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28/09/2011

Jack Vance - Les Cinq rubans d'or

Rien de tel après un petit Vance, qu'un autre petit Vance. Son premier roman, a priori, Les Cinq rubans d'or, datant de 1950 mais publié en français seulement en 1984, chez Presses Pocket.Vance.jpg

Paddy est un aventurier, pour ne pas dire un voleur, un type qui, sans être une brute, n'a jamais froid au yeux, bref un Irlandais pur et dur. Mais voilà qu'il s'est mis en tête de subtiliser le secret technique de l'ultrapropulsion. Il faut dire que les descendants du découvreur de l'ultrapropulsion, les Langtry, le gardent jalousement et rationnent ainsi la production de moteurs. C'est bien sûr l'appât du gain qui motive Paddy, mais il va vite être rattrapé par d'autre considérations, nationales si l'on peut dire, lors qu'il va tuer par accident les cinq détenteurs actuels du secret.

Un petit roman, donc, mais fort sympathique. Vance a su créer un univers cohérent: les descendants de Langtry ont peuplé cinq mondes, y ont muté - chacune des cinq populations acquérant un physique adapté à sa planète et n'ayant souvent plus d'humain que le nom -, et ces cinq mondes dominent l'ensemble des autres, du fait qu'ils sont les seuls à pouvoir produire les moteurs nécessaires aux voyages interstellaires. La Terre est ainsi relevé au rang de planète sous-développée (de Tiers-Monde pourrait-on dire), méprisée de tous.

Et pour développer son récit, Vance dote vite Paddy d'une associée, Fay, membre d'une mystérieuse Agence Terrienne, et qui sur bien des points se révellera supérieure à cet Irlandais à la tête dure farcie de clichés machistes. Ce duo en évoque clairement un autre, bien connu en France: celui de Valérian et Laureline! Et c'est avec le même bonheur que l'on peut aussi bien lire les aventures de Paddy et Fay, que celles des personnages de Christin et Mézières.

18/09/2011

Roland C. Wagner - La saison de la sorcière

Que dire de ce court roman de Roland Wagner, paru initialement en 2003? D'abord que dans sa version poche il dispose d'une très chouette couverture de Benjamin Carré, bien plus sympathique que celle de la version grand format et surtout collant formidablement au texte. Et à vrai dire, c'est elle qui m'a attiré, non pas parce que la nénette est mignonne, mais par le contraste que cette illustration offre entre une sorcière sur un balet et le chasseur à réaction qui la poursuit. Comment, une sorcière, une vraie, chez Roland Wagner, un auteur de SF pur et dur?Wagner.jpg

Tout commence par les mésaventures de quatre pieds nickelés, quatre banlieusards, mi-petits délinquants, mi-chômeurs, mi-zonard (oui, ça fait beaucoup de mi-): Vater Traüm, Lord, Tête de Maure ("Maure", pas "Mort", ça a son importance), et surtout Fric qui sort de 18 mois de prison pour avoir été choppé en train de fumer un pétard. Quatre kékés pas forcément très futés, mais sympathiques qui, par bravade, ont décidé de dépouiller un GI ivre mort. Mais c'est sans compter sur la présence inattendue de deux policiers qui se retrouvent illico ficelés dans un local à poubelles. Et Vater Traüm de revendiquer l'action au nom d'un groupuscule terroriste qu'il vient tout juste d'inventer: le Front de Libération de la Banlieue Parisienne.

Car oui, Paris et sa banlieue, et même toute la France, sont occupées. Par les Américains (les Tazus pour reprendre l'expression argotique en usage). Mieux, avant ce débarquement en force, un ptérodactyle géant a volé la Tour Eiffel. Et la tour de Londres a fondu, et des statues de Mao géantes se sont animées et ont ravagé Pékin. Clairement, dans ce futur proche où les USA sont en position hégémonique, la magie a fait son apparition, et elle est entre les mains de "terroristes".

