05/07/2019
Science-fiction et polar chez Radouga
Dans les années 1980, les éditions Radouga, sises à Moscou, ont pris le relais des diverses éditions en langues étrangères soviétiques, et donc on commencé à publier des œuvres littéraires en anglais, en espagnol, etc., et donc aussi en français. Leur catalogue a alors été particulièrement éclectique. On y trouve aussi bien des classiques de la littérature russe et soviétique que de remarquables livres pour enfants, mais aussi une collection qui s’est appelée tour à tour «Aventure et science-fiction», «Roman policier» ou encore «Aventures». Cette collection a existé de 1986 à 1991. Et son catalogue est globalement très intéressant.
Ces livres sont assez peu courants, la plupart ne sont même pas au catalogue de la BNF. Ils sont aussi assez fragiles. Si durant les trois premières années, les couvertures sont pelliculées, ce n’est plus le cas ensuite : aussi les trouve-t-on rarement en bon état.
Faisons l’inventaire.
Aventure et science-fiction
1986
Le premier volume de la collection est dû à un parfait inconnu, Alexandre Koulechov. Il s’agit du récit Un Diplomate du sport (Повесть о спортивном дипломате, 1981).
Ce texte, que je n’ai pas encore lu et dont j’ignore s’il s’agit vraiment de science-fiction, semble avoir été écrit dans la foulée des Jeux olympiques de Moscou de 1980.
Selon l’annotation que l’on trouve sur Fantlab, ce récit fait partie d’un ensemble de trois textes. «Dans ces histoires d'action, l'auteur raconte le rôle noble des personnalités du sport soviétique dans le développement du mouvement sportif mondial et révèle l'essence réactionnaire du sport bourgeois.»
Tout un programme. En Russie même, ce texte n’est plus édité depuis 1982…
La traduction est de Evguéni Avronine, les illustrations d'Inna Borissova.
1987
Trois titres paraissent en 1987, dont une anthologie de science-fiction : Les Descendants d’Orphée.
Cette anthologie, qui n’a pas d’équivalent en russe, contient un mélange de textes classiques et d’autres d’auteurs de la nouvelle génération. Certaines des nouvelles avaient déjà été traduites dans la revue Lettres Soviétiques.
Au sommaire :
Anatoli Dnéprov, Quand on pose des questions (Когда задают вопросы, 1962); Guennadi Gor, Le Garçon (Мальчик, 1965); Valentina Jouravléva, L’Impertinente (Нахалка, 1965); Mikhaïl Emtsev et Erémei Parnov, Une Boule de neige (Снежок, 1963); puis pour les modernes: Valéri Polichtchouk, Sens 54 (Смысл-54, 1982); Valéri Polichtchouk, Le Contact (Контакт, 1982); Daniil Koretski, La Logique du choix (Логика выбора, 1984); Roman Podolny, Les Descendants d’Orphée (Потомки Орфея, 1979); Vladimir Kantor, Le Pistolet d’enfant (Пугач, 1985); Lioubov Loukina et Evguéni Loukine, Le Réveil (Пробуждение, 1983); Natalia Astakhova, Permettez-moi de naître (Позвольте родиться, 1981); Léonide Panassenko, Extrait de la vie des Atlantes (Частный случай из жизни атлантов, 1983); Léonide Panassenko, Pas de liaison avec Macondo (С Макондо связи нет?, 1983); Dmitri Bilenkine, Servitude humaine (Бремя человеческое, 1980); Sergueï Drougal, L’Examen (Экзамен, 1979) et Vladimir Drozd, Pygmalion (Пигмалион, 1969).
L’ensemble est traduit par Ilya Iskhakov, les illustrations sont de Ekatérina Koudriavtséva.
Comme c’est le cas pour toutes les anthologies soviétiques, on y trouve du bon, du très bon, et même des chefs d’œuvres, et à côté de cela des choses extrêmement mauvaises.
Vient ensuite un court roman, Phaéna, l’effondrement d’un monde (Гибель Фаэны, 1972), première partie d’un roman plus important, Les Phaètes (Фаэты, 1973), d’Alexandre Kazantsev. Sans être un chef d’œuvre, c’est un roman pour adolescents qui se lit très agréablement. On y trouve un plaidoyer contre l’arme atomique, associé à l’idée d’un monde disparut qui aurait donné naissance à la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter.
La traduction est de Evguéni Avronine assisté de Jean-Pierre Dussaussois, et les illustrations de Ekatérina Koudriavtséva.
Enfin pour clore l’année vient un recueil de Vladimir Mikhanovski, L’Envers d’un homme, recueil inédit en russe, contenant un court roman, L’Envers d’un homme (Двойники, 1968); et trois nouvelles: Au Pays de l’Inforie (Страна Инфория, 1971); La Fin et les moyens (Цель и средства, 1974) et La Violette (Фиалка, 1972).
