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23/06/2011

Un dauphin dans le métro

Ca fait déjà un petit moment que j'avoue une admiration de plus en plus forte pour le travail de Dolphin (ou Del'fin, enfin Дельфин quoi), un groupe puis duo russe. Dolphin, c'est essentiellement le rapeur Andreï Lyssikov et le guitariste (et bricoleur sonore) Pavel Dodonov.

Sur scène, ils ne jouent plus qu'à deux, avec une batterie de pédales et de boîtiers sous leurs pieds, comme en témoigne ce Cyberpunk avec un gros sample de Ghost in the Shell par Kenji Kawai:

En vidéo, cela donne des choses très fortes comme Без нас (Sans nous):

Et même lorsqu'ils s'associent à une obscure chanteuse pop finlandaise, cela donne un duo de haute volée:

Mais bref, ce qui me refait parler de lui aujourd'hui (je l'avais déjà fait sur divers forum), c'est le fait que je me suis souvenu qu'en 2009, Dolphin avait été contacté par Dmitri Gloukhovski pour composer une sorte de bande originale pour son roman Métro 2034. Gloukhovski voulait créer comme une sorte de projet multimédia, et avait par ailleurs aussi fait appel à l'excellent illustrateur Anton Gretchko.

De fait, les deux complices ont mis sur le site de Metro 2034 deux pistes, qui aurait dues être suivies de tout un album en 2010, album hélas pas encore disponible.

Et donc Tunnel, piste 1, s'écoute ici, tandis que Tunnel, piste 2 s'écoute là et peut même se regarder ici (vidéo non officielle).

Enfin, une vidéo de "making off", où l'on peut voir que l'enregistrement s'est effectivement fait dans un tunnel, a aussi été mise en ligne:

De l'excellent travail, pour ceux qui aiment les choses électroniques à tendance industrielle.

13/06/2011

Norbert Merjagnan - Treis, altitude zéro

Il faut bien l'avouer, pour moi qui suit handicapé littéraire, à savoir qui ne se souvient que de la trâme et de l'ambiance d'une oeuvre, et non des mots, entamer la lecture de Treis, altitude zéro fut comme un accouchement aux forceps. Il faut dire que trois ans se sont écoulés depuis la parution des Tours de Samarante. Trois ans... quand on a affaire à une oeuvre aussi stylée que celle-là, c'est long. D'autant plus que Norbert Merjagnan ouvre Treis, altitude zéro, qui est la suite immédiate des Tours..., en faisant intervenir d'emblée de nouveaux personnages. Un défi, donc.

treis_altitude_zero.jpg

Et puis au bout de quelques pages, le charme opère à nouveau. On se retrouve happé par cet univers étrange, dont on ne saît vraiment où il se trouve. Norbert Merjagnan, usant d'une langue économe et pourtant remarquablement belle, a le don de planter un décor en trois lignes. Quelques mots toujours bien sentis, et nous voilà au coeur de l'Aliène, ce désert qui sépare les villes de Mirande. Et comme Oshagan et Cinabre, on se réveille au milieu de cette caravane guerrière, dont le maître se propose de sauver Samarante de l'invasion des Borgs; des millions de machines qui menacent de déferler sur la ville où nos deux héros viennent tout juste d'être condamnés, suite au canarge opéré par Oshagan. Mais Cinabre a vu que Samarante sera détruite, aussi tous deux décident finalement de vaquer à leurs propres affaire. Joti, la petite soeur d'Oshagan, serait vivante. Aussi leur faut-il rejoindre Treis, où la jeune fille serait.

De Treis, finalement, on verra peu de chose: sa porte - et sa file d'attente sans fin - et un bordel. Le roman eut mieux fait de s'intituler Aliène, altitude variable, tant le désert est finalement au coeur du propos. Peu importe: le titre, c'est pour le commerce.

Treis, altitude zéro est un conte, tout comme Les Tours de Samarante. J'avais écrit des Tours..., sur je ne sais plus quel forum (ActuSF? le Cafard?), qu'on avait affaire à quelque chose comme Gunnm de Yukito Kishiro, mais écrit par Thomas Day. Voilà qui est trop restrictif. Avec l'ajout de ce nouveau tome, on peut ajouter en guise de référence le Roger Zélazny de Seigneur de Lumière, mais avec un style empreint du (faux) détachement de Cordwainer Smith. Autant dire que c'est beau. Souvent cruel, mais beau.

Pour le coup, me voilà plongé dans la plus pure horreur. Pourvu que l'auteur ne nous fasse pas attendre encore trois ans pour le tome de conclusion!

05/06/2011

Philippe Ward - Mascarades

Fichtre... Encore parler de mon éditeur... Je m'en fiche, ce ne sera pas de la publicité déguisée. Il le sait, d'ailleurs. Mais là, il vous faudra me croire sur parole que je ne fais pas de la propagande gratuite, car Mascarades est un bon roman.

Mascarades.jpg


Il s'agit en fait d'une réédition, par les éditions basques Aïtamatxi, d'Irrintzina, paru en 1999 chez Naturellement. Et donc du premier roman de Philippe Ward, avec un sujet pas facile d'emblée: le Pays Basque et son mouvement indépendantiste. Pas évident de caser cela dans un roman fantastique. Tout commence alors que l'ETA parvient petit à petit à abandonner l'action "militaire" (je mets volontairement militaire en guillemets, puisqu'il ne s'agit que de terrorisme), et que des négociations avec les plus hautes autorités espagnoles s'annoncent. Or c'est précisément-là qu'une série de meurtres touche les milieux indépendantistes. Qui plus est, le meurtrier semble prendre plaisir à se déguiser en créatures de carnaval. Au grotesque du costume, s'ajoute une sauvagerie inimaginable, d'autant plus que le tueur semble être insensible aux armes à feu.

Un homme de l'ombre, Mikel Bake, libraire de son état, mais aussi principal artisan des négociations, va tenter de mener l'enquête et de savoir qui donc voudrait une guerre ouverte quand tout montre que la paix veut s'installer.

Mascarades est un premier roman, je l'ai dit, et il en a les défauts: quelques maladresses dans les scènes d'action (des répétitions, notamment), un manque de diversité réel des personnages, qui sont tous basques (et les Basques sont des surhommes, d'une fierté à leur donner des chevilles grosses comme la lune). Mais ses défauts sont finalement peu de choses face à une intrigue pour le moins originale, dans un contexte peu courant. Peu de gens peuvent se targuer de connaître réellement le Pays Basque. Et si Philippe Ward multiplie à l'envie les références culturelles, il le fait sans didactisme: elles viennent naturellement, sont expliquées comme si de rien n'était, d'autant plus facilement que - et l'auteur le note bien - les Basques eux-mêmes tendent à oublier leurs propres traditions, qu'il faut leur remettre en mémoire.

Deuxième défi de taille, et qui là, relève de la narration: Philippe Ward a choisi de dévoiler très vite qui est "l'ennemi", "le méchant". Le lecteur sait, le héros ne sait pas. Or, peu d'auteurs peuvent se vanter de savoir maintenir un semblant de suspense dans ce type de cas de figure. Or lui s'en sort à merveille, parvenant à produire un roman passionnant qu'on lit d'une traite, idéal pour s'installer le soir au chaud dans un fauteuil et se détendre.