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01/05/2011

Technotise: Edit i ja

Je sais, le titre de cette note peut sembler un peu barbare, mais il s'agit tout simplement de celui d'un film d'animation serbe d'Aleksa Gasić sorti en 2009 (en Serbie du moins), et qui est pour le moins intéressant.

Technotise_i_Exit_Small1.jpg

 

Nous sommes en 2074. Edit est une étudiante qui peine à réussir ses examens, malgré ses multiples tentatives de tricherie. Parallèlement, elle est employée par un centre de recherche: elle doit veiller sur un ancien mathématicien, qui, suite à un incident, semble être plongé dans une forme d'autisme. Sauf que petit à petit, Edit a le sentiment d'être victime d'allucinations. Est-ce en rapport avec le programme de prédiction du futur qu'Abel, le mathématicien, était censé développer?

Technotise est l'adaptation à l'écran d'un comic serbe du même titre (oui il existe des comics serbes, et même que l'ex-Yougoslavie a donné au monde de la BD pas mal de bons dessinateurs). C'est sans doute ce qui explique l'apparence des personnages, très américaine. C'est sans doute aussi pourquoi on a souvent l'impression d'être face à une bande-dessinée animée. La faute à l'animation? Sans doute un peu, car ce film souffre du même défaut que nombre de dessins-animés français par exemple (qui ont le même niveau de production), à savoir que les décors sont souvent somptueux, mais l'animation des personnages parfois déficiante (qu'on songe dans le genre à l'autrement très bon Corto Maltese).

Bref, nos camarades serbes ont usé pour ce film d'un technique qui se rapproche de celle de certains films d'animation japonais, notamment ceux de Mamoru Oshii, à savoir l'incrustation de personnages en 2D dans un univers en 3D. Et ici le résultat est très surprenant: il faut bien avouer que c'est souvent très beau et imaginatif. Alors peut-être que le scénario manque un peu d'originalité, mais il est cohérent et bien mené. Technotise: Edit i ja reste au final un bon film, qui permet régulièrement d'en prendre plein la vue sans avoir la sensation de perdre son temps, bien au contraire.

Et cerise sur le gâteau: a défaut d'avoir un DVD en distribution internationale (hélas!), l'équipe serbe a mis son film en libre accès sur Youtube, en haute définition, et avec plusieurs choix de sous-titres dont l'anglais (mais pas le français, hélas encore).

C'est ici, et c'est vraiment à voir:

http://www.youtube.com/watch?v=FcGTUaG930U

Le site officiel du film (avec la BO à télécharger gratuitement):

http://www.technotise.com/index.html

31/12/2010

Cliff Martinez - Solaris

Drôle de personnage que Cliff Martinez. D'abord batteur pour Captain Beafheart, Lydia Lunch ou les Red Hot Chili Peppers, il s'est tourné en 1989 vers la composition de musiques de films, avec la bande originale de Sexe, mensonges et vidéo, de Steven Soderbergh.

Et en 2002, il va à nouveau s'associer à Soderbergh pour composer la musique de son remake de Solaris, une BO qui ne sera publiée que deux ans plus tard.

solaris.jpg

Avec Solaris, Soderbergh s'attaquait à un très grand film d'Andreï Tarkovski, un film des années 70, dont toute l'iconographie, la symbolique, date de ces années. Soderbergh a évidemment choisi de moderniser son image: ses cosmonautes sont des années 2000. Cliff Martinez, lui, a fait le pari inverse: le film de Tarkovski était servi par la musique d'Edouard Artemiev, une des maîtres russes de la musique électronique (qui oeuvrera sur la plupart des films de Tarkovski, puis sur ceux de Nikita Mikhalkov). Martinez va donc faire le choix de sonorité qui feront très "Krautrock".

Mais il le fait d'une manière surprenante: il emploie un orchestre classique, augmenté de steel drums des Caraïbes, d'ondes Martenot et de cristal Baschet. Le tout donne une musique absolument accoustique, mais pourtant aux sonorités très électroniques, qui font singulièrement penser à la musique d'Artemiev bien sûr (essentiellement celle pour Stalker), mais aussi à Ash Ra Tempel, période Le Berceau de Cristal ou Inventions for Electric Guitar.

Le tout ne sonne pour autant pas daté: Martinez rend hommage a toute cette musique longtemps décriée ("ah! ces longs solos sopporifiques!") mais qui a pourtant largement révolutionné notre paysage sonnore. De cette musique, il garde le calme envoutant, mais aussi l'inquiétude permanente: ses musiques dégagent presque de l'angoisse. Il rend hommage, donc, et en même temps parvient à faire du neuf.

Allez, sans plus attendre, quelques exemples de cette magnifique (et trop courte) musique de film: