John Wyndham - La Machine fantôme
12/08/2012
Cela faisait longtemps que je voulais me refrotter à un auteur classique de la SF, et quand ma main est tombée au hasard sur ce petit recueil de John Windham, paru en 1976, j'ai souri intérieurement, tout content de ma trouvaille. Hélas, le résultat n'est pas à la hauteur, car ce recueil de l'auteur d'un paquet de romans importants du genre s'avère disparate et ne mérite pas son titre original (The Best of John Wyndham). En effet, non seulement on n'a le droit qu'à une bien légère sélection (seulement sept textes), dont l'essentiel est composé d'oeuvre d'avant-guerre, lesquelles ont singulèrement mal vieilli. Ainsi, "La machine perdue" (une banale histoire de naufragé ET sur Terre, 1932), "Le Troc des mondes" (où quand nos très lointains descendants nous forceront à échanger notre monde contre le leur, 1931) et "La Perfection même" (une simple variation assumée de L'Île du docteur Moreau, 1937) s'avèrent affreusement écrite, dotée d'un humour balourd, et farcie, pour ce qui est du "Troc des mondes", de défauts logiques. Datant de cette époque, seul "Le Survivant", avec son postulat peu banal et son arrière plan social, peut être sauvé: sur Vénus, planète dotée de sa propre civilisation, il existe une vallée dont l'atmosphète a la propriété étrange de figer et conserver pour toujours tout être vivant qui y pénètre. C'est ainsi un musée en plein air de la préhistoire locale. Sauf qu'on y a trouvé un Terrien, unique en son genre.
Les histoires d'après-guerre sont tout de suite plus lisible. Sans doute l'auteur a-t-il fini par suivre le mouvement campbellien de la SF anglo-saxonne, qui a produit des oeuvres plus profondes, mieux bâties, bref, plus littéraires. "Adaptation" (1949) raconte le destin tragique d'une petite famille de pionniers sur Mars: le père travaille dur pour se faire une place, la mère est malade et ne parvient pas à s'adapter, la fille, un bébé, risque de mourir si elle reste sur Mars. On décide donc de l'envoyer sur Terre... mais le vaisseau disparaît en vol. Une nouvelle qui pourrait prêter à sourire, mais finalement poignante. "Les murs de Jéricho" (1951) reprend le postulat de "La Machine perdue", à la différence près qu'il s'agit-là d'une véritable expédition qui vient s'échouer lamentablement sur Terre. Si les ET sont dotés d'un intellect semblable au nôtre, ils ne parviennent cependant pas à nous comprendre du fait de différences physiques insurmontables... et surprennantes, pour dire vrai.
Reste le meilleur texte de l'ensemble: "Le Vide de l'espace" (1960). Assurément un petit chef-d'oeuvre. Dans un futur pas si éloigné que ça, la guerre nucléaire a éclaté en Europe et laissé de vastes zones inhabitables, les colonies spatiales ont pris leur indépendance, et de nouveaux états dominants apparaisent dans l'hémisphère sud. Un homme travaillant à la recolonisation des espaces contaminés est envoyé en vacances en Nouvelle-Calédonie, ultime coin de France vivant comme fossilisé culturellement. Là, il fait la rencontre d'un ancien spationaute qui prétend avoir perdu son âme et chercher quelqu'un qui l'aiderait à la retrouver. "Le Vide de l'espace" est un texte court, mais particulièrement riche, avec un arrière-plan solide et crédible et surtout une surprenante réflexion religieuse sur la mort. Le tout donnant un récit beau et touchant.
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