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19/08/2018

Gilles Thomas - Les Hommes marqués

GillesThomas.jpgGilles Thomas, alias Julia Verlanger, est en quelque sorte un auteur culte dans le milieu de la SF française. Introduite au Fleuve Noir en 1976, elle a alors adopté un rythme de publication frénétique, propre aux auteurs de cette maison d'édition, avec pas moins de quatre romans par an, au Fleuve, ou aux éditions du Masque. Je n'ai rien lu d'elle depuis longtemps, et dans ce qu'il me restait en stock, il y avait Les Hommes marqués, un de ses premiers romans. 

L'humanité a colonisé divers mondes un peu partout, ces mondes ont pris leur indépendance et ont formé quelques grands ensembles politiques. La Terre, cependant, a voulu se tenir à l'écart de l'un d'eux. Une guerre a eu lieu, guerre perdue par les Terriens. Les anciens combattants ont alors été massivement déportés, marqués d'un A rouge sur le front et vendus comme androïdes, un statut encore inférieur à celui d'esclave. L'un d'eux, Garral Saltienne, devient le jouet sexuel d'une riche désœuvrée. Motivé par la haine, il parvient à s'évader, à l'aide d'un complice, et à rejoindre un monde libre. Ce monde a pour particularité d'être invivable en surface. Aussi y a-t-on creusé de vastes grottes. La place est donc restreinte, et pour être admis ici, il faut franchir diverses épreuves mortelles.

Voilà un roman qui aurait pu s'appeler "Apparition des surhommes". Car Garral, piqué par des insectes mutants, va acquérir des facultés étonnantes, qu'il transmettra à ses complices, jusqu'à parvenir à ses fins. Cet homme, comme tant d'autres héros de SF avant lui, est increvable, implacable, prêt à tout pour réussir. C'est là d'ailleurs le gros défaut de ce roman: on n'y trouve rien de neuf, même pour l'époque. Le héros est de la trempe de ceux de Van Vogt. C'est donc un texte irrémédiablement daté. De plus la psychologie des personnages est limité au strict minimum. Mais on notera tout de même qu'il s'agit d'un roman court, dense, riche en rebondissement, et qui donc se lit d'une traite. 

17/08/2018

E. C. Tubb - Les Vents de Gath

Tubb.jpgJe dois posséder une dizaine de volumes de la série "Dumarest", écrite par E. C. Tubb de 1967 à sa mort, et même si c'est un auteur que j'apprécie beaucoup, je n'en avais encore jamais ouvert un seul. Il était temps de rattraper ce retard, avec le premier tome, Les Vents de Gath

Earl Dumarest est un homme étrange, il voyage de monde en monde à la recherche de la Terre. Il est né sur cette planète, mais il s'en est enfui à l'âge de 10 ans, et depuis, il en a oublié le chemin. Or la Terre est devenu un monde secret, à l'écart, oublié de tous. Dumarest arrive un jour par erreur du Gath. Gath est un trou perdu de la galaxie, un monde qui ne vit que par le tourisme: des visiteurs venant chaque année assister à une tempête dont la particularité est d'être accompagnée de vents mystérieux porteurs de voix. 

Pauvres comme puissants arrivent ici. Et parmi les puissants, voici que débarque la Matriarche de Kund, avec toute sa suite. Une vieille femme qui s'accroche au pouvoir et qui s'apprête à nommer celle qui doit lui succéder. Une situation qui ne manque pas d'attirer les tueurs armés par des factions rivales.

Voilà un roman fort sympathique, avec un univers qui tient debout: on sent déjà que Tubb a envie de l'explorer dans des suites. Pour autant, il n'est pas nécessaire de lire ces suites: l'histoire propre à ce volume s'achève bien à la dernière page de celui-ci, sans laisser de fil narratif en plan. Cependant, Les Vents de Gath est aussi un roman très tributaire d'influences passées, et on sent notamment le poids de Leigh Brackett. Earl Dumarest est en effet comme un jumeau d'Eric John Stark: endurant, increvable, maître de ses émotions, tout peu lui arriver, il s'en sortira quand même, fusse dans un état lamentable.

