Arkadi et Gueorgui Weiner - Les Rendez-vous du Minotaure
23/07/2019
Je ne suis pas un lecteur de littérature dite «blanche», et je lis fort peu de romans policiers: ceux-ci me rappellent trop souvent le réel, un réel qui ne m’intéresse pas en littérature. Cependant, ayant appris qu’il existait des romans policiers soviétiques, j’ai voulu y jeter. J’en ai donc acheté quelques uns, et j’ai jeté mon dévolu, pour une première lecture, sur Les Rendez-vous du Minotaure (Визит к Минотавру, 1972), des frères Arkadi et Gueorgui Weiner.
Ceux-ci sont connus en France avec leur nom orthographié «Vaïner», et notamment pour leur roman L’Évangile du bourreau. Peu de gens cependant savent que d’autres textes ont été traduits, sous le nom de Weiner, aux éditions Radouga, des éditions soviétiques en langues étrangères, qui furent actives durant les années 1980 et le début des années 1990.
La base de l’intrigue des Rendez-vous du Minotaure est fort simple: un cambriolage a eu lieu chez un célèbre virtuose du violon, et l’on a dérobé chez lui un Stradivarius. Aussitôt, la Criminelle est sur le pied de guerre, car le violon, qui est déjà en soit un trésor, est aussi et surtout la propriété de l’État. Un inspecteur et son adjointe doivent donc mener l’enquête.
C’est déjà ici une première surprise: l’enjeu est un simple vol. Pas de meurtre, pas de complot terroriste, non, le vol d’un violon. Mais très vite l’inspecteur va se sentir mal à l’aise dans cette affaire. Car au fil des interrogatoires, il va se retrouver confronté à une série de personnes qui semblent être autant d’incarnation du mal. Des personnes rusées, mais mauvaises. Et lui-même va devoir affronter son monstre intérieur, son Minotaure, pour ne pas se retrouver perdu au coeur du labyrinthe que forme cette énigme. On comprend vite que ce qui fait tout l’intérêt de ce roman n’est pas vraiment l’énigme, même si sa résolution est bien tordue, mais plus la galerie de portraits de tout ce que la société soviétique de pire sous un regard idéologique. Car bien évidemment, l’inspecteur, lui, est un parfait soviétique, vivant en appartement communautaire, dévoué à la tâche. Parfait, mais hésitant.
On notera aussi que pour rythmer leur roman, les Weiner ont eu la bonne idée de faire débuter chaque chapitre par des fragments d’une vie romancée d’Antonio Stradivari, fragments qui non seulement son remarquable, mais aussi font écho à leur intrigue.
Bref, un très bon roman.
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