En voilà un chouette petit roman. Roland Wagner nous fait suivre deux fils conducteurs: les (mes)aventures de Fric, et celle d'une sorcière capturée par l'armée américaine et enrolée de force dans la Brigade des Maléfices, une armée de (pseudo)mages constituée tout exprès pour lutter contre le terrorisme. Et son propos est simple: se livrer à une critique en règle de cet impérialisme des USA, et surtout des doctrines qui ont eu cour (et encore actuellement) sous les Bush père et fils. Avec cela on obtient un roman efficace, drôle et vraiment plaisant à lire, doublé donc d'un propos qui, s'il n'est pas d'une grande finesse, m'est bien sympathique. Avec cela, on a déjà les ingrédients suffisants pour faire une oeuvre populaire de qualité.

Mais c'est sans compter sur l'art qu'à Roland Wagner à parsemer ses récits d'allusions diverses et variées, et qui font mouche quand on sait les repérer. Ainsi le rassemblement des troupes US au Petit-Clamart ne manque pas de sel. De même, l'auteur a su masquer tous ses personnages sous des pseudonymes plus ou moins probables: ça n'est pas pour rien, car leurs origines, du moins celles des quatre banlieusards, nous sont suggérées quasiment à la fin. Une façon de dire dire qu'en banlieue, Arabes, Juifs ou Gaulois ne forment qu'une seule population et que les barrières n'ont pas lieu d'exister. Bref, au-delà du simple aspect divertissant, La Saison de la Sorcière est un roman plus subtil qu'il n'y paraît.

 

Et au final, fantasy ou SF, on s'en fiche.

 

14/09/2011

Paul Hanost - Le Livre des étoiles

Et bien voilà, un échec. Cela m'arrive rarement, mais je me vois contraint d'abandonner la lecture de ce Livre des étoiles de Paul Hanost (Le Masque - SF, 1977). Impossible de dépasser la page 74, sur 284. Je n'aime pas ça, laisser tomber un livre, mais je n'en peux plus. Hanost.jpg

De quoi est-il donc question? De Sherk, un homme-chat. Si si. Sherk est un hybride, mi-humain, mi-tchirgi, les Tchirgi étant des ET à l'apparence de chat anthropomorphes. J'avoue que la fascination des écrivains pour les chats me dépasse, mais là, on atteint un sommet, avec un personnage doté évidemment de griffes rétractiles, d'yeux fendus, d'un pelage doré, etc. Il faut dire que Hanost se complet dans la description de Sherk.

Sherk est esclave. Mais évidemment il va s'échapper de là où il est employé, et se faire mercenaire, et tout ça. Une histoire très originale, si si, même qu'on n'a jamais vu ça depuis... au moins Conan le Barbare, c'est dire. Parce que même s'il s'agit de space opera, on a le droit à l'esclave employé dans une mine, avec des gardiens sévères, des séances de fouet, etc. Pire: les méchants y sont sodomite. C'est leur grande passion: les plus forts sodomisent les plus faibles. Et ces plus forts sont les gardiens, évidemment, d'autres esclaves, et même les chiens de garde! Si si: "Peut-être serait-il d'abord livré aux chiens. Certains esclaves racontaient que les molosses violaient les captifs, usant d'eux comme ils le faisaient de leurs congénères quand ils n'avaient pas de femelles" (p. 35). Avouez que l'image d'un homme-chat sauvagement monté par un molosse, ça ne manque pas de sel...

Et lorsque que Sherk vient à croiser une antique race méconnue (et Hanost, comme Howard ou Brackett, ou Burroughs, compte en million d'années, histoire de faire vraiment antique), comble de malheur, ses représentants sont d'une beauté physique remarquable, d'apparence féminine, sauf que... "il avait compris, ces êtres étaient des hermaphrodites dégénérés [...]". On l'aura compris: Le Livre des étoiles, même si on y décrit avec complaisance, comme je l'ai déjà dit, le physique adolescent de son héros, ça n'est pas de la littérature de tapette.

Bon, mais tout cela ne m'aurait pas empêché d'en continuer la lecture, si le propos (si on peut parler de propos), n'était servi par une préciosité pachydermique. Du lourd, du très lourd. De l'écoeurant.

Allez, zou, à la cave. Et au suivant.

Et dire que Hanost avait prévu trois suites à la chose. Jamais publiées, heureusement.