Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/01/2013

Jean et Doris Le May - La Plongée des corsaires d'Hermos

 

Hermos.jpgLa Fédération Galactique n'est pas un espace uniforme, et si elle s'approche de l'utopie réalisée, il n'empêche qu'il s'y trouve toujours des aventuriers ou des mécontents pour fonder de nouvelles colonies, hors du cadre de la Fédération. Or ces colonies ont besoin de ressources, de matériel, pour se développer. Elles font alors appel à des corsaires - corsaires étant ici un nom bien commode pour couvrir ce qui n'est ni plus ni moins que de la piraterie organisée par des mercenaires.

 

Hermos est un monde en marge de la Fédération. Un monde discret. Et pour cause: il abrite une base forte de 10000 de ces corsaires. Un base parfaitement bien dissimulée, qui se fond dans l'environnement pour échapper aux recherches d'Interco. Ces corsaires armes plusieurs vaisseaux de chasse, qu'ils lancent contre les navires marchands repérés par leur réseau d'infos. Bien entendu la tâche n'est pas sans risque, et toutes les familles d'Hermos ont leur lot de veufs et d'orphelins. 

 

Mais un jour, le capitaine d'un tout nouveau vaisseau décide de tenter une technique révolutionnaire d'approche des proies, technique très risquée, mais qui peut permettre d'épargner bien des vies. Cependant, le risque encouru est considéré comme trop important par ses pairs, aussi est-il écarté du commandement du navire, au profit d'un autre qui poursuivra la longue tradition d'abordage.

 

Du pur space opera d'aventure! Voilà ce dont j'ai besoin de temps en temps. Et avec ce roman paru en 1970, je suis servi. La Plongée des corsaires d'Hermos se classe facilement dans ce qui se fait de mieux dans le genre. Un roman très bien construit, des personnages certes rapidement esquissés mais ayant chacun leur rôle, et de l'aventure, de la belle. Les Le May nous livrent une série scènes spatiales impressionnantes (par exemple la longue attente aux abords d'une comète en voie d'éclatement), dans un langage qui n'a guère pris de ride - la raison en tient sans doute au fait d'une réel économie de termes techniques, très susceptibles de vieillir. Ce roman se lit d'une traite, procurant un plaisir permanent, pour peu qu'on ne cherche pas à voir en lui plus que ce qu'il n'est, à savoir un très bon récit populaire.

 

05/01/2013

Jean et Doris Le May - Solution de continuité

Encore un vieux Le May, du début de leur carrière, avec ce Solution de continuité paru en 1969. Nous sommes ici en présence d'une thématique assez peu abordée par ces auteurs, celle du roman apocalyptique (même si le post-apocalyptique reste un de leurs genres de prédilection).

Le May solution.jpgLa Terre est au bord du précipice: la guerre froide ne s'achève pas, les Chinois arment des missiles nucléaires, tout le monde en est à organiser des exercices militaires, et même les Français voudraient bien du coup pouvoir sortir de l'isolement gaulliste dans lequel ils sont. Fort heureusement (sic!) un événement va mettre fin à tout ce bazar. Une flottille extraterrestre de colonisation passe dans les parages, mais à la suite d'une avarie, l'un des vaisseaux coloniaux (un engin de plusieurs kilomètres de dimensions) percute la Terre. Le choc est, on s'en doute, particulièrement violent, d'autant plus que le vaisseau libère dans l'atmosphère un produit hautement toxique. Bref, tout être vivant de bonne taille qui n'était pas sous l'eau ou sous terre est instantanément tué, tandis que la croûte terrestre subit d'intenses déformations qui font par exemple que le fond de l'océan Atlantique se soulève.

Les autres membres de la flottille extraterretres, horrifiés par ce qui vient de se passer, décident de venir en aide aux survivants - quelques milliers - en leur proposant de les emmener avec eux sur le monde vierge qu'ils vont coloniser.

Solution de continuité nous propose de suivre le destin de plusieurs personnages: un amiral américain, commendant d'un sous-marin, son homologue russe, et un pilote d'essai français, Pierre Grelier, qui sur un coup de tête avait décidé de suivre un groupe de scouts emmené par un curé géologue dans une expédition spéléologique.

