Alexandre. La Bataille de la Neva
13/02/2013
Allez, un peu de cinéma populaire russe, avec un film de 2008, Alexandre. La Bataille de la Neva (Александр. Невская битв), de Igor Kalenov. Sorti directement en DVD en 2012, il montre une fois de plus que ce que la Russie exporte encore de mieux en matière de cinéma, en dehors de ce que font les grands réalisateurs comme Sokourov, ce sont les films historiques privilégiant le Moyen Âge et portés sur l'action.
Cet Alexandre n'est pas, même si on pourrait le penser, un remake du chef d'oeuvre d'Eisenstein, Alexandre Nevski, puis que ce nouveau film se propose de montrer les premières années de règne du jeune prince de Novgorod, quelques années avant sa fameuse bataille contre les chevaliers teutoniques. Novgorod au XIIIe est la seule principauté à n'avoir pas été vaincue par les Mongols et Tatars, même si elle paie un tribut à la Horde, et cette situation lui vaut bien des soucis. Ses boyards, riches marchands, veulent s'allier aux Suédois et aux Allemands pour chasser les Tatars, au risque de devoir se convertir, tandis qu'une partie de la noblesse, incarnée par Alexandre, entend temporiser avec la Horde pour repousser d'abord les envahisseurs catholiques. Cet aspect des choses est très bien mis en valeur dans le film, et de façon claire sans être trop didactique. Ceci entraine cependant un assez fort penchant aux discours prosélytes, sur "la foi orthodoxe seule foi de nos pères", qui, à nos oreilles françaises, peut sembler parfois bien lourd. Mais passons.
Alexandre n'est pas un film sans défaut, loin de là. Il s'ouvre et se clôt sur des scènes de bataille, et ni l'une ni l'autre n'est regardable tant la caméra virevolte dans tout les sens sans nous laisser le temps de rien voir. Un choix artistique regrettable car à côté de cela la production avait fait le choix, à l'heure du numérique, de filmer l'ensemble en décors naturels et avec quelques centaines de figurant, ce qui donne à l'image un cachet de réalisme devenu de nos jours particulièrement rare.
Le jeu d'acteur, quant à lui, est plat - mais il faut dire que les personnages sont toujours à la limite de la caricature - et Anton Pampouchniy, qui incarne Alexandre, est carrément monofacial: peut-être était-il mécontent de sa paie, mais durant tout le film il nous sert le même regard sévère, la tête légèrement baissée. Tout le temps, même lors du mariage du prince.
Malgré tout, il ne s'agit pas d'un navet. On ne s'ennuie pas, on se surprend même à apprécier quelques (trop rares) plans vraiment réussis et que l'on peut qualifier de beau. Autrement dit, Alexandre. La bataille de la Neva est un petit film idéal pour les après-midi pluvieuses.
Reste maintenant - une fois de plus HELAS - à parler de la version française. Le DVD vendu en France ne comprend pas de version originale russe: il ne nous est servi que la version doublée, mal doublée d'ailleurs, par des acteurs qui n'ont pas du être payés bien cher non plus. Cette absence se justifie simplement parce qu'une fois de plus, la traduction a été faite à partir de la version anglaise, et mal faite d'ailleurs - on a le droit par moment des choses à la limite de la cohérence. Evidemment, le tâcheron qui a fait le travail ne connaissait rien au russe et encore moins à l'histoire russe. Ainsi nous sert-on dès le départ des "territoires slavons", prononcé à l'anglaise "slavonnes", sans doute pour slavonic territories, "territoires slaves". Le prénom Gavrilo devient Gravila. Mikhaïlo devient Michaïlo. La ville russe de Torjok devient Torzok, évidemment à cause de la translittération anglo-saxonne Torzhok. Autrement-dit, faisons bref: du boulot de merde. Comme d'habitude, maintenant, avec les DVD de films russes distribués en France.
2 commentaires
Yopla!
Je viens de me matter ce petit film russe, dont j'avais pu voir la scène final sur youtube et qui m'avait intrigué.
Historiquement parlant, en tant que reconstituteur "rus" XIIIeme siècle, je n'ai pas du tout eu envie d'égorger le réal, les armures, les fringues et plutôt correct (bon on passe les brassards en cuir des mecs parfois,, mais ça c'est le côté cuir cuir moustache).
Bon pour le jeu de acteur... Habituel dirais-je.
Personnellement j'ai trouvé que le film allait plutôt vite, en fait, on ne sais pas trop ce qui se passe, et la fin en tire bouchon sur la bataille laisse a désisrer.
Mais bon, je ne me suis pas ennuyé sur ce film !
Il est vrai que les productions russes récentes font de gros efforts, en général, concernant la crédibilité des costumes et décors. C'est loin d'être toujours aussi satisfaisant dans nos contrées. Enfin quand je dis "dans nos contrées"... en France nous sommes totalement incapables de produire des films de ce genre, sans prétention mais qui dépaysent et délassent.
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