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23/01/2013

Laurent Queyssi - Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps

Automate.jpgVoilà un livre que je vais avoir du mal à critiquer. Je voudrais bien en effet que ce que je vais dire ci-dessous ne paraisse pas comme une critique négative, même si, je l'avoue, je n'ai pas totalement accroché à Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps, recueil de nouvelles de Laurent Queyssi.

 

"Sense of Wonder 2.0" offre une dystopie astucieuse et réaliste, bien construite. Un instantané dans un univers où n'importe qui peut se vendre à une marque, mais avec pour obligation de lui rester fidèle en tout point. Où la marque devient idéologie voire religion.

 

"Fuck City" pourrait relever de ce même univers, à la différence près qu'ici nous sommes aux Etats Unis, chez un informaticien de génie, devenu milliardaire grâce à un coup pourri et installé, blasé, sur une île pour riches désoeuvrés. Il est néanmoins contacté par ses anciens camarades d'université pour résoudre un problème lié à des univers parallèles.

 

"Comme un automate dément reprogrammé à la mi-temps" nous plonge dans l'univers plutôt malsain des scénaristes de séries américaines. Après un début très engageant, cette nouvelle échoue malheureusement sur un final précipité dont je n'ai pu comprendre le sens – que vient faire la borne de Pacman là-dedans ?

 

"La scène coupée" offre un petit amusement « à la manière de », mettant en oeuvre Fantômas avec un style narratif bien calqué sur celui de Souvestre et Allain. Pas indispensable mais rigolo.

 

"707 Hacienda Way", écrit avec Hugo Bellagamba, nous ramène aux USA, dans un monde parallèle où Philip K. Dick est une femme. Et ce court texte développe une ambiance proprement formidable.

 

Dans "Rebecca est revenu", l'auteur imagine une lointaine Terre future, dépeuplée, sur laquelle les derniers habitants, plutôt que de voyager, choisissent de vivre renfermés, ne voyageant que par l'intermédiaire de doubles virtuel avec lesquels il est possible de se connecter dans un caisson objet d'un véritable rite d'initiation. Un texte étrange, qui laisse des choses inabouties, mais là encore doté d'une ambiance formidable et qui laisse plein d'images dans la tête.

 

"Planet of Sound", écrit avec Jim Dedieu, part d'un postulat plus ou moins branque : et si des factions extraterrestres luttaient sur Terre, l'objet de cette lutte étant l'admission des humains au sein de la société galactique, admission jugé par le niveau de son rock ? Pourquoi pas. Le texte est bien construit, la fin est bien drôle. Mais au final, pourquoi donc avoir maquillé les Pixies quand tous les autres autres groupes et chanteurs sont cités nommément ?

 

J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer (sur le forum d'ActuSF) sur la dernière nouvelle, "Nuit noire, sol froid". J'avais alors écrit cela : "Nuit noir, sol froid" de Laurent Queyssi réexploite un postulat utilisé déjà par Gene Roddenberry pour Star Trek - Le film, mais en trouvant une belle astuce qui renouvelle bien la question. Ecrit à la manière de Cordwainer Smith (plutôt que des Simak et Asimov invoqués dans le chapeau) il manque toutefois un peu de punch. A la relecture, je ne peux que me contredire sur cette histoire de manque de punch. Peut-être étais-je mal luné quand j'ai écrit cela. C'est un très beau texte.

 

Au final, pourquoi donc avoir placé un avertissement en tête de cette critique ? Laurent Queyssi a une belle plume, il sait bâtir ses textes (à l'exception donc de Comme un automate dément...). Bien des choses m'ont intéressé, m'ont surpris. Laurent Queyssi est assurément un bon auteur. Mais voilà, Laurent Queyssi est aussi un auteur référencé, avec une culture que je n'ai pas, ou pas complètement. Une culture largement américanisée (parfois faussement, d'ailleurs, car je doute que les Américains connaissent madame Soleil) que je ne maîtrise pas, que ce soit au niveau des comics, de la musique ou des séries. J'ai donc eu l'impression gênante de passer à côté (de pleins ?) de choses. Cela ne m'empêchera pas de recommander ce recueil et de guetter le prochain livre de Laurent Queyssi.

 

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