg sous forme de roman. Un scientifique dirigeant un puissant institut de rechercher temporelle engage une nurse. Son rôle? S'occuper d'un petit enfant préhistorique, que l'équipe va ramener d'une époque remontant à 40000 ans. Jouant sur l'absurdité de repousser un être humain sous prétexte de ses différences physiques et de son prétendu archaïsme, Zhang fait de son enfant non pas une sorte de brute simiesque, mais une créature à l'apparence surprenante d'elfe, oreilles en pointe incluses. Là encore, grâce à un dessin magnifique, Zhang parvient à montrer petit à petit la mégalomanie du scientifique et à dévoiler l'amour qui va naître entre la nurse et le petit garçon.

En un mot: magnifique!

Ca tombe bien, le même éditeur a publié deux autres albums de Zhang Xiaoyu. Du coup, je fonce, et pas dans une solderie, cette fois-ci.