Mes lectures des six derniers mois ‑ Mangas
26/09/2021
J'ai beaucoup lu, ces six derniers mois. Plus que d'ordinaire. Paradoxalement, je n'ai pas eu le temps de chroniquer ces lectures. Je n'entends pas le faire sérieusement ici – là encore faut de temps – mais je vais au moins m'efforcer d'en parler rapidement. Commençons par les mangas. Oui, je lis très peu de BD franco-belge ces dernières années, du moins peu de nouveautés: il n'y a pas grand chose qui attire mon œil, dans le domaine de la SF. En dehors de la série Orbital, on a le plus souvent droit à des scénarios convenus et à des dessins peu originaux. Le tout pour des volumes trop souvent rapides à lire. Passons.
Katsuhiro Otomo – Anthology (Kana, 2008).
Il n'y a finalement pas grand chose de traduit, de Katsuhiro Otomo. Passé Domu, Akira et Mother Sarah. Aussi la publication de ses premières œuvres en un recueil est-elle la bienvenue.
On trouvera ici dix histoires courtes, toutes relevant de la science-fiction, à la foi drôles et tragiques, et datant de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Il s'y trouve ainsi la première version de Memories, qui deviendra plus tard un magnifique dessin-animé. Le style d'Otomo est déjà bien affirmé, mais l'influence de Moebius y est particulièrement sensible.
Une excellente lecture.
Inio Asano ‑ Anthology (Kana, 2020).
Encore une anthologie, avec cette fois-ci un auteur que je ne connaissais pas le moins du monde. Mais la couverture de ce livre m'a tout de suite tapé dans l'œil. On trouvera ici treize histoires courtes. Enfin non: onze histoires courtes, dont une est déclinée en trois versions différentes. "Un homme doux" est en effet présentée trois fois, avec les mêmes images. Il s'agit là d'une rencontre romantique. La première fois, on nous la montre de l'extérieur, avec juste les dialogues. La seconde fois, elle est accompagnée des pensées de la jeune femme. La troisième fois, de celles du jeune homme. Et c'est superbe, magnifiquement bien vu. Les autres récits sont très divers: avec des histoires réalistes, d'autres relevant de la science-fiction, d'autre encore de l'absurde. Il y est beaucoup question d'altérité, de capacité à vivre ensemble. Il s'agit là pour moi d'une belle découverte, et il est clair que je vais rechercher les autres productions de cet auteur.
Kenji Tsuruta et Shinji Kajio – Rêveries d'Emanon (Ki-oon, 2020).
J'adore le travail de Kenji Tsuruta: un dessinateur rare, au trait somptueux. Sa série "Emanon", basée sur les récits de Shinji Kajio, démarrait fort bien, avec un premier volume, Souvenirs d'Emanon, qui est sans doute une des plus belles lectures que j'ai pu faire ces dernières années. Emanon est une jeune femme qui possède les souvenirs de toutes son ascendance féminine depuis l'apparition de la vie sur Terre. Un postulat vertigineux, qui était cependant mis en scène d'une façon particulièrement subtile et sensible. Le volume 2 était un peu moins fort, le trois redressait un peu la barre. Las, le quatre, tout en restant très beau, n'apporte rien à l'ensemble. Pour ce qui me concerne, j'arrêterai là.
Akane Torikai – Le siège des exilées 1/2 (Akata, 2020).
Conseillé notamment par Lucie Chenu, lors d'une discussion sur les mangas de SF féministe sur Facebook, Le Siège des exilées d'Akane Torikai se révèle effectivement une bonne lecture. Un dessin particulièrement élégant (quoi que non sans défaut: on y retrouve ces personnages involontairement borgnes typiques des mangas dessinés trop vite), propice à développer une histoire de science-fiction qui ne donne pas dans le spectaculaire, mais plutôt dans l'intimiste: nous avons affaire ici à un monde futur où les femmes constitue la majeure partie de la population, au point que les rares hommes subsistants sont devenus des curiosités. S'agit-il d'un monde meilleur? Oui... et non. Certes, la société semble apaisée, mais les différences de classes sont toujours aussi fortes. J'enchaînerai sous peu avec le tome 2.
Shinji Mito – Alma, 1 (Panini, 2021).
Enchaînons avec un nouveau venu en France: Shinji Mito. Sa série Alma se décline en quatre volumes, dont trois sont déjà parus. Je n'ai pour l'instant lu que le premier. Il s'agit là encore d'un futur lointain, post-apocalyptique. L'humanité a développé des androïdes pour son service, mais ceux-ci se sont révoltés, et la Terre a été ravagée par la lutte qui a suivi. Ray est un adolescent qui vit isolé au milieu des ruines, avec celle qu'il croit être une jeune femme. Mais quand arrivent du ciel des étrangers qui les attaquent, il se sent obligé de partir à la redécouverte du monde.
Il s'agit pour l'instant d'une histoire assez classique, avec son lot ordinaire de bagarres. Mais c'est très bien dessiné, et le récit ne manque pas de rebondissement bien venus. À suivre.
Hiroki Endo – Eden. It's an Endless World!, 1 (Panini, 2021).
Panini a eu l'excellente idée de rassembler les multiples volumes de cette série en une intégrale plus condensée: comme je manque terriblement de place, j'ai donc attendu cette opportunité pour découvrir l'œuvre d'un auteur qui est clairement un émule de Katsuhiro Otomo. Plus d'une fois à la lecture de ces pages je me suis dit que Endo pouvait être un nouveau pseudo du père d'Akira, tant les deux styles sont proches. Eden est aussi une histoire post-apocalyptique, baignant cependant dans une ambiance cyberpunk. L'humanité se relève avec peine d'une épidémie dévastatrice. Les survivants se réorganisent, mais cette organisation ne va pas sans mal, et bien souvent la loi du plus fort règne. Passionnant.
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