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19/08/2015

Oleg Riaskov - Fantassins

fantassins-dvd.jpgRéveillons un peu ce blog, en cette fin de vacances, avec un film russe, Fantassins (de son titre original: Serviteur du Souverain) d'Oleg Riaskov (2007). 

Un film fort sympathique, façon Alexandre Dumas adapté par André Hunebelle, quoi qu'en plus saignant. Deux nobles de la cour de Louis XIV, le comte de la Bouche et le chevalier de Brezé, se sont battus en duel pour une dette de jeu et l'amour d'une demoiselle. Or le roi a pris les duels en haine et se décide à punir comme il faut les deux combattants par un exil au fin fond de l'Europe "barbare". Le comte de la Bouche est envoyé comme observateur auprès de Charles XII de Suède, tandis que de Brezé devra rejoindre Pierre le Grand, en Russie. 

Mais Charles XII a envahi la Russie, et les deux souverains vont se livrer bataille à Poltava.

Qu'on se rassure: Fantassins n'est pas vraiment un film de guerre. C'est un film d'aventure qui narre les déboires d'un courtisan, fin bretteur cela-dit, en Pologne puis en Ukraine, auprès de gens (Polonais, Russes, Ukrainiens) dont il ne comprend pas un traître mot, puisqu'il ne parle que français. Mais il va se lier d'amitié avec un capitaine de la garde qui va le conduire tant bien que mal à bon port.

Le film n'est pas un chef d'oeuvre, mais il remplit bien son office en étant distrayant, humoristique quand il le faut, servi par des acteurs convaincants. Le contraste entre le noble courtisan et le milieu dans lequel il se retrouve plongé est vivement rendu et sert à justifier la volonté réformatrice de Pierre le Grand, exprimée à la fin du film. Bref, un parfait film de cape et d'épées, comme on disait il n'y a pas si longtemps, et qu'on est maintenant bien incapables de faire en France.

On notera juste qu'historiquement, il y a parfois quelques distorsions: comme justifier par exemple que lors de la bataille de Poltava il n'y ait pas le moindre cosaque, alors que leur rôle, dans les deux camps (la célèbre de lutte de Palei contre Mazepa) a été déterminant?

Un mot maintenant de la traduction. Et là, ce sera plutôt un coup de colère. 

Comme d'habitude hélas en France, ce film nous arrive avec une traduction de l'anglais. Parfois ça passe, parf
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ois pas. Or ici, on accumule les contresens, les approximations, voire les erreurs. Pas de bol: pour une fois, les sous-titres sont signés. Donc, madame Brigitte Badier, vous qui traduisez de l'anglais, vous étiez incompétente pour travailler sur ce film. Vous auriez dû au mieux refuser de le faire, ou au pire, si vous aviez vraiment besoin d'argent, éviter que votre nom apparaisse. Alors tant pis, ça vous tombe dessus, mais j'en ai raz le bol que le cinéma russe, même s'il est populaire, soit systématiquement salopé à ce niveau.

09:22 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0)

24/12/2014

Nonzee Nimibutr - Pirates de Langkasuka

Queens.jpgTiens, c'est la vacances, j'ai envie de réveiller ce blog, avec un film de fantasy venu de Thaïlande. Difficile de faire plus improbable, et pourtant... Même si on s'attendrait à un navet asiatique plein de kung fu, il faut bien avouer que ce Pirates de Langkasuka (en fait Les Reines de Langkasuka) est une réussite dans son genre. Quel genre? Je n'en sais rien. Film de pirate, de kung fu, d'action basique, de fantasy, d'aventures, tout cela à la fois. 

Nous sommes au XVIe siècle. Le sud de la Thaïlande et la Malaisie forment une zone à la croisée des civilisations. Si le secteur est encore hindouiste, l'Islam frappe à la porte, les commerçants chinois sont fréquents, et les aventuriers hollandais tâchent de développer les activités de la Compagnie des Indes. Langkasuka est un petit royaume maritime, dirigé par une reine, et perpétuellement l'objet d'attaques de pirates dû à un certain Rawai, secondé par un sorcier nommé le Corbeau Noir. Ce sorcier est adepte d'une magie qui permet de contrôler les forces de la mer. 

the_queen_of_langkasuka.jpg

La reine de Langkasuka obtient d'un Hollandais deux puissants canons qui doivent rendre sa citadelle imprenable, mais le navire de celui-ci est coulé, et seul survit l'assistant chinois du Hollandais, véritable Léonard de Vinci asiatique. Celui-ci s'installe dans un petit village côtier, et s'y amuse durant des années à travailler à diverses inventions, telles qu'une sorte de deltaplane ou des palmes de plongée.

lunggasuka-01.jpg

Mais voilà que l'activité des pirates reprend. Aussi le Chinois emmène-t-il son neveu auprès d'un ermite, maître de la magie de la mer, pour que celui-ci en fasse son disciple.

Langkasuka 6.jpg

Quelques années plus tard, la situation n'a que guère changé. Le Chinois et son neveu participe à une sorte de guérilla contre les pirates, mais le village finit massacré par ceux-ci. L'heure de la vengeance a sonné.

