Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/06/2020

Alastair Reynolds - L'Espace de la Révélation

Reynolds1.jpgNous sommes dans un futur très lointain. Sur une planète isolée, Resurgam, Sylveste, un scientifique, étudie les ruines d'une civilisation disparue il y a plus de 900000 ans. Ailleurs, dans le temps comme dans l'espace, l'équipage d'un gigantesque vaisseau recrute une nouvelle canonnière, avant de prendre le départ pour Resurgam. Mais cette canonnière n'est en fait qu'une taupe embauchée pour, une fois sur place, tuer Sylveste. Pourquoi? Elle le découvrira une fois arrivée.

L'Espace de la Révélation, d'Alastair Reynolds, est un roman qui aurait pu être bon. On y trouve en effet un bon paquet d'idées technologiques et scientifiques intéressantes. Mais...

Je ne sais pas si c'est la traduction, mais le style est réduit à rien, il est juste efficace, et encore. Pire: le traducteur semble avoir oublié l'existence de dictionnaires des synonymes, et certains passages sont absolument affreux. Voici par exemple deux pages parmi les pires (car elles ne sont pas les seules, dans ce gros pavé de presque 900 pages):

DSCN8151.jpg

DSCN8153.jpg
Le space opera, on le sait bien, c'est souvent des vaisseaux et des canons, bien entendu de l'aventure. Très bien. Reynolds, lui, il va faire des canons gigantesques, et des vaisseaux gigantesques, parce que c'est beaucoup plus mieux. Sauf que ça ne sert à rien: ils sont de toute façon moins de dix à bord du vaisseau gigantesque. Quand à l'aventure, elle est poussive et se perd entre trois chapitres de discussions. 
Le technoblabla, qui fait le charme habituel du genre, est ici à la limite du compréhensible, et même dans n'importe quel épisode de Star Trek, il est plus littéraire que dans ce roman. Ici, nous avons le droit à des pages plus opaques encore qu'une prophétie de Nostradamus.
Les personnages ont des noms, et heureusement qu'ils ont ça tant leur psychologie se limite à peu de chose. En général, ils sont tous calqués sur le modèle "Bouh je suis un coriace super balèze qui a un secret et qui fait la gueule, et me touche pas sinon tu vas voir". Il n'y a guère que Sylveste qui échappe à ça. Mais il n'en est pas plus subtil pour autant.
Il y a une palanquée de scènes (oui scènes: ce ne sont pas des chapitres, vu que c'est découpé comme un film ou un épisode de série), qui sont totalement inutiles, et l'ensemble du roman aurait pu tenir en 400/500 pages au lieu de 900.

Et puis, pour chipoter, je pinaillerai un peu sur les rares éléments culturels: Ilia Volyova est censée être un personnage d'origine russe. Sauf qu'Ilia en russe n'est pas un prénom féminin. Ensuite on nous dit que de temps en temps elle parle en russe. Le seul mot qui apparaît, cependant, est svinoï, utilisé comme injure ou exclamation. Le seul est unique, quand le russe est aussi riche en injures que le français.
De plus, svinoï, ça veut dire "de porc", "porcin". Si elle voulait traiter quelqu'un de porc, elle aurait dû dire svinya (svin'ja).
Bref, si le traducteur a oublié son dictionnaire de synonyme, Reynolds, lui, a oublié de consulter un copain russophone avant d'écrire ça.
Comme je le disais plus haut, L'Espace de la Révélation d'Alastair Reynolds aurait pu être bon. En l'état, il est simplement dispensable. 

