Veronika Görög - Miklos Fils-de-Jument. Contes d'un Tzigane hongrois
06/01/2012
Les ouvrages publiés par CNRS éditions entrent en général dans deux catégories: ceux qui sont d'un coût qui les rend inabordables, et ceux qui sont tout simplement indisponibles ou épuisés après seulement quelques petites années d'exploitation.
Miklos Fils-de-Jument. Contes d'un tzigane hongrois. Janos Berki raconte..., de Veronika Görög entre dans la deuxième catégorie. Publié en 1991 (en partenariat avec la Maison d'édition de l'Académie des Sciences de Hongrie), il est introuvable depuis plusieurs années, et il m'a fallu attendre longtemps pour enfin en trouver un exemplaire pas trop cher.
Pourquoi patienter autant après un livre? Après tout ce ne sont pas les recueils de contes populaires qui manquent... Eh bien simplement parce que celui-ci est excellent. Il s'ouvre d'abord sur une longue introduction (47 pages) qui met bien en contexte son sujet: les contes en question sont dus à un seul est unique informateur, un Tzigane hongrois, qui fut suivi durant les années 70 et 80. Aussi Veronika Görög nous présente-t-elle la situation des Tziganes en Hongrie avant 1991, dresse un état des études ethnographiques et folkloristiques concernant les Tziganes dans ce pays, puis fait le portrait du conteur et de son village, de son auditoire. Elle ne cache pas, par exemple, que Janos Berki est un des rares Tziganes lettrés, et a donc lu des contes dans des livres, contes qu'il a parfois incorporé à son propre répertoire.
S'ensuivent les contes en eux-mêmes: 37 récits plus ou moins développés, dont un bon nombre de contes merveilleux, mais aussi des récits dit "para-bibliques", de ce qu'on a parfois appelé des Evangiles populaires. Et ce répertoire est fantastiquement riche, ce qui en fait sans doute un des meilleurs recueils de contes hongrois. Oui, hongrois et non tziganes. Car on voit bien à la lecture des commentaires placés à la fin de l'ouvrage, que le répertoire de Berki est essentiellement hongrois, même si certains récits semblent originaux. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs été collectés directement en hongrois, et non en tzigane.
On notera que les commentaires en question, très pertinents, sont accompagnés de la classication des contes selon le répertoire international d'Aarne et Thompson, ce qui en font un outil précieux.
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