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15/07/2018

Kim Stanley Robinson - La Mémoire de la lumière

Robinson.jpgKim Stanley Robinson reste un auteur dont je n'ai pas lu grand chose, mais que j'ai en général apprécié. En fouillant dans ma bibliothèque ancienne, je me suis retrouvé face à cette Mémoire de la lumière, en me demandant bien si je l'avais déjà lu ou non. Qu'à cela ne tienne: autant le (re)lire. 

C'était une lecture du soir, et malheureusement je peux avouer qu'en général, je n'ai guère eu de difficultés à m'endormir. 

Imaginons un futur très lointain, vers 3400. Quelques siècles auparavant, les travaux d'un physicien génial, Holywelkin, ont permis de dompter la lumière du soleil, et d'en envoyer l'énergie un peu partout dans le système, une énergie grâce à laquelle on a pu coloniser jusqu'au moindre astéroïde, en le dotant d'une gravité artificielle et d'une atmosphère. 

Ce physicien fabuleux était aussi musicien, et sur la fin de sa vie, il a construit un appareil, l'Orchestre, qui, contrôlé par un seul homme, met en action des centaines d'instruments de tous types. Depuis, neuf maîtres se sont succédés aux commandes de l'Orchestre, lui-même basé sur Pluton. Johannes Wright est le neuvième. Comme ses prédécesseurs, il doit accomplir d'une longue tournée à travers le système solaire. Mais à la différence des mêmes prédécesseurs, il est le premier a essayer de coupler la physique et la musique d'Holywelkin. 

Il est clair que dans ce roman, Robinson a pu placer une foule d'idées toutes plus intéressantes les unes que les autres. Mais pour faire tenir tout cela dans un même texte, il a fait le choix d'une structure narrative presque totalement linéaire, ce qui n'est pas forcément un défaut en soi, mais qui ici, fait cependant ressembler ce roman à un mauvais scénario de jeu de rôles. Quand en jeu de rôles, on peut avoir une succession de "une porte - un monstre - un trésor", ici c'est "un voyage - une planète - un concert". Ce problème n'est d'ailleurs pas compensé par les personnages, parmi lesquels seul Wright jouit d'un minimum d'épaisseur, les autres étant des faire-valoir.

Autrement dit, je me suis profondément ennuyé à la lecture de ce texte épais. 

10/07/2018

Joan D. Vinge - Les Yeux d'ambre

Vinge.jpgJoan D. Vinge, après quelques romans intéressants, s'est beaucoup perdue en produisant de multiples novelisations de films. Mais avant cela, elle aussi publié une poignée de nouvelles, dont une a reçu le Hugo en 1978, nouvelles dont une partie a été réunie dans le recueil Les Yeux d'Ambre
Commençons justement par la nouvelle éponyme, celle qui a reçu le Hugo. Les Humains ont envoyé une sonde su Titan, et y ont découvert une civilisation primitive, mais bien structurée, dont le mode de communication est la musique. Le concept pouvait paraître original à l'époque, mais plus trop maintenant. Qui plus est, passé leur apparence insectiforme et leur mode de communication, ces ET ont un esprit par trop humains, qui fait d'eux des sortes de personnages de fantasy. C'est bien raconté, mais ça ne m'a pas transcendé.

Depuis des hauteurs impensables est une courte nouvelle particulièrement touchante. Quel serait le meilleur candidat pour une mission solitaire, dans l'espace, devant durer plus années? Une mission dans un vaisseau minuscule, avec des contacts radios qui se font de plus en plus rare? Tout simplement une jeune femme qui, malade et immunodéficiente, a toujours vécu isolé du monde. 

