James Gunn - L'Holocauste
23/06/2018
Cela fait un petit moment que je me remets à faire des brèves chroniques de lecture sur Facebook. Mais voilà, c'est Facebook, ces notes ne sont pas publiques, alors que j'ai ce blog, qui dort depuis trop longtemps. Bref, Blog, lève-toi et marche!
Commençons avec L'Holocauste de James Gunn. Publié en 1977 au Masque - SF, ce volume est la réunion de trois nouvelles publiées en anglais entre 1956 et 1972. Une longue durée d'écriture, mais qui n'empêche pas la grande cohérence de l'ensemble. Dans le premier texte, nous suivons les aventures de Colin Wilson, un scientifique, mi-psychologue, mi-sociologue, qui assiste à la destruction de son université par une foule furieuse. Nous sommes dans une Amérique du futur: les savants y sont considéré par un nouveau mouvement populaire qui a débordé les Républicains par la droite, comme la source de tous les mots: le chômage? – c'est la faute des machines, créées par les savants. Ce mouvement Plébéien, animé par un sénateur retors, parvient à faire passer l'incendie de l'université pour un acte criminel commis non pas par la foule, mais par les universitaires eux-mêmes, qui auraient voulu se poser en victimes. Wilson, l'unique survivant, doit fuir.
Dans la deuxième nouvelle, nous assistons au procès de Wilson. Un Wilson drogué, incapable de se défendre, malgré son avocat plein de bonne volonté, et qui entrevoit, dans des séquences d'hallucination, le futur: les USA ne sont plus qu'un souvenir. On trouve à la place qu'un Empire qui ne règne cependant que sur la côte est, un empire formé d'une myriade de villages, au sein desquels officient discrètement des sorciers, dont Colin Wilson. Des sorciers aimés de tous, qui prodiguent au peuple soins et bienfaits. Mais d'où tirent-ils donc leur puissance, et sont-ils une menace pour l'empire?
La troisième nouvelle, elle, nous emmène définitivement dans ce futur, alors que la civilisation semble s'être définitivement effondrée, les "sorciers" paraissent prêts à revenir sur le devant de la scène.
L'Holocauste, que l'on peut qualifier de roman malgré tout, est clairement un livre qui fait réfléchir, notamment sur la place de la science dans la société, et sur le fait de savoir s'il faut faire de la science pour la science, ou pour rester systématiquement utile au peuple. Pour Gunn, lorsqu'une université brûle, les scientifiques ont leur part de responsabilité dans la catastrophe, par leur enfermement, leur volonté de faire une science déconnectée de la société.
Mais il n'empêche que la situation qu'il décrit trouve un singulier écho de nos jours: il n'y a jamais autant eu de méfiance envers la science, et notamment la médecine, qu'à l'heure actuelle. "On nous cache tout, on nous dit rien" (voir par exemple tous les délires anti-vaccins qui circulent). Cette méfiance vient d'une population qui ne croit plus en ses élites, et qui en vient à élire constamment des gens dangereux, du moment qu'ils la flattent. La première nouvelle de L'Holocauste pourrait très bien n'être qu'une exagération de la situation actuelle aux États Unis, où certes on ne brûle pas les universités, mais où on y perpétue des massacres.
1 commentaire
C'est toujours incroyable ce genre de "vieux" livres qui trouvent une si forte résonance dans le présent. Incroyable et un peu flippant.
Je n'hésiterai pas si je le croise tiens.
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