Langkasuka 7.jpg

Vous l'aurez compris, ce film n'est pas un fleuron de psychologie. Mais son intérêt se place ailleurs. C'est un film de pure détente, qui, durant deux heures, produit efficacement son lot d'aventures et de dépaysement. Le cadre et l'époque, déjà, sont pour nous, Occidentaux blasés, originaux. Mais surtout, ce film se place dans la lignée des anciens péplums hollywoodiens ou italiens des années 50/60. L'image est superbe, très colorée – quand les homologues américains actuels de ce genre de films sont grisâtres. On en prend plein la vue.
Alors oui, c'est plein de défaut. C'est une évidence: ce film n'a pas le budget d'une production hollywoodienne, et cela se ressent parfois dans les effets numériques. Le propos est souvent naïf, et un brin manichéen, même si un personnage, le maître magicien, se révèle très intéressant.

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Mais peu importe: comme je l'ai dit, c'est là le strict équivalent des anciens péplums. Vous avez aimé le Colosse de Rhode de Sergio Leone ou même, soyons fou, Jason et les Argonautes de Don Chaffey, vous avez de bonnes chances d'aimer ce Pirates de Langkasuka.

13/02/2013

Alexandre. La Bataille de la Neva

alexandre.jpgAllez, un peu de cinéma populaire russe, avec un film de 2008, Alexandre. La Bataille de la Neva (Александр. Невская битв), de Igor Kalenov. Sorti directement en DVD en 2012, il montre une fois de plus que ce que la Russie exporte encore de mieux en matière de cinéma, en dehors de ce que font les grands réalisateurs comme Sokourov, ce sont les films historiques privilégiant le Moyen Âge et portés sur l'action. 

Cet Alexandre n'est pas, même si on pourrait le penser, un remake du chef d'oeuvre d'Eisenstein, Alexandre Nevski, puis que ce nouveau film se propose de montrer les premières années de règne du jeune prince de Novgorod, quelques années avant sa fameuse bataille contre les chevaliers teutoniques. Novgorod au XIIIe est la seule principauté à n'avoir pas été vaincue par les Mongols et Tatars, même si elle paie un tribut à la Horde, et cette situation lui vaut bien des soucis. Ses boyards, riches marchands, veulent s'allier aux Suédois et aux Allemands pour chasser les Tatars, au risque de devoir se convertir, tandis qu'une partie de la noblesse, incarnée par Alexandre, entend temporiser avec la Horde pour repousser d'abord les envahisseurs catholiques. Cet aspect des choses est très bien mis en valeur dans le film, et de façon claire sans être trop didactique. Ceci entraine cependant un assez fort penchant aux discours prosélytes, sur "la foi orthodoxe seule foi de nos pères", qui, à nos oreilles françaises, peut sembler parfois bien lourd. Mais passons.

Alexandre n'est pas un film sans défaut, loin de là. Il s'ouvre et se clôt sur des scènes de bataille, et ni l'une ni l'autre n'est regardable tant la caméra virevolte dans tout les sens sans nous laisser le temps de rien voir. Un choix artistique regrettable car à côté de cela la production avait fait le choix, à l'heure du numérique, de filmer l'ensemble en décors naturels et avec quelques centaines de figurant, ce qui donne à l'image un cachet de réalisme devenu de nos jours particulièrement rare.

Le jeu d'acteur, quant à lui, est plat - mais il faut dire que les personnages sont toujours à la limite de la caricature - et Anton Pampouchniy, qui incarne Alexandre, est carrément monofacial: peut-être était-il mécontent de sa paie, mais durant tout le film il nous sert le même regard sévère, la tête légèrement baissée. Tout le temps, même lors du mariage du prince.

Malgré tout, il ne s'agit pas d'un navet. On ne s'ennuie pas, on se surprend même à apprécier quelques (trop rares) plans vraiment réussis et que l'on peut qualifier de beau. Autrement dit, Alexandre. La bataille de la Neva est un petit film idéal pour les après-midi pluvieuses.

Reste maintenant - une fois de plus HELAS - à parler de la version française. Le DVD vendu en France ne comprend pas de version originale russe: il ne nous est servi que la version doublée, mal doublée d'ailleurs, par des acteurs qui n'ont pas du être payés bien cher non plus. Cette absence se justifie simplement parce qu'une fois de plus, la traduction a été faite à partir de la version anglaise, et mal faite d'ailleurs - on a le droit par moment des choses à la limite de la cohérence. Evidemment, le tâcheron qui a fait le travail ne connaissait rien au russe et encore moins à l'histoire russe. Ainsi nous sert-on dès le départ des "territoires slavons", prononcé à l'anglaise "slavonnes", sans doute pour slavonic territories, "territoires slaves". Le prénom Gavrilo devient Gravila. Mikhaïlo devient Michaïlo. La ville russe de Torjok devient Torzok, évidemment à cause de la translittération anglo-saxonne Torzhok. Autrement-dit, faisons bref: du boulot de merde. Comme d'habitude, maintenant, avec les DVD de films russes distribués en France.

18:42 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (2)