Mediaman nous transporte dans un autre système solaire, colonisé par les Humains, qui vivent dans un nuage d'astéroïdes, les planètes elles-mêmes étant réputées inhabitables. Mais cette société, qui peine à se relever d'une guerre, est sur le déclin. On n'y vit plus que de récupération dans les vestiges laissés par la guerre, et on n'y pense plus que par le biais des mediamens, des journalistes d'un nouveau genre. Psychologiquement bien troussé, basée sur un récit bien construit et un cadre original, voilà une nouvelle remarquable.

L'Aide du colporteur, par contre, déçoit. Dans un village de type médiéval, arrive un colporteur qui vent des merveilles, de la magie. Un groupe de jeunes hommes décide de l'escorter en forêt – avec pour objectif avoué de le détrousser dès que possible. Mais l'homme a de réels pouvoirs et échappe à tout, même aux maîtres de la grande ville, qu'on dit aussi magiciens. Cette nouvelle, de par son thème et son traitement, aurait pu paraître dans les années 50. Ici, elle arrive presque 30 ans trop tard.

Mais le recueil se finit en beauté avec Soldat de plomb, une nouvelle évidemment inspirée par le conte d'Andersen, mais qui le réactualise en le plaçant dans l'espace, sur un monde lointain, alors que depuis des siècles l'humanité s'est répandue. Cependant, les vols spatiaux restent compliqués: seuls des femmes peuvent piloter les vaisseaux. Des femmes qui, effets de la relativité obligent, semblent ne pas vieillir, en comparaison des habitants des planètes. Mais l'une d'elles, Brandy, rencontre un barman, Soldat, qui est un cyborg, et qui de se fait ne vieillit que très lentement. Tous les vingt cinq ans, elle fera escale sur son monde, pour quelques jours, avec l'espoir de le retrouver inchangé. C'est romantique à souhait, mais ça fait beaucoup de bien.

03/07/2018

A. E. Van Vogt - La Faune de l'espace

VanVogt.jpgJe n'en reviens pas. Après À la poursuite des Slans et La Guerre contre le Rull, voilà, avec La Faune de l'espace (The Voyage of the Space Beagle, 1950), le troisième roman de A. E. Van Vogt que je lis ou relis, avec plaisir. Je dois vieillir...

Ceci-dit, il y a de bonnes raisons à cela, avec ce roman qui n'est en fait qu'un fix up de quatre nouvelles, quatre aventures d'un officier scientifique à bord d'un vaisseau, le Space Beagle, parti pour des années d'exploration spatiale, à la recherche des créatures les plus inattendus. Et ma foi, c'est très distrayant: Van Vogt, même s'il exploite comme toujours l'idée d'un héros supérieurement intelligent, et donc quasi-invincible, sait construire ses récits et les rendre passionnants à l'aide de rebondissements bienvenus. De fait, les créatures rencontrées sont toutes originales et remarquables. 

Le passionné de SF trouvera un autre intérêt, d'ordre historique, dans ces textes, qui ne sont pas, en effet, sans rappeler la série originale de Star Trek. D'une part par le principe de cette expédition scientifique supposée passer d'une planète à l'autre, en mission d'exploration et de contact. On pense aussitôt à l'Enterprise. D'autre part par certains éléments directement empruntés par la série. Elliott Grosvenor, le scientifique nexialiste, qui sait tout sur tout, imperturbable, souvent considéré comme amoral par ses compagnons car il sert un idéal supérieur, quitte à sacrifier quelques personnes pour le bien du plus grand nombre, fait penser à Spock. Zorl, la créature extraterrestre qui se nourrit du potassium des autres créatures, rappelle l'être de Ils étaient des millions (The Man Trap), qui tue pour se nourrir du sel des corps. On pourrait trouver sans doute encore d'autres points de comparaison.

Un seul regret: la traduction. On peut se poser des questions sur cette traduction déjà ancienne, dans laquelle le Space Beagle, rebaptisé le Fureteur, est qualifié régulièrement de "bateau" ou de "fusée", alors que Van Vogt le décrit explicitement comme une sphère. De quoi avoir des doutes sur d'autres éléments à caractère technique du texte.