Richard Marsh - Les Enquêtes de Judith Lee
14/01/2015
Je sais, copinage, tout ça, j'ai été édité dans la même collection, blabla. Je m'en fiche. J'aime Rivière Blanche, et pas simplement en tant qu'auteur ou anthologiste, mais aussi et surtout en tant que lecteur.
D'autant plus qu'il y a ce projet complètement dingue de Jean-Daniel Brèque, de faire revivre le roman policier victorien (avec quelques écarts tout de même) dans sa collection "Baskerville".
Je ne suis pas très amateur de policier, mais ces Enquêtes de Judith Lee, je ne sais pourquoi, m'intriguaient.
Judith Lee a un talent encore rare pour l'époque: elle sait lire sur les lèvres des gens. Ce qui lui permet d'ailleurs de vivre, puisqu'elle fait ordinairement office de préceptrice auprès d'enfants sourds.
Mais c'est aussi une indécrottable curieuse, qui ne peut s'empêcher de saisir ce que se disent les autres dans les espaces publics. Et lorsque ces propos contreviennent à la loi ou à sa morale, elle ne peut pas plus s'empêcher d'intervenir, sûre de son bon droit.
Car Judith Lee est ce qu'on appellerait une admirable chieuse. Une casse-pied qui se mêle de ce qui ne la regarde pas, au grand détriment des truands. Certes, les nouvelles qui composent ce recueil sont toutes bâties sur le même canevas (Judith Lee surprend une conversation, laisse passer un peu de temps, puis surprend une autre conversation et décide d'intervenir, et lorsque tout va mal, Scottland Yard a la bonne idée d'intervenir au premier signe).
Mais voilà, Judith Lee, toute chieuse qu'elle est, est charmante. Vraiment charmante. Presque adorable. Misanthrope (non dans le sens qu'elle n'aime pas l'humanité, mais dans celui qu'elle n'aime pas les hommes, qu'elle considère comme des crétins), et totalement désintéressée (elle sauve des gens gratuitement, juste pour satisfaire sa propre morale), elle fait preuve parfois d'une grande naïveté mais a le don de retomber toujours sur ses pieds. Et on se prend à la suivre dans ses aventures avec un réel plaisir.
Ces enquêtes ne sont bien sûr pas un monument de littérature, mais elles détendent, et invitent régulièrement à sourire, ce qui n'est pas un moindre mal par les temps qui courent. Bref, une lecture qui fait du bien.
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