Dakha Brakha - Light
08/02/2011
Ça fait des semaines que je pourris mes contacts sur Facebook avec des vidéos du groupe ukrainien Dakha Brakha. Il fallait donc bien que je fasse quelque chose ici, d'autant plus que leur quatrième album, Light, est sorti à la toute fin de l'année 2010, et qu'il est... comment dire... spécial.
Dakha Brakha est un ensemble qui à la base joue de la musique traditionnelle ukrainienne (cependant sur des airs de leur propre composition), avec un habillage résolument moderne. Quatre interprêtes composent le groupe, dont trois femmes, tous multi-intrumentistes (percussions, violoncelle et accordéons, essentiellement) et surtout exceptionnellement doués pour les polyphonies. Déjà sur leurs précédents disques, pouvait-on entendre quelques sonorités venues d'ailleurs: d'Afrique, d'Asie centrale, etc.
Light pousse à l'extrême le goût du métissage, et se retrouve donc être un disque particulièrement déstabilisant. Electro, dub, et même rap sont appelés en renfort, en sus une nouvelle fois d'influences africaines et même chinoises! On navigue de gentilles balades mélancholiques comme Specially for you, à d'étranges raps, pour l'un clairement assumé "des Carpathes" (Karpatskyi rep), pour l'autre clairement plus urbain, le jouissif Tjolky, qui justifient l'étiquette d' "Ethno-Chaos" que le groupe se donne.
Tout ça se clôt par un sublime Please don't cry, reprise impressionnante de Morning Light, du groupe de drum n' bass Concord Dawn (l'occasion d'entendre pour la première fois sans doute un violoncelle branché sur une pédale de distorsion!), et Buvayte zdorovi, un morceau qui retrouve des voies précédemment empruntées par le groupe, donc peu surprenant, mais qui contribue par son calme souverain à apaiser la tension soulevée par les morceaux précédents.
Il ne faut donc pas avoir peur de se laisser surprendre par Dakha Brakha, pour peu qu'on accepte de se laisser emporter par des musiques qu'on pensait ne pas pouvoir aimer (rap et dub par exemple). Il faut accepter de les laisser bousculer nos idées reçues. Light est un grand disque, qui confirme qu'il existe bien, à l'Est, une scène "ethno" d'une grande modernité, et dont Dakha Brakha est, avec la russe Inna Zhelannaya et les polonais du Warsaw Village Band, l'un des meilleurs représentants.
Il n'est hélas guère aisé de commander cet album en France, sauf à accepter de passer par des sites étrangers, comme celui-ci.
Sinon, il reste toujours cette solution.
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