Jean et Doris Le May - Demain le froid
27/12/2011
Lors d'une conférence organisé par une sorte de club informel regroupant des scientifiques de haut niveau venus de tous les pays du monde, un physicien français déclare pouvoir prouver que dans à peu près trente ans, le système solaire va pénétrer dans un nuage de poussières interstellaire de forte densité, ce qui va plonger le monde dans une période de bouleversement catastrophiques, essentiellement climatiques. Il faut donc d'urgence convaincre les gouvernements de collaborer et de préparer l'Humanité à ce changement.
Parallèlement, un scientifique japonais ose déclarer au grand jour que la plupart des gouvernements en question ont la preuve que des extraterrestres observent depuis longtemps la Terre, et que certains d'entre eux vivent même au sein de la population. Ces extraterrestres sont-ils là pour aider l'Humanité?
Il est évident que dans la carrière d'auteurs capables de publier un roman tous les trois mois, il y a des hauts et des bas. Demain le froid (1969) marque clairement un creux dans la production des Le May. Comme souvent chez eux, ce roman est fait de deux parties au style totalement différent, tout en ayant les mêmes protagonistes - comme s'il s'agissait de deux fragment mis bout à bout et uniformisés. La première partie est terriblement ennuyeuse. Le pire du pire dans le domaine de la SF de laboratoire. Même les Soviétiques n'ont pas pu faire plus bavard, puisque l'on a sur plus de cent pages le journal de la conférence scientifique ("Et je vais laisser la parole à mon honorable confrère et éminent physicien...", etc.). C'est lourd, indigeste, sans histoire, sans personnages intéressants.
Puis l'on passe subitement à un bien joli chapitre, cette fois en pleine campagne française. Puis l'on replonge dans le journal, et tout cela pour quand même s'achever sur un bien beau passage d'action. Cela ne suffit cependant pas pour rattraper l'ensemble, déséquilibré et bavard.
S'il fallait trouver une bonne raison de lire ce roman, elle serait peut-être d'ordre historiographique. En effet, Demain le froid est le parfait exemple du roman de SF gaulliste. La France y occupe une place centrale; on y célébre le fait qu'elle soit autant amie avec les Américains qu'avec les Soviétiques. On y vante son système de recherche qui favorise la pluridisciplinarité (le CNRS n'est pas nommé - nous sommes dans un roman de SF - mais il est clair qu'on pense à lui). Et finalement, un roman de SF gaulliste, ça n'est pas si banal que ça, surtout quand finalement en 1969 la SF française est soit apolitique, soit clairement marquée à gauche.
3 commentaires
Roman de SF gaulliste. Lol. Ca doit valoir la peine.
Si ça avait été réussi au niveau de la forme, pourquoi pas, en effet.
Une petite rectification suite à une remarque de Roland C. Wagner: j'ai employé le mot apolitique, ce qui ne veut pas dire a-idéologique. Les auteurs du Fleuve Noir à cette époque sont effectivement, comme il me le rappelle, de droite.
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