24/05/2020

Jean et Doris Le May - Irimanthe

Irimanthe.jpgOui, je n'ai pas encore lu tous les romans des Le May que je possède. Attendez-vous donc à lire encore quelques notes à leur sujet sur ce blog. Pour aujourd'hui, ce sera donc Irimanthe (1970), qui se place dans le vaste cycle d'Interco, la police spatiale de la future Fédération, unissant aussi bien des peuples humanoïdes que d'autres plus étranges. Ici, il est question des Végiens, des êtres à la civilisation très avancée, au corps informe et transparent, protoplasmique, doté de six pseudopodes et d'yeux à facettes. Des créatures qui suscitent assez peu l'empathie. Et pourtant, avec Irimanthe, les Le May nous plongent directement dans leur univers, car le premier tiers de ce roman se passe sur leur planète, en quasi-absence d'humanoïdes. 

Les Végiens sont neutres, et leur reproduction est strictement encadrée par la loi. Mais par un de ces hasards dont l'univers a le secret, ils sont sensibles visuellement aux mouvements des humanoïdes, à la danse notamment, qui leur procure des sensations érotiques et les plonges en transe. Pendant longtemps, les Végiens ont alors pratiqué la traite d'esclaves, avant de normaliser la chose et de passer par des volontaires. Pour autant la traite continue, encadrée secrètement par le responsable de la Sécurité. Celui-ci organise des séances secrètes, auxquelles participent les plus hauts responsables du gouvernement. Mais voilà que ceux-ci se mettent à mourir, les uns après les autres. Le point commun entre ces morts: la danseuse Irimanthe, qui a mystérieusement disparu.

Et lorsqu'elle arrivera à court d'hypothèses, la Sécurité va bien sûr faire appel à Interco.

Irimanthe n'est pas un des meilleurs romans des Le May. Il commence très fort, cela-dit, avec cette plongée dans le monde des Végiens, ne nous épargnant aucun détail anatomique (vu que leur corps est translucide). Mais dès qu'Interco intervient, cela vire à une enquête finalement assez classique, dont la conclusion, pourtant intéressante, arrive trop vite. Pour autant, c'est une lecture tout à fait agréable et recommandable.

21/05/2020

Keith Laumer - La Cage infinie

Laumer.jpgLorsque l'on a besoin d'un petit roman de SF de qualité, se lisant vite et bien, on peut en général faire confiance à ce qui a été publié dans la défunte collection SF du Masque. Aussi ai-je jeté mon dévolu sur un court roman totalement méconnu de Keith Laumer, La Cage infinie, qui n'a même pas fait l'objet d'une critique lors de sa parution en France en 1978 (le roman lui-même date de 1972).

Un homme nu, blessé de partout, git dans une cellule d'un commissariat américain. Il a de toute évidence été passé à tabac. Qui est-il? Il ne le sait pas lui-même. Il parvient par miracle à s'échapper, et échoue, après quelques péripéties, chez sœur Louella, une mystique qui vit chichement de quelques séances de spiritisme. Or Adam – c'est le nom qu'elle va lui donner – en a, de l'esprit. Beaucoup même, puisqu'au départ il ne faire que retransmettre ce qu'il lit à distance dans la tête des autres. Il change ainsi sans cesse d'identité, avant de maîtriser petit à petit son don. D'abord fugitif, en compagnie de Louella qui ne pense qu'à s'enrichir, il va finir par essayer de se fixer, de devenir riche, tenter de corriger les problèmes du monde...

La Cage infinie est un excellent petit roman, surprenant en tous points, intelligent et se lisant d'une traite. Adam, son personnage principal, tient à la fois du génie – son don de télépathie lui permet d'assimiler sans faute absolument toutes les connaissances – et de l'idiot: son esprit personnel n'a que quelques semaines d'existence, il doit donc tout apprendre de la vie en société. Les rencontres qu'il fait sont l'occasion pour Laumer de dresser un portrait de la médiocrité générale, notamment aux USA mais on se doute que le portrait aurait été le même ailleurs. Rare sont les personnages qui échappe à cette règle, les personnages bons, qui veulent bien aider Adam sans arrière pensée, même s'ils le considèrent comme un parfait excentrique. La Cage infinie mériterait d'être redécouvert.