20/09/2019
William Camus et Jacky Soulier - Le Péril vient de la terre
Dans un futur qui pourrait être proche, le monde est toujours divisés en deux blocs politiquement opposés. Grâce au nucléaire, il n'y a plus de crise énergétique, mais en raison de l'emploi de sur-générateurs, on observe une augmentation considérable de la production de déchets non-recyclables. Une solution a donc été trouvée: on les enferme dans de gros cylindres de bétons que d'immenses barges vont déverser au-dessus des fosses océaniques, dans des mers déjà si polluées qu'on n'ose plus y pêcher le moindre poisson. Basile est le capitaine d'une de ces barges, mais son métier le dérange de plus en plus, d'autant plus que pour manipuler les cylindres, on utilise des servants, des créatures humanoïdes d'une docilité remarquable.
Au fond de la mer, Argo est un jeune Tlante qui va bientôt se marier. Mais voilà qu'on découvre non loin de sa cité des quantités phénoménales de cylindres visiblement manufacturés. Après une phase d'étonnement, on se décide à employer ces cylindres comme matériau de construction...
William Camus est un auteur qui a publié dans les années 1970 et 1980, seul ou avec d'autres auteurs tels que Jacky Soulier, une dizaine de romans pour la jeunesse dans lesquels le message écologique était déjà très fort. J'avoue d'ailleurs avoir été profondément marqué, lors de mon arrivée au collège, par la lecture de son Robots. Historique de la robotique mobile du XXIème au XXVème siècle. Mais je ne connaissais pas ce petit roman, Le Péril vient de la terre (1981, Bordas), qui est en fait le premier tome d'un diptyque. Et ma foi, c'est fort sympathique. Le récit est bien construit, et s'il ne contient aucune réelle surprise, il amène les choses de façon intelligente. Trente huit ans après sa première parution, il est hélas toujours d'actualité. Il me reste donc à me procurer le deuxième tome.
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04/08/2019
Jean Hegland – Dans la Forêt
Elles sont deux soeurs, Eva et Nell, encore adolescentes et vivant dans une forêt de Californie, avec leurs parents. Lui est professeur dans une école, elle est une ancienne ballerine qui pratique maintenant l'art de la tapisserie. Mais le système économique américain s'effondre petit à petit. Régulièrement l'électricité est coupée, avant de disparaître complètement. Puis vient le tour du téléphone. Et quand finalement il n'y a plus d'essence, la petite famille se retrouve coincée à cinquante kilomètres de la ville la plus proche.
Puis la mère meurt d'un cancer. Vient ensuite le tour du père, victime d'un accident de tronçonneuse. Et voilà les deux jeunes femmes isolées dans une maison en bois devenue trop grande pour elles. Deux soeurs qui durant les premiers mois vont vivre sur les réserves constituées par leur père, ne faisant qu'espérer le retour de l'électricité. Un retour qui ne viendra jamais.
Joliment écrit, Dans la Forêt de Jean Hegland est un roman apocalyptique atypique. Il est peut-être aussi l'un des plus réalistes que je connaisse. Foin ici de zombies, de radiations, de gangs ultraviolents en moto. Ici, on est dans l'intime, la forêt constituant une barrière quasi-impénétrable grâce à laquelle Eva et Nell finissent par ne plus recevoir le moindre écho du monde.
Le portrait dressé de ces adolescentes est lui aussi réaliste. On ne trouvera pas ici de ces sempiternels adolescents rebelles qui sauvent le monde. Non. Eva et Nell sont des modèles de ces adolescentes typiques qui ne vivent que pour elles-mêmes, promettant sans cesse de l'aide à leurs parents sans jamais finalement se bouger. L'une passe son temps à danser, même s'il n'y a plus de musique, et l'autre à rester collée à son encyclopédie, ne désespérant pas d'intégrer un jour Harvard. Rien d'autre n'a d'importance. Et tant pis si le toit fuit, tant pis si le potager devient un bordel sans nom. Plus d'une fois, je me suis pris à me demander: "mais quand donc vont-elles enfin se sortir les mains des poches, ces deux idiotes?" Mais qu'aurais-je fait, moi, dans cette situation? N'aurais-je pas pensé non plus sans cesse "Ils vont remettre le courant", avant de continuer à écrire sottement des articles de mythologie comparée? Bref, ce qui est agaçant au départ, car assez peu romanesque, est en fait une réalité.
Ce qui l'est moins, ce sont certains artifices utilisés par l'auteur pour faire progresser son récit. Tout d'abord l'apparition temporaire d'Eli, le chéri fantasmé de Nell, puis le viol d'Eva par un inconnu. Tout cela tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, et aide l'auteur à bâtir une sorte de rejet des hommes quels qu'ils soient, et à pousser ses personnages à un retour à la terre aussi stupide que vain.
Mais au-delà de ces défauts de structure et de fond, il reste de belles qualités d'écriture, qui font de ce premier roman quelque chose d'intéressant.
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28/07/2019
Paul Kearney – 10000
Dans un monde imaginaire, deux frères se querellent pour la souveraineté d'un immense empire regroupant des dizaines de peuples. L'aîné a obtenu la royauté, mais le cadet n'entend pas se laisser rabattre. Il se rebelle, et pour se constituer une armée puissante, il recrute 10000 soldats machts. Les Machts sont un peuple libre, vivant au delà de la mer. Rebelles à toute forme de pouvoir royal, ils vivent en démocratie, ce qui ne les empêche pas de se faire régulièrement la guerre en eux. Mais en temps de paix, ils se louent comme mercenaires. Des mercenaires redoutables, à la discipline d'acier.
10000 d'entre eux, accompagnés de milliers de gymnètes – les jeunes, ou ceux qui n'ont pas de panoplie complète et vont devoir servir de troupes légères et de serviteurs – débarquent donc. Fer de lance de l'armée rebelle, ils s'enfoncent jusqu'au coeur de l'empire. Mais lorsque le prince qu'ils servent est tué au combat par son frère, toute cette armée se débande. Et eux sont contraints de revenir seuls jusqu'à le mer, poursuivi par l'immense armée royale.
Ça ne vous rappelle rien? Non? Si? Un petit effort.... L'Anabase, de Xenophon. 10000 - Au cœur de l'empire se présente comme un roman de fantasy de Paul Kearney (oui, de la fantasy: il y a une carte et un glossaire, inutile d'ailleurs), mais c'est juste un rhabillage à l'américaine de l'antique récit grec, avec juste les noms vaguement changés et quelques détails civilisationnels ajoutés pour faire croire en un autre monde. Mais les Machts sont bien des hoplites, bien des noms ont une consonance grecque (la palme revient au jeune arrogant nommé... Aristos).
Alors j'avouerai volontiers que ça se lit bien: c'est du parfait roman d'atelier d'écriture américain, avec ses multiples personnages, son sens de la narration efficace, qui fait que c'est une lecture idéale en temps de canicule, quand on n'a pas plus de trois neurones à mobiliser.
Mais au final, c'est tout de même très vain, et ça m'a plus donné envie de relire l'Anabase qu'autre chose.
09:23 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (0)