L’ensemble est écrit dans un style assez lourd mais est cependant plutôt intéressant, avec notamment une variation sur le thème de Docteur Jekill et Mr. Hyde.
La traduction est de Catherine Emery et les illustrations, étonnement proche des peintures de H. R. Giger, sont d’Igor Melnikov.
1988
Trois romans sont parus en 1988, et il s’agit de très grands classiques de la science-fiction soviétique, pour deux d’entre repris de précédentes éditions en langues étrangères.
Il y a d’abord La Plutonie (Плутония, 1924), de Vladimir Obroutchev, sympathique roman d’exploration de terre creuse. La traduction est signée Marina Arséniéva avec la collaboration de Jean-Pierre Dussaussois. Les illustrations sont de Ekatérina Koudriavtséva.
Vient ensuite La Nébuleuse d’Andromède (Туманность Андромеды, 1957), d’Ivan Efremov. Je ne vais pas présenter ce roman: c’est l’oeuvre clé de la science-fiction soviétique, celle qui a été à l’origine de l’âge d’or de ce genre en URSS. Il s’agit ici d’une reprise de la traduction d’Harald Lusternik (assez moyenne) avec des illustrations de Ekatérina Koudriavtséva.
Enfin arrive un inédit en français, L’Homme amphibie (Человек-амфибия, 1928), d’Alexandre Beliaev, roman qui, à l’époque, n’avait encore à ma connaissance jamais été traduit en français. Inspiré d’une œuvre de Jean de la Hire, Beliaev y a cependant imprimé sa touche personnelle pour produire ainsi un bon roman d’aventure sociales, autour d’un homme qu’on a tenté de doter de branchies. La traduction est de Catherine Emery et les illustrations d’Alla Sioma.
1989
Trois livres de science-fiction paraissent encore cette année-là, avec deux classiques et un inédit.
On retrouve Vladimir Obroutchev, avec La Terre de Sannikov (Земля Санникова, 1926), une histoire fort bien menée de monde perdu. La traduction est une traduction nouvelle (alors que les Éditions en langues étrangères en avait déjà produit une en 1957). Elle est de Catherine Emery. Les illustrations sont d’Alexandre Berdov.
Autre classique du roman historique ou préhistorique : Aux Confins de l’Œcumène (На краю Ойкумены, 1956), d’Ivan Efremov. Un jeune Grec de l’époque archaïque se décide à parcourir le monde afin de parfaire son art de sculpteur. Capturé par des pirates, il est vendu comme esclave en Égypte avant de s’évader et de parcourir l’Afrique. Parfois naïfs, ce roman est toutefois d’une fraîcheur remarquable, avec son intrigue portée par de beaux personnages.
N’ayant pas cette édition, je ne saurais dire si la traduction est la même que celle parue antérieurement aux Éditions en langues étrangères.
Enfin, un inédit: L’Avatar (Аватара, 1987) de Vladimir (sic!) Soukhanov. (Sic!), car ici Radouga commet une erreur majeure : l’auteur s’appelle non pas Vladimir, mais Viktor. Je n’ai jamais pu finir ce livre tant il était inintéressant. Je n’ai même pas retenu de quoi il s’agissait. La traduction est de Catherine Emery et les illustrations de Marina Perfiliéva.
Ce livre est rarissime, sans doute n’a-t-il jamais été distribué. Ça n’est pas bien grave.
1990
Trois volumes de science-fiction paraissent encore cette année-là. Ce sont tous des textes anciens, et un seul volume est inédit en français.
On trouve d’abord L’Hyperboloïde de l’ingénieur Garine (Гиперболоид инженера Гарина, 1927), d’Alexeï Tolstoï. Classique de ce qu’on a appelé plus tard le «Pinkerton rouge», il s’agit-là d’un roman d’espionnage mené tambour battant, autour d’un rayon de la mort. La traduction est de Serge Solheid et les illustrations de Karina Balassanova.
Vient ensuite Les Cavaliers de nulle part (Всадники ниоткуда, 1967), d’Alexandre et Sergueï Abramov. Il s’agit là d’un des romans les plus déroutant de la SF soviétique : des nuages roses arrivent en Antarctique et commencent à y prélever la glace, pour l’emmener dans l’espace. Dans le même temps, ils se mettent à dupliquer les objets, puis les hommes, puis des scènes entières, parfois historiques, poussant les protagonistes de l’histoire à douter de la réalité. Curieusement, il s’agit là encore d’une nouvelle traduction, alors qu’une première, sous le titre Cavaliers venus de nulle part, était parue dans les années 1970 aux éditions Mir. Elle est de Jean-Pierre Dussaussois, avec la collaboration de Jean-Georges Synakiewicz. Les illustrations sont de Constantin Pobiédine. Cette édition est elle aussi assez rare.
Enfin est paru un nouveau recueil de nouvelles de Vladimir Mikhanovski: Hôtel Sigma.
Je ne m’acharnerai pas à en répéter le sommaire, on le trouvera ici: https://fantlab.ru/edition75164. Ce recueil est en général assez mauvais.
Aucun texte de science-fiction n’est paru en 1991.
Roman policier
Cette collection est apparue en 1989 et paraîtra jusqu’en 1991. Elle sera quasi exclusivement consacrée aux frères Arkadi et Guéorgui Weiner (ou Vaïner).
1989
Un seul roman paru: La Criminelle sera au rendez-vous (Место встречи изменить нельзя, 1975), d’Arkadi et Guéorgui Weiner. La traduction est de Jean-Pierre Dussaussois, Evguéni Avronine assistés de Jean-Georges Synakiewicz. Les illustrations sont tirées d’un téléfilm adaptant ce roman que je n’ai pas lu.
1990
Deux romans sont parus cette année-là, tous deux des frères Weiner:
Les Rendez-vous du Minotaure (Визит к Минотавру, 1972). Étonnant roman policier, traitant de l’enquête au sujet du vol d’un violon stradivarius. Sujet anodin pourrait-on croire, mais les Weiner en profitent pour dresser le portrait d’une série de personnages incurablement mauvais. Un excellent roman. La traduction est de Dora Sanadzé assistée de Michelle Paeschen, et les illustrations d’Andreï Platonov.
Je prends la relève (Город принял, 1980). Je n’ai pas lu ce roman. La traduction est de Jean-Pierre Dussaussois, avec la collaboration de Jean-Georges Synakiewicz. Les illustrations sont de Constantin Pobiédine.
1991
Dernière année d’existence des éditions Radouga en tant qu’éditions en langues étrangères, 1991 ne voit la parution que de deux romans policiers. Le premier est toujours des frères Weiner: Moi, enquêteur… (Я, следователь…, 1972). Je ne l’ai pas lu. La traduction est de Jean-Pierre Dussaussois, les illustrations de Nikolaï Pianykh.
Enfin la collection s’ouvre avec un nouvel auteur, Nikolaï Leonov, avec Attendez mon appel! (Трактир на Пятницкой, 1968). Je ne l’ai pas lu non plus. La traduction est de Jean-Pierre Dussaussois, et les illustrations d’Inna Borissova.
Aventures
Il s’ajoute à tout cela deux titres, Un Cobra sous l’oreiller, de Roman Kim, et Les Voiles écarlates d’Alexandre Grine, parus tous deux sous l’étiquette «Aventures». Ils sont fort rares en France, et je n'ai pu me les procurer qu'auprès d'un vendeur roumain.
Les Voiles écarlates, d'Alexandre Grine, est paru en 1988. C'est un recueil qui contient le roman éponyme, mais aussi les récits Légère sur les flots (autrement connu en France sous le titre: L'Écuyère des vagues), Le Serpent, Le Courroux paternel et Le Commandant du port. Le tout est précédé d'une vie de Grine par Konstantin Paoustovski. Les traductions sont de Catherine Emery, et les illustrations de Piotr Karatchentsev. Que dire, si ce n'est qu'il faut lire Grine et découvrir son univers de rêve éveillé?
Un Cobra sous l'oreiller de Roman Kim, aussi paru en 1988, est un recueil de deux récits de détectives datant des années 1960: Un Cobra sous l'oreiller (Кобра под подушкой, 1960) et Agent spécial (Агент особого назначения, 1962). Le premier est traduit par S. Solheid et le second par E. Avronine. Les illustrations sont de Mikhaïl Molnar. Ne l'ayant pas encore lu, je ne saurais qu'en dire.
21:04 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (0)
01/06/2019
Scheer et Darlton - Perry Rhodan 1 – Opération Astrée
Quand j'étais adolescent, j'avais trouvé dans un vide grenier un volume de la fameuse série allemande Perry Rhodan. Je ne sais plus lequel, mais j'ai le souvenir que ça m'avait bien plu. Plus de vingt ans après, y repensant brièvement, je me suis dit: et pourquoi pas jeter un oeil à cette série fleuve? Comme à l'époque j'étais un peu un collectionneur fou, j'avais déjà sous la main les premiers volumes, dans leur réédition au Fleuve Noir de 1980. Alors allons-y.
Perry Rhodan est un astronaute. Avec trois coéquipiers, il embarque à bord de l'Astrée, le premier vaisseau terrien à aller vers la lune. La mission se déroule très bien jusqu'à ce qu'un phénomène inexpliqué oblige l'appareil à se poser brutalement sur la face cachée de la lune. Avec un de ses camarades, Rhodan prend un rover pour tâcher de rejoindre la face éclairée et de communiquer avec la Terre. Mais en cours de route, ils découvrent un gigantesque vaisseau spatial extraterrestre...
