Stephen King - Le Fléau
11/08/2018
Voilà des années que je n'ai plus lu de roman de Stephen King. Certes, ce que j'ai lu de lui m'a beaucoup plu, mais d'une manière générale, l'horreur a tendance à m'ennuyer. Mais j'ai récupéré récemment Le Fléau, un énorme roman qui se présente comme une œuvre de SF: un virus au taux de mortalité ahurissant s'échappe d'un complexe scientifique secret américain et éradique en à peine trois semaines plus de 99% de la population. Et en un peu moins de 1200 pages, Stephen King va décrire le devenir d'une grosse vingtaine de personnages, du début de l'épidémie à ce qui n'est pas vraiment un épilogue, un an après. Une description clinique, s'attachant au trajet de quelques survivants et s'offrant le luxe de donner quelques instantanés parlant des morts. De ceux qui ne sont "pas une grande perte". Sa description de la plongée progressive des USA dans le chaos est glaçante... un chaos d'ailleurs aggravé par la volonté des autorités de ne surtout pas dévoiler le fait que la maladie est d'origine artificielle. Les survivants ne sont donc qu'une poignée, dispersés un peu partout. Ils ne connaissent pas les raisons de leur survie, et de fait, leur diversité est importante: des vieillards, des enfants, des intellectuels, des attardés mentaux.
Tous cependant, se mettent à faire des rêves. Les uns rêvent d'un homme noir, à l'Ouest. Des rêves glaçants, mais hypnotiques. Les autres rêves de Mère Abigaël, une centenaire noire, qui passe ses journées à s'occuper de son antique maison, à jouer de guitare et à rester assise sur une balançoire faite d'un vieux pneu. L'homme noir et mère Abigaël vont devenir les deux pôles de la nouvelle société qui va se former.
Stephen King a un don pour brosser le portrait de ses personnages en quelques lignes, pour les rendre vivants. Il les rends tous intéressants en peu de mots, et le lecteur ne peut que vouloir en savoir plus ce qu'il va leur arriver, qu'ils soient de gentils paumés, ou de dangereux criminels. Et Le Fléau peut se lire comme une passionnante chronique de l'après-maladie, de cette manière qu'on les êtres humains de chercher à reconstruire la même chose, à refaire les mêmes erreurs, quand de nouvelles bases pourraient être posées. Aussi ce roman aurait pu être un modèle du roman apocalyptique: sombre, cruel, mais en même temps ouvert sur le futur.
Malheureusement, Stephen King n'est pas un auteur de fantastique pour rien. L'homme noir et mère Abigaël sont réellement dotés de pouvoir particuliers. Les rêves ont une fâcheuse tendance à se réaliser, de même que les miracles. Et ce côté mystique gâche tout de même la lecture: cette religiosité, basée sur un manichéisme assez peu subtil, fait que Le Fléau est certes un tourne-page efficace, mais n'est pas pour autant un grand roman, sauf par son volume.
Une note pour finir, concernant l'édition. Par chance, l'édition que je possède est celle de France Loisir. Un éditeur qu'on a plutôt l'habitude de dénigrer, mais qui a fait ici un beau travail, d'abord en choisissant une illustration de couverture autrement moins laide que les versions en poche, mais aussi en incluant les illustrations de Bernie Wrightson (même si elles sont parfois disposées un peu au hasard). Tout cela dans un fort volume relié avec signet et jaquette.
1 commentaire
Pas mieux. C'est exactement mon avis. Un récit d'apocalypse particulièrement évocateur et rondement mené, mais une intrigue par trop mystique.
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