Disons-le d'emblée, le début de ce roman est haletant. Ne négligeant aucun détail, les Le May parviennent à nous faire vivre cette catastrophe et ses conséquences avec brio. Malheureusement, l'entrée en scène des extraterrestres donne un sérieux coup de mou à l'intrigue: le contraste entre cette société où tout le monde est beau et gentil sonne artificiel, alors que ce genre de contexte chez ces auteurs est bien venu dans leurs space operas. Mais ils se reprennent vite, heureusement, car quelques inconscients, dont Pierre Grelier, refusent finalement de quitter leur monde et tentent de s'installer dans un paysage quasi-vide qu'il faut reconstruire.

En dépit de ces variations de rythme, de quelques faiblesses psychologiques aussi (toujours au niveau des ET), on se surprend à prendre plaisir à la lecture de ce roman populaire, et même à penser que finalement, avec ses intrigues croisées, il fournirait une base parfaite au scénario d'une bonne série télé!

Solution de continuité surprend aussi par son personnage principal, Grelier, un aventurier pas aussi fort qu'il le voudrait. Il surprend moins par contre en le fait qu'on y retrouve l'éternel questionnement chez les Le May, sur le couple. Tout le monde doit être en couple chez ces auteurs, c'est une thématique forte. Cependant, ce questionnement ici trouve une réponse curieuse. Il est assez fréquent dans la SF post-apocalyptique des années 60-70 que le héros, bon gré mal gré, se retrouve en couple avec une jeune fille mineure (cf. Génocides de Thomas Disch, 1965, ou Les Furies de Keith Roberts, 1966). De fait, Grelier se retrouve d'abord au contact d'une jeune fille de 19 ans... mineure, donc, en 1969 (et même ici carrément infantilisée par Grelier). Mais comme s'ils voulaient faire un pied de nez aux auteurs anglo-saxons, les Le May donneront à leurs personnages un tout autre destin.

25/11/2012

Jean et Doris Le May - Arel d'Adamante

Avec ce petit roman, je retente une plongée dans les Le May des débuts - celui-ci datant de 1968 -, sans aucune certitude donc que ce sera une réussite: ces auteurs n'ont été vraiment bon qu'à partir des années 70.Le May Arel.jpg

La Fédération, en perpétuelle expansion, envoie sans cesse des vaisseaux à la recherche de nouveaux mondes, qu'ils soient porteurs de civilisation ou non. C'est à ce titre que l'Explorateur VIII sillone l'espace, jusqu'au jour où il est victime d'une avarie et s'écrase sur une planète que les naufragés nomment Adamante. Adamante est un monde essentiellement maritime, avec cependant quelques îles intégralement constituées de cristaux géants. Un monde paisible, hospitalier, qui fait que ses colons de fortune, rassurés, plutôt que de se lancer dans l'exploration de ces nouveaux espaces, préfèrent tenter de reconstruire leurs appareils de communication, même si cela doit prendre plusieurs années.

Mais au bout de plusieurs génération, rien n'a vraiment changé. La Fédération n'est plus qu'un lointain souvenir, une légende. Et la colonie est menacée par le fait qu'il naît bien plus de garçons que de filles. Toutefois, les descendants des naufragés ne sont sans doute pas seuls sur ce monde. Une sorte d'écho avait été détecté lors du crash, et le souvenir en avait été préservé. Aussi les Génitrices, les dernières femmes, décident-elles de confier à un groupe de jeunes hommes l'exploration du monde. Tous choisir d'aller sur la terre ferme, seul Arel a le courage de se lancer sur l'océan.

Si l'on avait pu supprimer les 76 premières pages, particulièrement poussives et servant juste à mettre en place le décors, de ce texte, on aurait pu obtenir un sympathique petit roman d'aventures. Hélas, ces pages sont bien là, et il faut souffrir un peu avant d'arriver à l'essentiel, les aventures d'Arel, lesquelles sont fort belles. On devine sous ce texte des thèmes qui reviendront avec bien plus d'éclats dans la production des Le May - on pense aux Landes d'Achernar ou aux Trophées de la cité morte. Et au final on obtient une lecture distrayante, mais sans plus. Mais après tout, c'est juste ce qu'on demandait au Fleuve Noir!