Clifford D. Simak - Mastodonia
21/11/2021
Entamer la lecture d'un roman de Clifford Simak, c'est comme enfiler une vieille paire de chaussures: on s'y sent tout de suite à l'aise. Certes, l'auteur a eu quelques faiblesses sur sa fin de carrière, mais il n'empêche: il a un ton particulier, et met en place des intrigues subtiles, dans un climat le plus souvent serein et bienveillant, ce qui nous change de l'ordinaire production de la SF américaine.
Il en est ainsi de Mastodonia: comme la vieille paire de chaussure susdite, il est au premier abord très moche (merci l'affreuse illustration de couverture, totalement ratée, de Siudmak). Mais il suffit de lire quelques pages pour comprendre que oui, ce sera bon.
Comme souvent chez Simak, nous voilà dans l'Amérique rurale. Une petite ville de campagne, où tout le monde se connaît, et globalement s'apprécie. Asa Steele est paléontologue dans une université de seconde classe. Lassé, il s'est retiré pour un an dans une ferme près de sa petite ville natale. Mais voilà qu'un amour de jeunesse ressurgit, en la personne de Rila. Voilà surtout que le couple découvre sur ses terres l'existence d'un extraterrestre échoué là depuis des millénaires. Un ET capable de créer des couloirs temporels permettant de voyager à n'importe quelle époque du passé. Avec l'aide d'une poignée d'amis – Ted, le banquier par défaut, Hiram, le simplet qui parle aux animaux, Courtney, l'avocat aux dents longues –, ils vont tenter, en bons Américains qu'ils sont, de monter un business autour de cette capacité phénoménal.
On sera tenté au bout d'un moment de voir ici une production digne de Robert Heinlein, dans laquelle la science, c'est bien gentil, mais les affaires, c'est encore mieux. On voit donc notre petite compagnie explorer rapidement un bout du Crétacé, monter sa société, rechercher des clients. Mais Simak est roublard, et sa SF relève finalement de la fable philosophique. Peut-on s'arroger le droit de faire n'importe quoi avec le passé? De s'y installer? D'en tirer un revenu?
Mastodonia n'est certes pas un roman de l'ampleur de Demain les chiens ou Au Carrefour des étoiles, mais c'est tout de même une excellente lecture, intelligente et drôle.
2 commentaires
Tu me tentes car j'apprécie cette SF de l'âge d'or qui s'avère souvent bien pétillante.
Ici, nous ne sommes plus du tout dans l'âge d'or. Simak a écrit ce roman à la fin des années 70, et on sent une part de désillusion.
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