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12/01/2013

Jean et Doris Le May - L'hypothèse tétracérat

Tétracérat.jpgAllez, un dernier Le May pour la route, avant la fin de mes trop courts - hélas - congés. J'ai voulu cette fois-ci faire un bon dans le temps, histoire de voir comment avec les années le style de ces auteurs a pu évoluer. Avec L'hypothèse tétracérat (1978), nous sommes toujours dans le cadre de la Fédération galactique, même si ici Interco n'apparaît pas. L'Elenobora est un vaisseau transgalactique, un transporteur de passagers d'un monde à l'autre. Mais voilà qu'une nova lui fait subir une avarie de moteurs et même le transporte fort loin de sa trajectoire prévue. Incapable de se déplacer plus vite que la lumière, il est contraint d'aborder un monde placé en réserve du fait de la présence d'une forme de vie possiblement en voie de bâtir une civilisation.

Ainsi les quelques centaines de passagers survivants se retrouvent-ils à la surface d'un monde particulièrement hostile, et l'équipage doit même se préparer à la possible sédition d'un groupe de perturbateurs, dont un homme qui semble être un tueur né, Ek Danil. Aussi une jeune femme, membre de l'équipage, décide-t-elle de former une mission d'exploration composée quasi-uniquement de ces hommes potentiellement violent.

Le début de ce roman ne brille guère par son originalité. Le naufrage vient - dans les moindes détails - d'Arel d'Adamante. La révolte possible des passagers est quant à elle pompée dans Les Fruits du Metaxylia. Mais c'est ainsi que les Le May procèdent, après tout: par collages de pièces mobiles. Parfois ça casse, souvent aussi ça passe, comme ici où la soudure entre ces parties se fait sans trop de problèmes pour aboutir à un bon récit d'aventures dans une jungle inhospitalière. C'est loin, cela-dit, d'atteindre le niveau des Landes d'Achernar, pour rester dans le même thème.

Stylistiquement, les Le May n'ont guère changé, même si l'on peut constater une plus grande propention à employer des injures qu'on ne trouvait auparavant pas, du moins dans les romans de leurs premières années de carrière.

Ces injures sont mêmes accompagnées de quelques propos à la limite de la misogynie, assez déplaisants, puisque les femmes y sont parfois décrites comme des femelles soumises à leurs sécretions hormales. Bref, les femmes sont des chieuses encore plus pénibles et inutiles lorsqu'elles ont leurs règles. Sauf que les auteurs apporte vite la preuve qu'il ne s'agit-là que de la pensée de leurs personnages, en montrant une jeune femme toute menue être finalement assez coriace pour survivre à la jungle, mais aussi pour tenir tête tant au commandant du vaisseau, son supérieur, qu'à Ek Danil, deux hommes qu'elle va dompter.

Bref, tout ça pour dire que ce roman, s'il ne casse pas des briques, n'en constitue pas moins une agréable lecture de détente.

11/01/2013

Isaac Asimov - Fondation

 

Fondation.jpgJ'ai du lire le cycle de base de Fondation, d'Isaac Asimov, au moins quatre fois. Mais ce fut il y a longtemps. A treize ans, quinze ans, dix-huit et vingt-trois. C'est dire si je l'ai aimé : je me souviens parfaitement de ces lectures. Et puis il y a eu le dossier de Bifrost n°66, consacré à cet auteur, et auquel j'ai très modestement contribué, dossier dans lequel plusieurs critiques – dont moi – ont eu à revenir sur ce qui constituait pour eux une excellente lecture de jeunesse. Or la lecture plus « adulte » a visiblement été souvent décevante. Alors je me suis décidé à me prêter à nouveau à ce jeu, mais avec une œuvre autrement plus importante que Les Dieux eux-mêmes, que j'ai eu à aborder pour Bifrost. Autrement dit, retour à Fondation. Mais pas l'ensemble du cycle, non, juste ce qui, dans mon souvenir, était ce qu'il y avait de mieux, la trilogie initiale. J'ai donc revendu mes anciennes éditions, et me suis procuré la réédition de 2006 chez Lunes d'Encre. Il faut dire qu'une note de Gilles Dumay concernant cette réédition ne pouvait que m'obliger à franchir le pas : « il manquait 36 feuillets à Fondation, 57 feuillets à Fondation et Empire, 30 feuillets à Seconde Fondation » !

 

Et puis ce fort gros volume a tout de même plus de gueule que les vieux Présence du Futur violets que j'avais.

 

Je ne vous ferai pas l'injure de vous présenter le contenu de la chose : Fondation est un classique, lu par tous ou presque, aussi passerais-je directement à la partie « critique » (si l'on veut, je n'ai pas l'intention non plus de faire un article).

