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22/09/2018

Christophe Thill et Thomas Bauduret (dir.) - L'Amicale des jeteurs de sorts

malpertuis28-2013.jpgAutant le recueil d'Anne-Sylvie Salzman offrait un fantastique à la fois neuf et personnel, autant l'anthologie L'Amicale des jeteurs de sorts proposée par Christophe Thill et Thomas Bauduret chez Malpertuis (2013), se base sur un thème ancien s'il en est, celui des sorciers et magiciens. 

Ce sont vingt quatre auteurs que l'on retrouve donc au sommaire de ce copieux ouvrage de 350 pages. Copieux, et sans doute hélas trop long. Certes, je n'ai pas grand chose à redire de la qualité littéraire des textes: les deux anthologistes ont fait du beau travail, et on pourra juste tiquer sur un texte ou deux. Mais c'est le caractère très classique de bien des textes qui m'a parfois ennuyé. Il est difficile de faire du neuf avec du vieux. Ceci-dit, le recueil vaut le détour pour un certain nombre de textes remarquables. Robert Darvel nous présente ainsi non pas des jumeaux maléfiques, mais des siamois, en un texte surprenant qui n'est pas sans rappeler une nouvelle sordide d'Alexandre Tchaïanov. Julien Heybroeck est encore plus surprenant avec ses obèses réunis en une sorte de club informel et assassinés les uns après les autres, sans qu'ils sachent pourquoi, par des magiciens. Jacques Fuentealba présente un à-côté de son univers développé dans le roman Retour à Salem. Simon Sanahujas propose une remarquable nouvelle sur la réécriture du réel et ses risques, très bien construite même si ça n'était pas évident du tout. Hong Kong by night de Roman d'Huissier est une fantasy urbaine classique mais diablement efficace. La nouvelle de Franck Ferric est une belle et triste variation du Portrait de Dorian Gray. Et le tout se clôt par un space opera... fantastique de Karim Berrouka: un mélange des genres que l'on croise peu. 

Rien que pour ces textes, cette anthologie mérite d'être lue. 

Anne-Sylvie Salzman - Vivre sauvage dans les villes

Salzmann.jpgPlus ça va, plus je vieillis, plus j'aime la forme courte – que j'ai ceci-dit toujours préférée. Des courts romans, et surtout des nouvelles. Je lis beaucoup le soir, ou dans le train, et la nouvelle est le format idéal pour cela. Je reste aussi un fidèle de la nouvelle fantastique, ancienne comme moderne. Raison de plus pour mettre la main sur ce recueil d'Anne-Sylvie Salzman, Vivre sauvage dans les villes, paru en 2014 au Visage Vert.

Sept nouvelles, toutes très différentes, toutes très semblables. Différentes par les histoires qu'elles racontent, et que je ne m'attarderai pas à résumer. Très semblables par leur ton, leur style, leur beauté.

Ce ne sont pas des histoires gaies, c'est le moins qu'on puisse dire. Elles sont moites, crues, organiques, sang et organes y pulsent, non pas comme dans un texte gore, mais comme on le ressent soit même quand rien ne va, que son ventre se serre au point qu'on a l'impression de s'y retrouver enfermé soi-même, avalé par son propre système digestif. Sept personnages hantent ces textes, sept personnages qui n'ont pas leur place dans notre monde, dans notre petit quotidien gris, et qui cherchent à s'en échapper par l'autodestruction, ou plutôt par l'auto-dissolution.

C'est triste, glaçant même, mais beau. Et hautement recommandable.

Brian Stableford - Les Courants d'Alcyon

Stableford.jpgDu coup, le Star Trek de James Blish m'a quand même donné envie de me mettre sous les yeux un bon space opera. J'ai donc retenté ma chance avec Les Courants d'Alcyon, premier tome de la série Grainger de Brian Stableford (1972). 

Grainger ne se nomme que Grainger. On ne lui connaît pas de prénom. Depuis son adolescence, il parcourt comme pilote la galaxie humaine, ou du moins ses marges, vivant avec son mécanicien de petits contrats de transport ou d'exploration plus ou moins légale. Mais voilà que son vaisseau s'écrase sur un monde perdu en lisière des courants d'Alcyon, une zone de navigation particulièrement dangereuse. Son compagnon meurt dans l'accident. Il y reste deux ans, vivant comme un miséreux... et hanté par un parasite psychique qui s'est installé dans son esprit. 

Il est finalement sauvé par une richissime compagnie, qui, à la suite d'un procès, le plombe d'une dette insurmontable. Échoué sur Terre, une planète qui se vide de sa population, il est finalement embauché comme pilote, pour achever de mettre au point un appareil révolutionnaire, mêlant technologie humaine et extraterrestre. 

Banco! Si Les Courants d'Alcyon ne brille pas par son originalité, on y découvre quand même un roman très bien construit, basé sur des personnages complexes. On sent que Stableford a des choses à leur faire dire, même si ce premier tome, qui peut très bien se lire seul, semble juste effleurer son sujet et l'univers développé à l'occasion. Un univers basé sur une série de mondes indépendants les uns des autres, mais reconnaissant la justice d'un seul. Des mondes a priori démocratiques, débarrassés de l'idée de guerre, mais aussi des mondes libéraux dans tous les sens du terme: si les moeurs et les idées sont libres, l'argent reste au coeur de tout. Mais ce que Stableford nous présente, ce sont justement des gens, et notamment Grainger, qui ne peuvent vivre dans ce système. C'est remarquablement intéressant, et il ne fait nul doute que je lirai les suites. 

La série a été éditée deux fois en français. Mais les éditions Opta et Eons semblant avoir fait, à travers les décennies, un concours de mocheté de couverture, je donnerai ma préférence à la collection Galaxie-bis des premières, plus accessibles.