25/01/2020
Henri Decoin - L'Affaire des poisons
1670. Une femme est emmenée au bûcher en place de Grève à Paris. Son crime? Elle serait une empoisonneuse. Cette exécution est suivie par deux femmes que tout oppose: Madame de Montespan, maîtresse du roi Louis XIV, et la Voisin, une sorcière qui fournit les dames de la cour en prévisions astrologiques, en philtres... et en poisons.
Elles ne se connaissent pas encore. Mais la première finira par faire appel à la seconde, car une jeune femme est arrivée à la cour et a attiré l'attention du roi.
Tourné en 1955 en Technicolor, L'Affaire des poisons adapte à l'écran une histoire sordide qui marqua les esprits en France à la fin du XVIIe siècle et impliqua des personnalités parfois très haut placées. Ce film d'Henri Decoin bénéficie de décors construits aux studios de Boulogne, d'une image en couleur remarquable pour l'époque, et surtout d'un casting en or. Paul Meurisse en abbé sataniste est extraordinaire, le duo offert par Danielle Darrieux (la Montespan) et Viviane Romance (la Voisin) est remarquable. Pierre Mondy en fin limier de la police n'a qu'un petit rôle, mais il le joue à merveille.
Voilà donc un très bon film qui mériterait clairement une restauration.
14:39 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0)
Gilles Grangier - Le Cavalier noir
Nous sommes en Flandres française, au XVIIIe siècle. Monsieur de Saint-Brissac, le fermier général de l'endroit désespère de capturer un contrebandier, le Comte noir, qui se joue perpétuellement de son capitaine et de ses soldats. Un jour, un noble espagnol, Ramon de Orteba, arrive à son château. Par ruse, ce dernier, qui s'avère être le Comte noir, enlève de Saint-Brissac et l'emmène dans son repère...
Très court film de Gilles Grangier sorti juste après la guerre, Le Cavalier noir est une petite production agréable et divertissante, sous réserve que l'on supporte l'opérette filmée et la voix de Georges Guétary. Film sans prétention intellectuelle, il est souvent drôle et plutôt bien joué. On en retrouvera d'ailleurs l'influence dans des productions plus tardives, telles que le Mandrin en deux volets de René Jayet (1947-1948), dont le scénario est très similaire, ou dans La Tulipe noire, de Christian-Jaque (1964), où l'on retrouve le duo du gouverneur ventripotent et du capitaine incompétent.
On regrettera toutefois l'aspect vraiment macho du personnage du Comte noir, capable d'abandonner une femme comme une serpillière flasque.
La copie proposée par les éditions Atlas est absolument lamentable: image et son non restaurés, coupures, plans qui virevoltent. À fuir.
14:22 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (0)
Jaco Van Dormael – Le Tout nouveau testament
Dieu existe, il habite à Bruxelles: tel est le slogan du Tout nouveau testament, film belge de Jaco Van Dormael sorti en 2015. Et l'on aurait pu ajouter: "et c'est un parfait connard".
Dieu existe, donc, et de fait, il habite à Bruxelles, dans un appartement sinistre sans porte vers l'extérieur. Son fils J.-C. a réussi à s'enfuir, il y a longtemps. Il ne lui reste alors que sa femme, qu'il contraint au silence et en est réduite à passer ses journées à faire le ménage ou de la broderie, et sa fille, Éa, une gamine qui affiche 10 ans et qui en a marre de son alcoolique de père dont l'unique passe-temps consiste à jouer, en mal, avec l'humanité. Car si Dieu a créé le monde et l'humanité, c'est parce qu'il s'emmerdait.
Après une nouvelle volée de coups de ceinture, Éa parvient à accéder à l'ordinateur de son père: elle en profite pour envoyer à tout le monde sur terre, via des SMS, la date de la mort de chacun. Puis elle s'enfuit...
Étrange film que Le Tout nouveau testament. Étrange et beau film. S'il est clairement iconoclaste, porté sur le blasphème – j'imagine ce que ça aurait pu donner si le film avait été français –, il n'en est pas moins profondément humain, et s'il se moque allègrement de Dieu, il s'intéresse aussi à une demie douzaine de "Marie-Madeleine", des pécheurs, hommes, femmes et enfants, que leur parcours de vie chaotique a transformé en marginaux de la société, chacun à sa manière. Mais tous, au contact d'Éa, véritable candide, "qui n'a jamais croqué une pomme" et qui surtout "n'a jamais pleuré", vont connaître la rédemption.
Film satirique redoutablement drôle, Le Tout nouveau testament est aussi tendre et poétique, servi de très bons acteurs et visuellement très beau. Un bijou.
14:04 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (1)