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01/12/2018

John Varley - Gens de la Lune

Varley.jpgJ’ai toujours adoré les nouvelles de John Varley, mais bizarrement je n’avais encore jamais osé me frotter à un de ses romans. Alors pourquoi pas essayé avec Gens de la Lune, paru en 1999 dans la défunte collection Présence du Futur ?

Dans un futur relativement proche, des extraterrestres dont on ne sait (et ne saura) rien, ont éradiqué toute présence humaine sur Terre. À la suite d’une évacuation en catastrophe, ce qui reste de l’humanité a colonisé divers corps du système solaire, dont la Lune. On y a alors installé de vastes cités souterraines, vivant quasiment en autarcie. Des décennies, et même des siècles, ont passé, et le portrait qu’offrent ces villes au début du roman est édifiant : les gens sont plus ou moins oisifs, les travaux de gestion les plus importants étant effectués par une intelligence artificielle et une minorité de personnes compétentes. On y change de corps comme de chemise, à tel point que la gestion des corps s’y fait de la même manière que celle des vêtements, à grands renforts d’effets de mode, et donc du coup on y change de sexe à volonté, à la faveur, par exemple, d’une crise existentielle, pour prendre un nouveau départ. Ces mêmes corps sont reconstructibles à volonté, et les acteurs ou les sportifs n’ont plus besoin d’avoir peur des éventuels risques : qu’importe si un de leurs bras est arraché dans le feu de l’action, on le reconstruira. Ah, et on s’y régale de steak de brontosaure.

Délire complet ? Non.

Le futur offert par John Varley n’est qu’une extrapolation intelligente sur ce qu’est déjà notre présent, et son portrait de ce qu’on pourrait appeler des « végans du futur », par exemple, est édifiant. On suit au fil des pages la vie quotidienne d’Hildy Johnson, un (bientôt une) journaliste, toujours à l’affut du moindre scoop. Un journaliste à qui l’IA va bientôt révéler quelque chose de fondamental, dont il n’avait pas le moindre souvenir : une fâcheuse tendance à se suicider. Mais pourquoi vouloir la mort quand on peut vivre plusieurs siècle dans ce qui est présenter comme une sorte d’utopie ?

« Intelligente », j’ai employé le mot plus haut : l’œuvre de Varley l’est assurément. Mais si j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette société à la fois si proche et si étrange, il n’en reste pas moins que ce roman est tout de même un brin trop long et aurait gagné à perdre quelques pages. Il faut aussi noter la traduction de Jean Bonnefoy, dont on peut se demander si elle est tout à fait fidèle tant elle abuse d’expressions pour le moins franchouillardes – sans compter ses horripilantes notes de bas de page.

Bref, je retenterai bien autre chose de Varley, mais pas tout de suite.

John Varley - Gens de la Lune

Varley.jpgJ’ai toujours adoré les nouvelles de John Varley, mais bizarrement je n’avais encore jamais osé me frotter à un de ses romans. Alors pourquoi pas essayé avec Gens de la Lune, paru en 1999 dans la défunte collection Présence du Futur ?

Dans un futur relativement proche, des extraterrestres dont on ne sait (et ne saura) rien, ont éradiqué toute présence humaine sur Terre. À la suite d’une évacuation en catastrophe, ce qui reste de l’humanité a colonisé divers corps du système solaire, dont la Lune. On y a alors installé de vastes cités souterraines, vivant quasiment en autarcie. Des décennies, et même des siècles, ont passé, et le portrait qu’offrent ces villes au début du roman est édifiant : les gens sont plus ou moins oisifs, les travaux de gestion les plus importants étant effectués par une intelligence artificielle et une minorité de personnes compétentes. On y change de corps comme de chemise, à tel point que la gestion des corps s’y fait de la même manière que celle des vêtements, à grands renforts d’effets de mode, et donc du coup on y change de sexe à volonté, à la faveur, par exemple, d’une crise existentielle, pour prendre un nouveau départ. Ces mêmes corps sont reconstructibles à volonté, et les acteurs ou les sportifs n’ont plus besoin d’avoir peur des éventuels risques : qu’importe si un de leurs bras est arraché dans le feu de l’action, on le reconstruira. Ah, et on s’y régale de steak de brontosaure.

