Cliff Martinez - Solaris
31/12/2010
Drôle de personnage que Cliff Martinez. D'abord batteur pour Captain Beafheart, Lydia Lunch ou les Red Hot Chili Peppers, il s'est tourné en 1989 vers la composition de musiques de films, avec la bande originale de Sexe, mensonges et vidéo, de Steven Soderbergh.
Et en 2002, il va à nouveau s'associer à Soderbergh pour composer la musique de son remake de Solaris, une BO qui ne sera publiée que deux ans plus tard.
Avec Solaris, Soderbergh s'attaquait à un très grand film d'Andreï Tarkovski, un film des années 70, dont toute l'iconographie, la symbolique, date de ces années. Soderbergh a évidemment choisi de moderniser son image: ses cosmonautes sont des années 2000. Cliff Martinez, lui, a fait le pari inverse: le film de Tarkovski était servi par la musique d'Edouard Artemiev, une des maîtres russes de la musique électronique (qui oeuvrera sur la plupart des films de Tarkovski, puis sur ceux de Nikita Mikhalkov). Martinez va donc faire le choix de sonorité qui feront très "Krautrock".
Mais il le fait d'une manière surprenante: il emploie un orchestre classique, augmenté de steel drums des Caraïbes, d'ondes Martenot et de cristal Baschet. Le tout donne une musique absolument accoustique, mais pourtant aux sonorités très électroniques, qui font singulièrement penser à la musique d'Artemiev bien sûr (essentiellement celle pour Stalker), mais aussi à Ash Ra Tempel, période Le Berceau de Cristal ou Inventions for Electric Guitar.
Le tout ne sonne pour autant pas daté: Martinez rend hommage a toute cette musique longtemps décriée ("ah! ces longs solos sopporifiques!") mais qui a pourtant largement révolutionné notre paysage sonnore. De cette musique, il garde le calme envoutant, mais aussi l'inquiétude permanente: ses musiques dégagent presque de l'angoisse. Il rend hommage, donc, et en même temps parvient à faire du neuf.
Allez, sans plus attendre, quelques exemples de cette magnifique (et trop courte) musique de film:
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