Je sais, c'est le premier volume, en fait la réunion de deux épisodes, et donc forcément, ce n'est pas parfait: c'est valable pour toutes les séries. Mais je dois reconnaître que j'ai failli ne pas aller jusqu'au bout. D'une part parce que c'est très daté, et même en 1961 ce devait déjà l'être. Le récit fait très pulp des années 1920-1930, avec ces héros terriens qui s'en vont bousculer les certitudes de leurs dirigeants, mais aussi des ET, à grand renfort de bravoure et d'audace; eux, les primitifs capables pourtant de soigner un de ces tous-puissants ET atteint d'une leucémie. Car dans l'Empire arkonide, on peut voyager à travers toute la galaxie, mais pas guérir la leucémie. Curieux.
Bref, poussif, vieillot, sans grande surprise.
Je ne suis pas sûr de me lancer dans le tome 2.
10:33 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (2)
01/05/2019
Liu Cixin – Le Problème à trois corps
Lorsqu'on est amateur de science-fiction, il faut reconnaître que l'essentiel des ouvrages lus dans ce genre est le fait d'auteurs anglo-saxons, et, à un degré moindre, d'auteurs francophones. Les auteurs n'existent quasiment pas sur le marché français. Or voici donc un Chinois, Liu Cixin. C'est déjà un phénomène en soit. Mais il n'est pas venu directement de Chine: comme tant d'autres, il lui a fallu l'adoubement, par la grâce d'un autre Liu, Ken, du lectorat américain pour avoir une chance de percer ailleurs, et notamment en Europe. En France, ce sont les éditions Actes Sud qui ont traduit ce roman: Le Problème à trois corps.
L'action démarre en Chine, durant la période la plus dure de la Révolution culturelle. Les différentes factions des Gardes rouges se déchirent, et les milieux intellectuels sont purgés de leurs éléments considérés comme réactionnaires. Le père de Ye Wenjie, une physicienne, est ainsi tué publiquement. Elle-même est déportée en province, contrainte de travailler à de grands chantiers de défrichement, jusqu'à ce qu'un jour elle se retrouve intégrée à une base scientifique secrète, Côte Rouge, un gigantesque radiotélescope expérimental.
Mais l'action se passe aussi de nos jours, là encore dans les milieux scientifiques. De mystérieux problèmes surgissent, empêchant des chercheurs pourtant brillant de travailler. Wang Miao, chercheur dans le domaine des nanomatériaux, voit par exemple s'afficher perpétuellement un compte à rebours l'intimant de cesser toute recherche dans son domaine. D'autres chercheurs sont morts: on dit qu'ils se sont suicidés.
Voilà donc un roman qui est arrivé sur le marché comme LE grand truc qu'il faut lire, au point même de décrocher un prix Hugo en 2015. Un prix Hugo, donc américain, à un auteur non-anglo-saxon, qui plus est chinois, c'était tout de même un signal fort.
De fait, c'est un roman intéressant, farci d'idées parfois vertigineuses. La lecture en est aisée, et on tourne les pages facilement. Mais à mes yeux, ce n'est pas un grand roman. Sur le fond, par exemple, il n'est pas tout à fait neuf. Le postulat de scientifiques empêchés de travailler par un puissance autre, supérieure (extra-terrestre?) est strictement le même que celui de Un milliard d'années avant la fin du monde, d'Arkadi et Boris Strougatski. Durant toute la lecture je n'ai pu m'empêcher de penser que Liu Cixin s'est inspiré de ce texte. On notera par ailleurs que du point de vue du ton, ce roman de science-fiction chinoise aurait très bien pu être soviétique: on n'y trouvera pas de sexe, pas de violence gratuite, pas de jurons.
Mais là où les Strougatski livrent un récit dense, court, et ouvrant sur une fin vertigineuse, Liu se veut moderne, en produisant un texte épais croisant les fils narratifs. Et c'est là un des défauts du roman chinois: en croisant le destin de plusieurs personnages pourtant intéressants, il les survole du point de vue psychologique, et seule Ye Wenjie possède un semblant d'épaisseur. De plus, si les fils narratifs se croisent, il n'empêche que la progression de l'intrigue est totalement linéaire: les flash-backs n'interviennent que lorsqu'ils sont strictement nécessaire à l'intrigue se déroulant dans le temps présent. Et du coup, pour certain, leur insertion dans la narration est plutôt artificielle.
Bref, ce n'est pas un grand roman, il n'en reste pas moins un bon roman qui aura eu le mérite de susciter mon intérêt pour la science-fiction venue de Chine, moi qui pour l'instant n'avait lu que les bandes-dessinées de Zhang Xiaoyu.
13:23 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (2)