De l'autoédition en sciences humaines
05/11/2012
Alors voilà, je suis chercheur en sciences humaines. Plus exactement docteur en histoire des religions comparées, autrement dit, en mythologie comparée, une discipline qui n'est pas enseignée en France, qui ne dispose d'aucune chaire académique (la dernière à ma connaissance était tout simplement celle de Georges Dumézil, professeur au Collège de France et décédé en 1986). La mythologie comparée de nos jours est le fait de passionnés et d'enseignants qui la pratiquent en plus de leur spécialisation. Mais bref, passons.
C'est ma passion, je lui accorde énormément d'argent (achat de livres à l'accès restreint, introuvables en bibliothèque) et surtout de temps (lectures, recherches, écriture). Je ne me plains par trop pour l'argent, mais le temps, lui, me manque cruellement: je ne suis pas un chercheur statutaire. J'ai soutenu ma thèse bien après avoir intégré le CNRS, en tant qu'assistant d'édition, et donc maintenant il m'est quasiment impossible de trouver un poste de chercheur dans ma branche. Je fais tout sur mon temps libre, et mon temps libre est d'autant plus limité que je travaille avec Viktoriya sur mon autre passion, la SF et le fantastique. Je dois donc alléger tout cela.
Or s'il y a bien une chose qui prend du temps, c'est tout simplement la recherche d'un éditeur. Non pas pour les articles (j'en publie sans trop de problèmes, sur tous supports), mais pour les ouvrages. Beaucoup de temps à monter des dossiers, à éventuellement adapter la chose à l'éditeur visé, à modifier cette adaptation en changeant d'éditeur visé, etc. Du temps, du temps, du temps... du temps perdu la plupart du temps. Les gros éditeurs ou les éditeurs prestigieux sont inaccessibles ou presque pour ce qui concerne ce domaine (en mythologie, on préfère les choses plus grand public, comme la mythologie grecque ou l'égyptienne), les éditeurs universitaires sont lents (parfois des années pour que les choses se fassent), les petits éditeurs sont très aléatoires. Certains font les choses très bien (et jusqu'ici j'ai toujours eu de la chance à ce sujet), mais je sais aussi que d'autres laissent tout faire à leurs auteurs, quand ils ne les font pas payer, tout cela pour ensuite, très souvent, vendre les livres à prix d'or (je citerai cette fois-ci nommément les tristement célèbres Editions Universitaires Européennes).
Or, des projets de livres, j'en ai plein. Trop. Du neuf, des rééditions. Des choses souvent déjà très avancées. Ayant tâté de l'autoédition dans le domaine de la traduction, je me suis dit que finalement j'allais poursuivre sur la même voix. Qu'on ne se méprenne pas: je ferai cela avec autant de sérieux qu'auparavant, il ne s'agit pas de publier des trucs à la légère. Tout sera relu attentivement par des collègues et amis, tout aura auparavant fait l'objet de critique.
Quoi qu'il en soit, arriverons d'ici quelques semaines:
- un recueil d'articles, certains inédits, d'autres revus et corrigés, portant sur la mythologie celtique et le folklore français.
- la réédition de mon livre de 2008 sur les Cultes et religions à Lisieux dans l'Antiquité et au haut Moyen Âge, réédition largement augmentée, très illustrée, bref, avec plein de choses toutes neuves (je ne serai pas peu fier de celui-là)
- la réédition de mes Contes et légendes du Pays d'Auge, augmentée du Lieuvin (le volume en est doublé!).
- sans doute un gros ouvrage sur la mythologie liée à certains héros eurasiastiques (Cuchulainn, Héraclès, Arjuna, David de Sassoun, Ilya Mouromets, Chumong, Gesar de Ling et d'autres).
- peut-être aussi tout simplement ma thèse, sur le dieu slave Perun, que j'ai soutenue en 2008.
Bref, tout cela devrait s'étaler dans les mois à venir.
Ah oui, et en plus de cela, avec quelques amis, nous lancerons la revue Nouvelle Mythologie Comparée. Voilà.
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