Délire complet ? Non.

Le futur offert par John Varley n’est qu’une extrapolation intelligente sur ce qu’est déjà notre présent, et son portrait de ce qu’on pourrait appeler des « végans du futur », par exemple, est édifiant. On suit au fil des pages la vie quotidienne d’Hildy Johnson, un (bientôt une) journaliste, toujours à l’affut du moindre scoop. Un journaliste à qui l’IA va bientôt révéler quelque chose de fondamental, dont il n’avait pas le moindre souvenir : une fâcheuse tendance à se suicider. Mais pourquoi vouloir la mort quand on peut vivre plusieurs siècle dans ce qui est présenter comme une sorte d’utopie ?

« Intelligente », j’ai employé le mot plus haut : l’œuvre de Varley l’est assurément. Mais si j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette société à la fois si proche et si étrange, il n’en reste pas moins que ce roman est tout de même un brin trop long et aurait gagné à perdre quelques pages. Il faut aussi noter la traduction de Jean Bonnefoy, dont on peut se demander si elle est tout à fait fidèle tant elle abuse d’expressions pour le moins franchouillardes – sans compter ses horripilantes notes de bas de page.

Bref, je retenterai bien autre chose de Varley, mais pas tout de suite.

05/10/2018

Estelle Faye - Un éclat de givre

Faye.jpgUn Éclat de givre d'Estelle Faye (2014) porte assez mal son nom... enfin d'un premier abord. Car il faut chaud, très chaud dans le futur que ce roman nous propose. La fin du monde a eu lieu, Paris est isolée, son périphérique est devenu un marécage truffé de vieilles mines, et la banlieue, transformée en territoires agricoles, la nourrit péniblement. Ce Paris surpeuplé se veut cependant encore civilisé: on y maintient quelques vieilles institutions, et on y trouve toujours des cafés-concerts, plus ou moins vétustes.

Chet, le soir, est un chanteur de jazz travesti au coeur d'artichaut mais éternel célibataire. Et le jour, il exécute quelques missions plus ou moins dangereuses. Et voilà qu'un frelot, un des cultivateurs de la banlieue, vient justement lui en proposer une: retrouver un dealer. Un dealer qui propose une nouvelle drogue.

Nous voilà donc avec entre les mains un roman post-apocalyptique. Quelque chose de banal, a priori. Mais alors que d'ordinaire dans ces romans, on nous propose un paysage parsemé de villes dévastées et dépeuplées, Estelle Faye, elle, se concentre sur une ville surpeuplée. Et c'est déjà une première originalité. La deuxième originalité est qu'il ne faut pas plus de quelques dizaines de pages pour se rendre compte que ce roman ne s'occupe pas d'être crédible. Paris est isolée, mais on y trouve des raviolis aux crevettes, de même que la Seine coule toujours alors qu'on sait que les environs sont parcourus de failles qui fissurent le sol jusqu'à de grandes profondeurs. On se rend vite compte aussi que certains événements surgissent trop bien, sans raison crédible, comme l'apparition du chef des frelots dans les sous-sols de la ville pile quand les deux aventuriers y passent.

Mais peu importe: le fait est qu'Un Éclat de givre est en fait un roman particulièrement onirique, qui semble écrit au fil de la plume pour coucher sur le papier un rêve chargé d'étrangetés, décomposé en une suite de scène qui nous font découvrir la nouvelle géographie de la ville. Et cette plume est belle, tandis que l'imagination d'Estelle Faye est particulièrement riche. On se retrouve au final avec un roman qui se lit d'une traite et qui laisse de belles images dans dans la tête.