Zhang Xiaoyu - L'envol
16/03/2011
Le manga n'est généralement pas ma tasse de thé, étant donné les tombereaux de merde qui sont régulièrement traduits en français. En trouver tout une pile dans une solderie n'avait pas nécessairement de quoi attirer plus que cela mon attention jusqu'à ce que je me rende compte que les auteurs étaient tous chinois. Rien de bien transcendant dans ce tas sauf... cet Envol de Zhang Xiaoyu, paru en 2006 chez Xiao Pan.
Certes, la couverture, vaguement gothique, n'avait là encore pas de quoi m'attirer. Les trucs avec des anges, ça n'est pas trop mon genre. Par chance, elle n'a rien à voir avec le contenu. Et puis il y a cette mention, concernant l'auteur: "il est responsable de la revue L'Envol, spécialisée dans les récits de science-fiction". Le fait aussi que le volume est sensé contenir deux récits indépendants, et non le début d'un interminable fleuve en 32 tomes et 125 épisodes dont la fin paraîtra dans 76 ans. Enfin, il a le dessin, tout simplement. Un dessin d'une finesse, d'une délicatesse remarquable, qui n'est pas sans rappeler celui de Kazuo Koike ou encore celui de l'unique manga de Satoshi Kon.
Aussitôt acheté, aussitôt dévoré. Le premier récit, Qiao zhengfei, inventeur, s'inscrit dans les suites de la Révolution culturelle chinoise et prend pour héros le fils d'un ingénieur en aéronautique qui se suicida pour échapper à un procès politique, laissant donc un fils et une épouse qui sombra dans la folie. Et sur ce fils pèsera en permanence l'héritage du père. Nous sommes ici loin de la SF. Peu importe. Avec un récit simple, Zhang parvient à être bouleversant.
Timi, le deuxième récit, est une adaptation de L'Enfant du temps, une vieille nouvelle d'Isaac Asimov, reprise depuis avec Robert Silverberg sous forme de roman. Un scientifique dirigeant un puissant institut de rechercher temporelle engage une nurse. Son rôle? S'occuper d'un petit enfant préhistorique, que l'équipe va ramener d'une époque remontant à 40000 ans. Jouant sur l'absurdité de repousser un être humain sous prétexte de ses différences physiques et de son prétendu archaïsme, Zhang fait de son enfant non pas une sorte de brute simiesque, mais une créature à l'apparence surprenante d'elfe, oreilles en pointe incluses. Là encore, grâce à un dessin magnifique, Zhang parvient à montrer petit à petit la mégalomanie du scientifique et à dévoiler l'amour qui va naître entre la nurse et le petit garçon.
En un mot: magnifique!
Ca tombe bien, le même éditeur a publié deux autres albums de Zhang Xiaoyu. Du coup, je fonce, et pas dans une solderie, cette fois-ci.
Les commentaires sont fermés.