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23/01/2011

Ayerdhal - La Bohême et l'ivraie

Ca n'est pas malin. Quand on est à moitié malade, fatigué à force d'accumuler travaux et responsabilités, de n'avoir plus que cinq heures de sommeil par nuit quand il en faudrait huit, non ce n'est pas malin que de se replonger dans un roman pourtant déjà lu il y a plus de dix ans. Car bien évidemment, les nuits qui ont suivi en ont été encore plus courtes. Enfin bref, quand on est bête...

J'avais donc déjà la toute première édition de La Bohême et l'ivraie d'Ayerdhal, parue en 1990 en quatre volumes dans la défunte et très regrettée collection Fleuve Noir Anticipation. Et voilà qu'il m'a fallu racheter l'édition de 2000, toujours au Fleuve Noir, mais en grand format et en un seul volume, et surtout avec un texte revu et corrigé par l'auteur.

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De quoi s'agit-il donc? D'un space opera. Bon, normal au Fleuve Noir à l'époque. Oui, mais aussi d'un roman politique, et d'un des plus subtils.

L'Homéocratie est une sorte de fédération rêgnant sur plusieurs centaines de mondes et dotée d'un parlement manifestement démocratique, secondé par une toute puissante Commission d'Ethique. L'Homéocratie règne donc pour le bonheur de tous depuis plus de deux millénaires. Tout pourrait sembler être parfait, s'il ne se trouvait des esprits forts, jeunes, souhaitant un peu secouer ce qui leur semble être un carquant, une société qui échange la liberté contre le confort. Ces jeunes, regroupés dans une mouvement informel, sont les Bohêmes.

Imaginez maintenant une forme d'art ultime, le kineïrat, permettant à des artistes de projeter directement dans la tête des foules des illusions de tous types, mettant en jeu tous les sens. Cet art est entièrement sous la coupe d'un Institut, qui en surveille jalousement les règles.

Que se passe-t-il maintenant si de jeunes kineïres trouvent eux aussi ces règles trop strictes et s'en viennent à rejoindre les Bohêmes? Une révolution, forcément. Une révolution artistique et sociétale.

Ylvain, c'est de lui ici qu'il s'agit, est exclu de l'Institut, et voulant malgré tout devenir kineïre, s'en va de monde en monde, se perfectionnant à coup de tatonnements, avant de rencontrer sur Still les Bohêmes, dont la mystérieuse Ely, qui vont donner un sens à son errance et à son art. Mais l'Homéocratie n'entendra pas ainsi se faire bousculer sur ses bases et abandonner à ces gens une trop grande liberté individuelle... L'ensemble tiendrait presque dans une seule question: grand âge signifie-t-il sagesse?

La Bohême et l'ivraie est un premier roman et cela se sent. On y trouve évidemment des défauts de jeunesse: des histoires de fesse un chouillat trop culcul, des fils narratifs abandonnés en cours de route, des incohérences civilisationnelles (de la presse écrite dans plusieurs millénaires? des soldats humains dans une société où tout est robotisé?), quelques termes pseudo-exotiques mais qui ne trompent personnes (maës, quand on devine derrière maestro...). Mais on passe aisément outre. Ayerdhal a su dès le départ développer un vrai talent de conteur (chose importante évidemment, lorsqu'on écrit un roman sur l'Art!), et l'on est littéralement emporté par la lecture, jusqu'à en oublier l'heure qui passe. Dommage: je n'ai encore pas dormi cette nuit.

Tant mieux: j'en ai tiré un plaisir immense.

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