Laurent Gaudé - La Mort du roi Tsongor
01/09/2015
Je ne m'étalerai pas longuement sur ce roman. La pseudo-polémique survenue au moment du bac concernant une autre oeuvre de l'auteur m'a juste agacé par sa vacuité, et si j'ai acheté ce livre, c'est pour une fois grâce à sa quatrième de couverture, qui invoque les tragédies grecques pour une histoire placée dans une Afrique imaginaire. Je n'avais jamais rien lu jusqu'ici de Laurent Gaudé, mais au moins le risque n'était pas bien grand, puisque ce roman ce fait qu'un peu plus de 200 pages.
Mais voilà, La Mort du roi Tsongor pour moi au final un des meilleurs romans de fantasy que j'aie pu lire ces dernières années. Oui, de fantasy. Et pourtant c'est publié chez Actes Sud. Mais nous avons-là un royaume imaginaire, avec un roi imaginaire, des sortilèges, un fantôme, des guerriers, des batailles épiques. Publié ailleurs, ce roman aurait sans conteste eu cette étiquette. Et s'il surclasse largement ses homologues, c'est grâce à l'originalité de son cadre – l'Afrique, une Afrique qui m'a rappelé l'excellent Trône d'Ébène de Thomas Day (un roman finalement très similaire à celui de Gaudé dans l'esprit) –, mais aussi grâce à son style.
Là où les auteurs ordinaires de fantasy délayent en trilogie et au-delà, Gaudé ramasse, condense plusieurs années d'histoire en 200 pages très denses. Et tout ceci sans faire l'impasse sur la psychologie de ses personnages: Tsongor, le vieux roi, grand conquérant devenu civilisateur, et qui sent son échec arriver; Katabolonga, celui qui, il y a fort longtemps, a juré de tuer le roi, en est devenu le plus fidèle ami mais accomplira malgré sa tâche, les fils du roi, qui se déchirent pour l'héritage, et les prétendant de la fille. Tous vont se battre en vain, tandis que Katabolonga gardera fidèlement la dépouille du roi et que Souba, le cadet, parcourra le royaume pour lui construire des tombeaux.
Et tout ceci est raconté avec une élégance rare. Raconté, oui, et non écrit. Laurent Gaudé nous offre une épopée qu'il vaut presque mieux lire à voix haute que dans sa tête. C'est un conte, une légende, et non un roman. Une fort belle légende.
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