 

On l'a souvent écrit, et il est possible même qu'Asimov en ait fait état, que son modèle pour Fondation, ou du moins pour décrire l'évolution d'un empire, était The History of the Decline and Fall of the Roman Empire d'Edward Gibbon, un immense classique de l'historiographie anglo-saxonne. Il serait bien évidemment vain de dire le contraire. Cette lecture est même particulièrement sensible dans l'histoire du général Bel Riose et de l'empereur Cléon II, qui mêle habilement deux séquences historiques concernant la chute de l'Empire romain, tout deux basées sur la rivalité entre un général tout puissant et un empereur jaloux : pour l'Occident, Aetius et Valentien III, pour l'Orient Bélisaire et Justinien. Ce passage est d'ailleurs un des morceaux de bravoure de Fondation, un de ceux que j'ai eu le plus plaisir à relire.

 

Oeuvre basée sur l'Histoire, Fondation est aussi, en quelque sorte, la réflexion de son auteur sur les théories de l'Histoire alors en vogue, et notamment sur le matérialisme historique de Marx. Hari Seldon, quelque part, c'est Marx. A savoir quelqu'un qui analyse l'Histoire avant de proposer une solution pour en modifier le cours. Voilà quelque chose dont on – en tout cas moi – n'a pas nécessairement conscience lorsqu'on est jeune et qu'on n'a pas le bagage nécessaire pour comprendre. En cela, pour son époque, Fondation est une œuvre brillante.

 

En revanche, on pourra lui reprocher sans conteste sa faiblesse, ou plutôt son inégalité stylistique. Certes l'écriture de l'ensemble a pris plus de huit ans, et il est normal que dans un tel laps de temps, le style d'un auteur évolue. Fondation – je parle toujours de la trilogie – est ainsi parfois un texte vif, enlevé, haut en couleur, du pur space opera, en quelque sorte, mais parfois aussi quelque chose de bien plus mou voire totalement raté, notamment dans Seconde Fondation où les choix de construction narrative tranchent parfois trop avec le reste pour convaincre – ainsi les interpolations de réunions au sein de la Seconde Fondation, avec orateurs anonymes, sont-elles totalement inutiles.

 

Quoi qu'il en soit, nous ne sommes pas, sur ce point, en présence d'une grande littérature. Fondation est désespérément / magnifiquement (choisissez selon la direction dans lequel votre cœur balance) pulp. C'est une lecture pour tous, et assurément une lecture « jeunesse ».

 

Autrement dit, si vous avez un ado à la maison, collez-lui donc ce bon gros livre sous le sapin de Noël, vous ferez ainsi une très bonne action. Après cette relecture, Fondation, malgré toutes ses imperfections, demeure à mes yeux un classique indémodable, et il ne fait guère de doute que je le relirai, sans doute pas dans un futur proche, mais au moins avant ma retraite !

 

10/01/2013

Jean et Doris Le May - La Plongée des corsaires d'Hermos

 

Hermos.jpgLa Fédération Galactique n'est pas un espace uniforme, et si elle s'approche de l'utopie réalisée, il n'empêche qu'il s'y trouve toujours des aventuriers ou des mécontents pour fonder de nouvelles colonies, hors du cadre de la Fédération. Or ces colonies ont besoin de ressources, de matériel, pour se développer. Elles font alors appel à des corsaires - corsaires étant ici un nom bien commode pour couvrir ce qui n'est ni plus ni moins que de la piraterie organisée par des mercenaires.

 

Hermos est un monde en marge de la Fédération. Un monde discret. Et pour cause: il abrite une base forte de 10000 de ces corsaires. Un base parfaitement bien dissimulée, qui se fond dans l'environnement pour échapper aux recherches d'Interco. Ces corsaires armes plusieurs vaisseaux de chasse, qu'ils lancent contre les navires marchands repérés par leur réseau d'infos. Bien entendu la tâche n'est pas sans risque, et toutes les familles d'Hermos ont leur lot de veufs et d'orphelins. 

 

Mais un jour, le capitaine d'un tout nouveau vaisseau décide de tenter une technique révolutionnaire d'approche des proies, technique très risquée, mais qui peut permettre d'épargner bien des vies. Cependant, le risque encouru est considéré comme trop important par ses pairs, aussi est-il écarté du commandement du navire, au profit d'un autre qui poursuivra la longue tradition d'abordage.

 

Du pur space opera d'aventure! Voilà ce dont j'ai besoin de temps en temps. Et avec ce roman paru en 1970, je suis servi. La Plongée des corsaires d'Hermos se classe facilement dans ce qui se fait de mieux dans le genre. Un roman très bien construit, des personnages certes rapidement esquissés mais ayant chacun leur rôle, et de l'aventure, de la belle. Les Le May nous livrent une série scènes spatiales impressionnantes (par exemple la longue attente aux abords d'une comète en voie d'éclatement), dans un langage qui n'a guère pris de ride - la raison en tient sans doute au fait d'une réel économie de termes techniques, très susceptibles de vieillir. Ce roman se lit d'une traite, procurant un plaisir permanent, pour peu qu'on ne cherche pas à voir en lui plus que ce qu'il n'est, à savoir un très bon récit populaire.