Paul Féval – Le Bossu / Le Chevalier de Lagardère
23/07/2019
Je suis sorti du lycée avec l'intime conviction que la littérature dite "blanche" était globalement chiante (mon point de vue sur ce sujet n'a guère changé), et que la lecture des "classiques" n'était que souffrance. Oui, étudier les classiques au collège et au lycée les dessert plus souvent que ça ne les fait aimer. Il m'a fallu longtemps pour m'affranchir de ce blocage.
Et c'est la quarantaine passée que j'ai commencé à lire d'autres œuvres "classiques". Des textes qu'on aborde pas, ou si peu, au collège et au lycée. Ceux des feuilletonnistes. Ceux des Alexandre Dumas, des Ponson du Terrail, et donc des Paul Féval. Bien sûr, comme tout le monde, je connaissais le film, Le Bossu. Mais sans oser jeter un oeil au roman qui l'a précédé. Ou plutôt au diptyque, car lire Le Bossu seul ne rime à rien, Le Chevalier de Lagardère étant sa deuxième partie et conclusion.
Nous sommes sous la fin du règne de Louis XIV puis sous la Régence. Un des plus grands nobles du royaume, Philippe de Nevers, a été assassiné sous les murs du château de Caylus. Un aventurier qui se trouvait là, Henri de Lagardère, a tenté, en vain de le secourir, mais a dû s'enfuir avec sur les bras, la fille de Nevers, une petite de deux ans, aussitôt menacée par le commanditaire du meurtre. Lagardère s'enfuit en Espagne, où durant dix huit ans, il va élever seul la petite Aurore, avant enfin de rentrer en France et de commencer à se faire justice.
Parus d'abord en feuilleton, ces deux romans en ont clairement la structure: Paul Féval a divisé son texte en chapitres courts, et l'a littéralement saupoudré de rebondissements. C'est tout bonnement haletant, et l'on tourne les pages à toute vitesse pour connaître la suite. Certes, ce n'est pas un grand écrivain, ce n'est pas un Hugo, certains passages flirtent parfois avec le grotesque ou le naïf, mais il y a tant de panache, et un tel sens du dialogue et du bon mot là dedans que l'on peut passer outre sans honte. Mais il y a plus: Paul Féval n'a pas son pareil pour nous plonger dans l'ambiance de la Régence, durant l'âge d'or du système de Law, quand toutes les fortunes de France se mettent à croire en un miracle financier et entreprennent de spéculer sans retenue sur tout et n'importe quoi. Faste et luxe atteignent des sommets, et à ce titre, la scène du bal organisé par le Régent, dans les jardins du Palais Royal, bien que fort longue, est un véritable chef-d'oeuvre.
Voilà un vrai classique.
2 commentaires
J'ai été tellement marqué par les romans de Féval que j'ai nommé mon blog en référence aux aventures du Chevalier de Lagardère : Touchez mon blog, Monseigneur…
Excellent!
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