Mes lectures des six derniers mois ‑ Romans - 2e salve
03/10/2021
En fait, j'ai tellement lu ces six derniers mois, que j'ai oublié de chroniquer certains livres la semaine dernière. Les voici donc.
Robert Reed - Le Grand vaisseau (2014, Le Livre de Poche).
Dans une Voie Lactée où se côtoient une multitude de civilisation, celle des humains, un temps retardataire, a fait du chemin. Et ce sont les humains qui sont parvenus à atteindre les premiers un gigantesque artefact survenu du lointain espace: un vaisseau de la taille de Jupiter, totalement vide. Ils s'en sont donc emparés, et ont tâché de le comprendre, sous l'égide d'une caste, celle des capitaines, tous immortels.
Donc voilà, on a un grand vaisseau, et pas un vaisseau, des capitaines, et pas de simples membres d'équipage, une chronologie qui s'étale sur des siècles, et non des années, et une histoire de naufragés. Mais voilà, un roman médiocre, même si tout y est présenté à la puissance dix, reste un roman médiocre. Médiocre puissance 10. Là où le sujet devrait susciter l'émerveillement, il n'apporte finalement que de l'ennui. D'autant plus que le postulat reste pour le moins étrange: on s'empare d'un vaisseau de la taille d'une planète, on apprend à le maîtriser, et on en fait... un cargo de croisière de luxe. Dans le genre monde artificiel immense où coexistent des tas de culture, et dont le cœur fondateur reste inconnu, lisez plutôt L'Ambassadeur des ombres de Christin et Mézières.
Maurice Druon - Les Rois maudits (intégrale, 1996, France Loisir).
Voilà un cycle dont j'avais trop longtemps retardé la lecture. J'étais curieux de voir comment un auteur talentueux, Druon, pouvait s'emparer de quelques décennies d'histoire de France réelle, pour en faire un roman. 1600 et quelques pages plus tard, je ne suis pas déçu. J'ai pris évidemment soin de garder à l'esprit que Maurice Druon a écrit un roman, et non un manuel d'histoire, et donc qu'il a fait ses choix dans les diverses hypothèses des historiens, et parfois il a un peu tordu la réalité. Mais c'est pour la bonne cause. Les Rois maudits se lisent d'une traite, avec certes quelques temps mous, mais aussi nombre de temps très fort (l'élection du nouveau pape à Lyon, la mort du bébé de Clémence de Hongrie, etc.). Maurice Druon n'est ici pas un grand styliste, mais il est un formidable conteur, et ses Rois maudits sont les dignes successeurs des grands feuilletons du XIXe siècle. Un régal.
Olivier Bérenval - Le Janissaire (2020, Mnémos).
J'ai eu l'occasion de dire beaucoup de bien du précédent roman d'Olivier Bérenval, Nemrod, aussi étais-je impatient de lire son nouveau roman, Le Janissaire, qui d'ailleurs se passe dans le même univers. Un crime a été commis sur la planète Khataï, et pour résoudre l'affaire, on envoie sur ce monde reculé un janissaire: autrement dit un homme dont on a effacé le passé pour en faire une créature calculatrice, bardée d'implants en tous genre, ayant les pleins pouvoirs, et donc à même d'exécuter toute personne qui bloquerait son enquête. Un tueur, donc. Le hic, évidemment, est que rien ne va se passer comme prévu, et, suite à une rencontre avec un mouvement rebelle, le Janissaire va prendre conscience de ce qu'il est vraiment. D'amplitude plus restreinte que celle de Nemrod, l'intrigue du Janissaire s'avère classique, mais très bien menée. Elle permet d'approfondir certains éléments restés obscurs dans le roman précédent. Toutefois, Le Janissaire peut se lire de façon tout à fait indépendante, et il se lit avec plaisir.
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