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26/01/2019

Paul Féval - La Vampire

Feval.jpgJ'aime bien les vieux feuilletonnistes. Certains trouvent ça poussif et ennuyeux, pensant que ce n'est pas de la grande littérature, moi j'aime y trouver une certaine forme d'inventivité qu'on ne trouve pas forcément ailleurs. C'est le cas avec La Vampire de Paul Féval, récemment réédité aux éditions (bien nommées) Éternel.

Le fameux auteur du Bossu s'empare ici d'un thème alors très à la mode, dans lequel s'était déjà illustré l'autre grand feuilletonniste Ponson du Terrail avec la Femme immortelle. Il le fait d'ailleurs de la même manière en amenant en plein Paris une femme vampire. Feval, lui, place son intrigue en 1804, à l'aube du couronnement du Premier Consul Bonaparte. 

Deux rumeurs parcourent alors la capitale: Georges Cadoudal, le fameux chouan, s'y cacherait. Mais surtout il y aurait une vampire, d'où la profusion de cadavres ou de morceaux de cadavres que l'on pêche régulièrement dans la Seine, suscitant la convoitise des pauvres depuis qu'un nommé Ézéchiel a repêché une main dotée d'une riche bague. 

Le héros de l'histoire est un homme déjà âgé, le gardien de la morgue. Sa belle-fille doit épouser un jeune homme breton, issu de la petite noblesse. Les deux se vouent un amour fou, mais voilà que subitement le jeune homme fuit sa future femme et lui préfère la sœur de la magnifique Addhéma, comtesse Marcian Gregoryi. 

La Vampire est bien du feuilleton: Feval charge son intrigue de digressions pas toujours utiles. Mais il a l'art malgré de nous plonger dans le Paris de cinquante ans avant son époque, un Paris qui sort du tumulte de la Révolution et qui s'apprête à se donner un empereur. Les complots y sont monnaie courante. De ce fait, qu'est donc la comtesse Gregoryi? Une comploteuse? une riche excentrique? ou bien réellement une vampire? Et qui est donc sa sœur, qui lui ressemble tant mais qui est aussi brune que l'autre est blonde?
Feval apporte aussi sa touche d'originalité au thème du vampire, réinventant bien des motifs et se les appropriant d'une manière surprenante. Le chapitre final vaut d'ailleurs à ce sujet carrément le détour.
Sans être un grand roman, La Vampire de Paul Féval s'avère au final un texte tout à fait sympathique. On regrettera cependant que la présente édition soit relativement médiocre, le travail sur la typographie étant plus qu'aléatoire, il est parfois difficile de distinguer un dialogue d'un paragraphe ordinaire.

Yves Frémion - Tongre

Fremion.jpgBeaucoup se souviennent sans doute d'Yves Frémion, pilier de la rédaction de Fluide Glacial. Peu gardent à l'esprit qu'avant cela, Yves Frémion a été directeur de revue littéraire (l'excellente Univers), et auteur. Un auteur trop rare, et cependant souvent très bon. En 2006, les défuntes éditions du Navire en Pleine Ville eurent la belle idée de rééditer Tongre, une longue nouvelle pour jeunes lecteurs. 

Gren est un tongre, un habitant d'un autre monde. Il ressemble grosso-modo à un cheval, sauf qu'il a six pattes et un seul œil. C'est un jeune: au début de l'histoire, il n'a pas encore de nom. Il survit sur une planète au climat hostile et dont certaines régions sont dangereuses du fait de la radioactivité. Il faut dire que des étrangers bipèdes, qui vivent loin sous terre, y ont fait exploser un soleil...

C'est toute la vie de Gren que l'on va suivre au cours de ces quelques pages. Car ce récit n'a pas vraiment d'intrigue: on suit simplement les étapes d'une vie ordinaire de tongre, de l'adolescence à la mort. Et pourtant c'est un beau récit, poignant, sensible, qui baigne dans l'étrangeté faute de repères "humanoïdes", mais qui nous présente une forme de vie intelligente et étrangère qui ne mérite que le respect. Bref, un récit tout simple mais touchant et efficace.

 

25/12/2018

Jean et Doris Le May - La Chasse à l'impondérable

Lemay.jpgIl peut paraître curieux d'avoir lu tant de romans de Jean et Doris Le May, au point d'avoir participé à un ouvrage collectif en leur honneur, de finalement n'avoir jamais lu la première de leurs œuvres, La Chasse à l'impondérable, parue en 1966. C'est pourtant bien le cas, et il était temps de rattraper cette erreur.

La Fédération unit des centaines de mondes parfois très différents. Certains d'entre eux sont plus ouverts à la criminalité que d'autres. Mais l'agence Interco, basée à Marslovsk, veille. Quand deux physiciens, qui viennent de découvrir sur la planète Éthéra un nouvel élément dont l'existence n'était jusqu'ici qu'hypothétique, le gravidium, disparaissent, Interco lance à leur recherche cinq de ses agents, qui vont devoir d'abord se familiariser avec Éthéra avant de poursuivre l'enquête au cœur de ses jungles radioactives.

La Chasse à l'impondérable ne possède pas encore le charme poétique qui fait tout l'intérêt des meilleurs romans des Le May. Mais on peut noter qu'il s'y trouver déjà tout de leur univers, celui d'Interco et de ses agents qui travaillent non pas par paire, mais par couple, les sentiments occupant une place prépondérante dans leurs relations. Sur le fond, il s'agit bien d'un space opera classique, on peut même dire très pulp. Mais il jette les bases d'une œuvre cohérente, solide. Et pour bien faire, ça se lit tout seul, avec plaisir.