Comme d'ordinaire avec les premiers volumes de la collection Galaxie-bis, deux courtes nouvelles accompagnent ce roman. Elle sont de Fredric Brown et Mack Reynolds pour l'une, et de Clifford Simak pour l'autre. Les deux sont anecdotiques. 

11/08/2018

Stephen King - Le Fléau

Fléau.jpgVoilà des années que je n'ai plus lu de roman de Stephen King. Certes, ce que j'ai lu de lui m'a beaucoup plu, mais d'une manière générale, l'horreur a tendance à m'ennuyer. Mais j'ai récupéré récemment Le Fléau, un énorme roman qui se présente comme une œuvre de SF: un virus au taux de mortalité ahurissant s'échappe d'un complexe scientifique secret américain et éradique en à peine trois semaines plus de 99% de la population. Et en un peu moins de 1200 pages, Stephen King va décrire le devenir d'une grosse vingtaine de personnages, du début de l'épidémie à ce qui n'est pas vraiment un épilogue, un an après. Une description clinique, s'attachant au trajet de quelques survivants et s'offrant le luxe de donner quelques instantanés parlant des morts. De ceux qui ne sont "pas une grande perte". Sa description de la plongée progressive des USA dans le chaos est glaçante... un chaos d'ailleurs aggravé par la volonté des autorités de ne surtout pas dévoiler le fait que la maladie est d'origine artificielle. Les survivants ne sont donc qu'une poignée, dispersés un peu partout. Ils ne connaissent pas les raisons de leur survie, et de fait, leur diversité est importante: des vieillards, des enfants, des intellectuels, des attardés mentaux. 

Tous cependant, se mettent à faire des rêves. Les uns rêvent d'un homme noir, à l'Ouest. Des rêves glaçants, mais hypnotiques. Les autres rêves de Mère Abigaël, une centenaire noire, qui passe ses journées à s'occuper de son antique maison, à jouer de guitare et à rester assise sur une balançoire faite d'un vieux pneu. L'homme noir et mère Abigaël vont devenir les deux pôles de la nouvelle société qui va se former.

Stephen King a un don pour brosser le portrait de ses personnages en quelques lignes, pour les rendre vivants. Il les rends tous intéressants en peu de mots, et le lecteur ne peut que vouloir en savoir plus ce qu'il va leur arriver, qu'ils soient de gentils paumés, ou de dangereux criminels. Et Le Fléau peut se lire comme une passionnante chronique de l'après-maladie, de cette manière qu'on les êtres humains de chercher à reconstruire la même chose, à refaire les mêmes erreurs, quand de nouvelles bases pourraient être posées. Aussi ce roman aurait pu être un modèle du roman apocalyptique: sombre, cruel, mais en même temps ouvert sur le futur.

Malheureusement, Stephen King n'est pas un auteur de fantastique pour rien. L'homme noir et mère Abigaël sont réellement dotés de pouvoir particuliers. Les rêves ont une fâcheuse tendance à se réaliser, de même que les miracles. Et ce côté mystique gâche tout de même la lecture: cette religiosité, basée sur un manichéisme assez peu subtil, fait que Le Fléau est certes un tourne-page efficace, mais n'est pas pour autant un grand roman, sauf par son volume.

Une note pour finir, concernant l'édition. Par chance, l'édition que je possède est celle de France Loisir. Un éditeur qu'on a plutôt l'habitude de dénigrer, mais qui a fait ici un beau travail, d'abord en choisissant une illustration de couverture autrement moins laide que les versions en poche, mais aussi en incluant les illustrations de Bernie Wrightson (même si elles sont parfois disposées un peu au hasard). Tout cela dans un fort volume relié avec signet et jaquette.