28/09/2019
Jan de Fast - Le Plan de clivage
Le docteur Alan, héros récurrent des œuvres de Jan de Fast, est envoyé par Alpha pour aider un richissime entrepreneur. Cela sort de l'ordinaire, car habituellement, il est supposé aider des planètes entières, mais on lui demande de faire une entorse à la règle car l'entrepreneur en question est à la tête de la principale société de terraformation, et surtout, ça n'est quelqu'un qui a toujours fait preuve de générosité. Alan arrive donc sur la planète privée de l'homme d'affaire, et se retrouve à devoir soigner sa fille. Celle-ci, quelques jours auparavant, a mystérieusement disparu, avant de réapparaître totalement amorphe: vivante, mais sans conscience propre.
Alan doit donc rester durant quelques jours auprès de la belle jeune femme, en compagnie de sa belle-mère, presque aussi jeune, laquelle n'est pas vraiment humaine: elle vient d'un autre monde, mieux, d'un autre univers, une planète qui par le passé a été mystérieusement projetée au-delà d'un plan de clivage.
L'intrigue de Le Plan de clivage (1978) de Jan de Fast, fleure bon à la SF ancienne, celle à la Star Trek, et a tout pour être plaisante. Sa structure est astucieuse et repose sur des problèmes spatio-temporel qui n'auraient pas déplu au capitaine Picard. Mais hélas, ce roman est sans doute écrit un rien trop vite, et la psychologie des personnages n'est que survolée. Pire: on savait le docteur Alan un tantinet fleur bleue, lui qui tombe amoureux dans chacun des romans dont il est le héros. Mais là, il se surpasse: il couche avec quasiment tout ce qui a une paire de seins et une belle chevelure, en amoureux sincère. Ce n'est pas en soit pas bien gênant: on est dans une SF post-soixante-huitarde, qui prône une liberté totale de mœurs. Le hic, est qu'il fait la même chose avec la fille inconsciente de l'homme d'affaire. Celle-ci, véritable pantin, s'offre inconsciemment à lui, et lui ne résiste pas, au contraire. Pire: il est même carrément dépité... parce qu'elle ne participe pas vraiment et se contente de se laisser faire. Bref, il s'agit clairement d'un viol. Voilà un véritable faux pas de la part d'un auteur d'ordinaire plutôt progressiste.
Au final, au-delà de cet aspect dérangeant, Le Plan de clivage est un roman plus que mineur, qu'on peut oublier sans regret.
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21/09/2019
Olivier Bérenval - Nemrod
Dans un futur très lointain, l'humanité a essaimé d'une étoile à l'autre. De gigantesques vaisseaux, pilotés par des IA, ont permis la colonisation de chaque monde habitable rencontré en y adaptant sa cargaison d'humains aux conditions locales, créant ainsi des "variants", des populations humaines au physique très variable. L'ensemble de ces mondes est placée sous la coupe d'une Communauté. Humains et IA vivent en harmonie. Mais voilà qu'un monde lointain est littéralement dévasté par une force inconnue. Cette même force repousse la flotte militaire de la Communauté et peut alors s'attaquer à n'importe quel monde colonisé.
Basé sur un tel univers, Nemrod d'Olivier Bérenval (Mnémos, 2017), nous invite à suivre les aventures de trois personnages principaux: un jeune colon d'une planète agraire reculée, une militaire appartenant aux Forces de la Communauté, et un vidocq, autrement dit une sorte d'homme de main / détective / agent de sécurité. Tous les trois n'ont rien en commun, mais leurs parcours respectifs vont nous permettre de prendre connaissance d'un univers particulièrement riche, un univers menacé d'effondrement par l'Adversaire.
Second roman de l'auteur, Nemrod est un étonnant projet littéraire. Volumineux space opera, le texte est cependant truffé de références à des poésies et des chansons du XIXe siècle, notamment de Victor Hugo. Préciosité? Pas le moins de monde: ces inclusions, qui n'ont pas valeurs de citations car elles sont souvent adaptées à l'univers développé ici, font sens. Olivier Bérenval a visiblement eu de saines lectures. Son Adversaire a tout du Titan de l'espace d'Yves Dermèze. On sent aussi le poids d'Hypérion, de Dan Simmons. Sans doute aussi la série Andromeda a-t-elle été une source d'inspiration. Pour autant, il ne s'agit pas d'un patchwork boiteux, mais bien d'un bon roman, bien construit, bien écrit, et pour le coup passionnant.
Je me permettrais cependant de relever deux petits défauts. L'auteur n'est visiblement pas scientifique, aussi emploie-t-il parfois des expressions et des concepts mal à propos. Non, quand on vit sur une planète jovienne, on acquiert pas un physique plutôt courtaud comme celui de Czar Santo: on devient une crêpe, tout bonnement. Et non, il est peu recommandé de passer à plusieurs dizaines d'UA d'une nova. À quelques années lumières, pourquoi pas, mais à quelques UA, on grille.
Ce reproche est à rapprocher d'un second: Olivier Bérenval jargonne terriblement. Je sais bien que c'est le propre de la SF que d'inventer son vocabulaire spécifique. Mais encore faut-il que cela soit utile. Ainsi les "câbles titanotressés" sont tout bêtement des câbles en titane, puisque les câbles sont toujours tressés.
Mais peu importe ces détails, qui peuvent agacer sur le coup, ils n'empêchent pas la lecture. Il règne sur Nemrod un souffle épique et poétique indéniable, qui fait de ce livre un très bon roman.
16:28 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (0)
20/09/2019
William Camus et Jacky Soulier - Le Péril vient de la terre
Dans un futur qui pourrait être proche, le monde est toujours divisés en deux blocs politiquement opposés. Grâce au nucléaire, il n'y a plus de crise énergétique, mais en raison de l'emploi de sur-générateurs, on observe une augmentation considérable de la production de déchets non-recyclables. Une solution a donc été trouvée: on les enferme dans de gros cylindres de bétons que d'immenses barges vont déverser au-dessus des fosses océaniques, dans des mers déjà si polluées qu'on n'ose plus y pêcher le moindre poisson. Basile est le capitaine d'une de ces barges, mais son métier le dérange de plus en plus, d'autant plus que pour manipuler les cylindres, on utilise des servants, des créatures humanoïdes d'une docilité remarquable.
Au fond de la mer, Argo est un jeune Tlante qui va bientôt se marier. Mais voilà qu'on découvre non loin de sa cité des quantités phénoménales de cylindres visiblement manufacturés. Après une phase d'étonnement, on se décide à employer ces cylindres comme matériau de construction...
William Camus est un auteur qui a publié dans les années 1970 et 1980, seul ou avec d'autres auteurs tels que Jacky Soulier, une dizaine de romans pour la jeunesse dans lesquels le message écologique était déjà très fort. J'avoue d'ailleurs avoir été profondément marqué, lors de mon arrivée au collège, par la lecture de son Robots. Historique de la robotique mobile du XXIème au XXVème siècle. Mais je ne connaissais pas ce petit roman, Le Péril vient de la terre (1981, Bordas), qui est en fait le premier tome d'un diptyque. Et ma foi, c'est fort sympathique. Le récit est bien construit, et s'il ne contient aucune réelle surprise, il amène les choses de façon intelligente. Trente huit ans après sa première parution, il est hélas toujours d'actualité. Il me reste donc à me procurer le deuxième tome.
18:55 Publié dans Livre, Planète-SF | Lien permanent | Commentaires (0)